Croisement

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Réponse au défi [ Mon rêve de carrière ]

Ces quelques jours de repos m'ont fait du bien.
Le rythme est éfreiné au boulot ! Avec la rentrée des classes et le temps automnal brutal, les épidémines vont bon train et les créneaux de consultations sont remplis. Le repos est de courte durée, sûrement insuffisant quand je pense à ce qui m'attend.

J'ai profité de cette petite semaine de vacances pour flâner, rêvasser, buller. Seule, avec ma famille, quelques amis qui me permettent de me reposer.

Mais il est temps d'y retourner...
Un mot d'ordre : flemme.
Mais c'est comme ça, il faut y aller lundi !

Je me balade dans une petite rue de Sens, une ville parmi d'autres.
Nous nous y sommes posés, ma fille, mon mari et moi, chez une tante paternelle. Adorable, elle nous a chouchouté. Depuis le temps qu'elle nous dit de venir la voir.
Il fait gris, mais ça ne me dérange pas.
Ma tante a oublié de faire une course, mon mari l'y conduit, la petite avec eux.

Je décide de les attendre dans un petit bar. Comme beaucoup de bars dans ce genre de ville, il ne paye pas de mine et semble sortir tout droit des années 90.
Je rentre, il n'y a pas grand monde. Une vague odeur de tabac froid, vieille de deux décennies, flottent encore dans l'air. Un bar classique à angle trône à ma gauche, avec une caisse enregistreuse. Derrière, des bouteilles de toutes sortes et une machine à café industrielle.
Un homme, accoudé au bar, sirote son expresso, sans doute avant de reprendre la route pour je-ne-sais-où. Un autre, une cigarette éteinte au bec, fait tourner distraitement la bière dans son verre. Je me demande bien à quoi il pense.
Je vais m'assoir dans un coin, et commande un cappucino à une femme d'une cinquantaine d'années, les cheveux blonds délavés, un tablier autour de la taille.

Je le sirote, sans trop penser à rien.
Un couple entre. Ils ne font pas attention à leur environnement, tant ils sont pris dans une conversation. Ils s'assoient juste derrière moi, je ne peux pas échapper à leur conversation.
_M'enfin Karine, on peut bien trouver un moment !
Karine, une jolie rousse de mon âge, environ la trentaine donc, porte des vêtements qui me font penser qu'elle randonne souvent. Ses cheveux roux sont nattés. Elle soupire.
_Gaëtan.. tu me fatigues. On ne peut pas partir en expédition tout le temps. Tu penses aux finances ? À nos proches qu'on n'a pas vu depuis des semaines ?
_Oui, je sais.
Je sens dans ce "je sais", comme un mouvement pour balayer les remarques de la femme. Il continue :
_Mais est-ce que ce n'est pas excitant de découvrir une nouvelle zone de fouille ?
" De fouilles ? " Des archéologues ? Oohh, quelle chance... Si je n'avais pas fait médecine, l'archéologie m'aurait bien tenté.
_Mais si, bien sûr. Ça fait 10 ans maintenant Gaëtan... Toutes ces heures de fouille...
_Justement ! Toutes ces heures de fouilles !
L'intonation n'est pas du tout la même. Blasée pour elle, enthousiaste pour lui.
Ils parlent ainsi pendant plusieurs minutes, des avantages et des inconvénients de leur vie de baroudeurs, selon les demandes de l'organisme qui les emploient.
_Et si on prenait un autre associé ? propose Karine.
_Quelqu'un d'autre ? Un inconnu ?
Je ne peux empêcher mes poils se dresser.

Je bois leur parole et commence à m'imaginer dans cette vie...
Tout serait très différent. Je sens bien ce que ça apporterait en termes de découvertes, de changements réguliers, avec nécessité de bouger, d'immersion dans d'autres erres... avec son lot aussi de concession, sacrifices d'une partie de la vie sociale et familiale.

Je m'imagine, sur un terrain de fouilles, un petit pinceau à la main pour repousser le sable aggloméré depuis des siècles autour des restes d'une vie lointainte... Ahhh, ce serait chouette. Avec un chapeau à larges bordes, des instuments aux noms sans doute improbable, de petites lignes tirées entre différentes zones... Loin de tout, dans l'instant...

_D'accord, on va y réfléchir Karine.
_Merci. Bon, on commande !
C'est trop aux antipodes de ma vie aujourd'hui, cette réalité me saute au visage. Je commence à me sentir frustrée, mélange d'envie et de tristesse. Voire même, d'une pointe de colère.
C'est OK, parce que je sais que Archéologue, ce n'est pas ma vie. Peut être dans une autre, j'aime à le rêver, de temps à autre.

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