Chapitre 1 - Révéil

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 Alyss ouvrit doucement les yeux et la première chose qu’elle vit, fut le ciel. Allongée au sol elle se demanda où elle se trouvait et ragarda autour d'elle. En premier lieu, les couleurs de ce qui constituait le firmament. Lui-même était d’un orange flamboyant tandis que certains nuages le parsemait de petites touches jaune pâle et vermillons. Ensuite, le soleil. Celui-ci était d'un magnifique rouge orangé. Tout laissait croire qu'il s'agissait d'un couché de soleil.

 Tournant doucement et prudemment la tête vers sa gauche, ce fut ce qui l'entourait qu'elle observa. Aucun lit d'hôpital. Aucun blessé. Aucune voiture. C'était une sorte de grand village qu'elle voyait, ainsi qu'une colline située au beau milieu de celui-ci, un château fait de pierres la surplombait. À sa droite se trouvait une immense montagne de couleur grise. En la regardant, elle eut soudain mal à la tête et eut un flash de son accident mais il ne faisait pas jour, contrairement à ses souvenirs. Son accident se passait au crépuscule.

 Sa douleur passa rapidement et elle en profita pour se redresser doucement. Alyss regarda ses bras, son corps, ses jambes, aucune blessure, aucune cicatrice. Mais une chose la troublait. Alyss avait trente ans et eut deux enfants mais elle n’avait aucun bas ventre rondelet d’après grossesse, touchant son visage, elle n’avait aucune marque de vieillesse, aucune trace de fatigue. Son visage avait une peau douce et légèrement élastique, il avait quelques petites imperfections au toucher mais rien d’alarmant. Tout au plus elle avait dû rajeunir de dix ou quinze ans, mais pourquoi et surtout comment ? Les religions racontent qu’au paradis on peut avoir une belle vie, en récompense pour nos bienfaits, ça sous-entendrait une renaissance quelconque ? En enfer nous devons vivre nos pires cauchemars, pourtant son adolescence avait été douce. Du moins elle le pensait. Après réflexion, elle se rendit compte qu’elle n’avait aucun souvenir de cette période de son existence. Était-elle amnésique ? Impossible, elle se souvenait de son accident. Et son corps actuel était trop âgé pour penser à une quelconque réincarnation. L'hypothèse du décès n'était donc que peu probable. Un coma peut-être ? Alyss serait piégée dans un rêve ?

 Elle eut à peine le temps de penser à cette hypothèse qu'elle entendit quelqu'un courir derrière elle. Alyss se leva et se retourna pour voir qui approchait. À sa plus grande surprise, c'était une jeune femme tout à fait charmante qui ne semblait pas s’être perdue, malgré l’endroit reculée où elle se trouvait. Elle paraissait humaine et courrait simplement vers Alyss avec un panier à son bras. Cette femme avait l'air d'avoir une trentaine d'années, sans doute devait-elle avoir l'âge d'Alyss lorsque celle-ci était en vie. Elle avait de longs cheveux bruns ondulés flottant à chacun de ses pas qui lui arrivaient en bas du dos. Elle était vêtue d'une robe assez simple de couleur caramel surmontée d'un petit col Claudine en dentelle fine avec des manches ajustées mais laissant une légère amplitude. Un tablier blanc aux bords finement dentelés, à la façon dentelle de Venise, ce qui rendait une superbe finition pour un uniforme de ce qui s’apparentait à celui d’une servante. Cette dernière s’arrêta face à Alyss et la regarda d’un air inquiet.

  • Bonjour mademoiselle, vous allez bien ? commença la jeune femme en la scrutant de la tête aux pieds.
  • Je ne sais pas vraiment… J’ai eu un accident de voiture, je me suis évanouie et au réveil je me retrouve ici, dans ce monde un peu étrange et me voilà rajeunie également ! J’avais une trentaine d’années et désormais je dirais… entre quinze et dix-sept ans.
  • Une voiture ? Il n'existe rien de tel ici, qu’est-ce donc ?
  • Comment ? Les voitures n’existent pas ? Comment expliquer… Alyss réfléchit un instant puis continua. Ce sont des morceaux de métal ou de plastique sur quatre roues et ça avance presque tout seul.
  • Un peu comme un carrosse, sauf qu’il n’y a pas d’animaux c’est ça ? demanda la jeune femme.
  • Exactement ! Au fait, excusez mon impolitesse… Je m’appelle Alyss ! Alyss… Alyss comment..? Je ne sais plus… fit-elle troublée de ne plus se souvenir de son nom de famille.
  • Vous ne vous souvenez plus de votre nom de famille ? Ce n’est pas grave, la mémoire vous reviendra peut-être ! Moi c’est Anna, ravie de vous rencontrer mademoiselle ! dit-elle en faisant une subtile révérence, fléchissant légèrement les genoux.
  • Peut-être pourriez-vous m’aider ? J’aimerais savoir où je suis. Comme dit plus tôt, j’ai eu un grave accident et je me suis réveillée ici, suis-je au royaume des morts ? Ou peut-être dans le coma ? demanda Alyss, espérant avoir enfin une réponse.
  • Mais non vous n’êtes pas morte mademoiselle Alyss, vous vous trouvez à Elementa, un monde où règne la magie élémentaire selon votre naissance. Mais venez, je ne vais pas vous laisser dehors, je vais vous indiquer un endroit où coucher autant de temps que vous le souhaiterez !

