Soleil vert

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Cette impression surprenante, toujours renouvelée, si parfaite.

Une brise court à même le sol couvert d'une pelouse frémissante, si verte qu'elle semble synthétique. Quelques chênes et tilleuls en lisière laissent passer les premiers rayons du soleil et la brume s'élève pour quitter les champs de tournesols. La course de l'astre commence sa ronde universelle.

*

Tout semble si paisible.

Quelques pigeons voyageurs s'envolent dans un claquement d'ailes, sans doute dérangés par le renard aux aguets. Assis à l'orée du bois, je regarde dans la vallée, l'Yonne qui s'abandonne nonchalante entre des rives buissonnantes s'écoulant vers la petite ville voisine.

En parallèle, la route départementale et la voie ferrée entrent en concurrence pour acheminer leurs voyageurs serviles. Le passage d'une camionnette de primeurs offre un chant motorisé de frôlement sur le macadam encore humide. Dans l'autre sens, un klaxon du TER bleu perce la vallée et avertit quelques chevreuils de son arrivée. Certains volets s'ouvrent aux façades blanches de maisons isolées, en bordure de champs.

*

Chacun à son rythme.

Rien ne m'attend dans l'immédiat. Il s'agit juste pour moi d'observer, par cette fenêtre apaisante, une journée qui commence avant de reprendre le cours de ma vie. Juillet semble vraiment agréable, sans pression. À l'aide de mon smartphone, je saisis l'instant. Les clichés souvent diffèrent. La lumière, l'humidité, quelques voiles nuageuses et laiteuses sur l'océan d'un ciel bleu.

Sur le bord du chemin d'argile et de silex, des colonnes de fourmis se suivent en procession. L'air se charge des pollens qui s'envolent. Cela me gêne un peu pour respirer. Je prends une gorgée d'eau en sortant la gourde de mon sac et cela m'apaise. J'en profite pour extraire un carnet et un marqueur, je jette alors sur la page blanche quelques traits du paysage. Des mots me viennent dans l’instant.

*

Ici pas de règles.

Chaque insecte suit son chemin bourdonnant parfois poursuivi par des mésanges ou des martinets à l'œuvre. Un rapace tourne dans les courants d'altitude et balance son cri perçant pour sidérer le déplacement des mulots ou musaraignes.

Dans cette course pour la vie, chaque être peut devenir le repas d'un autre.

Inutile de demander secours.

Au loin, des marcheurs courageux s'en vont à bonne allure vers la table d'orientation située derrière le mouvement de terrain. Alors je me redresse. Voici le temps venu pour moi de repartir car un café m'attend à la maison d'hôte à plusieurs kilomètres de l'autre côté du bois. Puis après un moment de partage, sans doute se mettra-t-on en quête de souvenirs et d'écriture.

*

J'appuie sur le bouton " Mute ".

  • Fin de session ! M'annonce le Holodeck d'une voix douce et numérique.

Un chuintement annonce l'ouverture du sas.

Alors je remonte à la passerelle du Soleil vert.

=O=

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