 Alyss était très gênée mais Anna insista et lui fit signe de la suivre. Sur le chemin, elle lui fit une petite visite de la ville ainsi qu’une présentation assez brève de ce monde, des points importants de sa géographie notamment. À Elementa, il existait trois royaumes : Fearth, celui où elles se trouvaient, le royaume du feu et de la terre. En effet, au loin Alyss pouvait apercevoir quelques montagnes plus ou moins élevées et dépourvues de neige. Une légère lumière rouge émanait de certaines et elle pouvait voir quelques roches noires formant un chemin, sans doute de la lave volcanique qui aurait séché. Toutes les maisons étaient faites de pierres, un matériau étrange pour des bâtiments sur une île volcanique étant donné qu’il conduisait très bien la chaleur et la retenait. Il existait également le royaume de Winwa, celui de l’eau et du vent et enfin, le royaume de Forst, celui de la glace.

 Cela faisait déjà beaucoup d’informations. Des royaumes, de la magie élémentaire, ce nouveau monde nommé “Elementa”, rien ne se rapportait à ce qu’Alyss connaissait déjà. Et pourtant elle avait une drôle de sensation familière qu’elle ne savait expliquer. Essayant d'assimiler tout ça, elle vit une ombre passer et leva la tête. Un dragon ? Un grand dragon blanc passait dans le ciel. Il était assez gros, avait de grandes ailes épaisses et semblait doté de poils. Elle regarda Anna, incrédule qui ne semblait pas étonnée mais plutôt intriguée. Cette dernière se baissa, toucha le sol et un morceau de roche se décrocha et s’éleva doucement dans les airs, sans doute ne voulait-elle pas le blesser mais lui barrer la route. Le cri d’un homme résonna, ce qui leur fit comprendre que le dragon était monté. Un éclat lumineux ricocha sur le rocher et fonça droit sur Anna. Alyss poussa la servante pour la protéger, ce qui fit tomber cette dernière, puis se prit cet éclat dans la cuisse, ce qui la fit tomber et crier.

 Lorsqu’elle posa son regard sur l’origine de sa douleur, elle vit un éclat de glace planté dans sa cuisse, du sang sortait de la plaie. Anna se releva rapidement et regarda au-dessus d’elles, le dragon était déjà parti, il ne s’était même pas arrêté. Elle couru vers Alyss et paniqua en voyant l’éclat.

  • Mademoiselle vous avez mal à quel point ? demanda Anna.
  • J’ai très très mal… C’est horriblement douloureux… Il a touché mon muscle, je ne peux pas me lever !

 Des bruits de pas se firent entendre, une personne qui courait. Alyss et Anna regardèrent d’où ça venait, c’était un homme qui les rejoignit. Un homme grand, élancé, avec des cheveux en batail de couleur rougeâtre et s’éclaircissant sur les pointes. Il avait des yeux d'un vert profond, Alyss aurait pu les comparer à des émeraudes, le teint pâle. Il ne paraissait pas plus musclé qu’un autre. Mais en le voyant, Alyss ressentait quelque chose concernant cette personne. Quelque chose d’indescriptible, comme si elle le connaissait déjà.

  • Mademoiselle, vous avez l’air de souffrir… Laissez-moi vous prodiguer les premiers soins. Cela faisait longtemps, n’est-ce pas ? dit l’homme en s’accroupissant.
  • Excusez-moi mais… Nous nous connaissons monsieur ? demanda Alyss.
  • Je vous présente mademoiselle Alyss, elle ne se souvient pas très bien de son passé, dit Anna en insistant un peu. Et mademoiselle, je vous présen-
  • Je me nomme Edward Warlies, je suis un majordome du roi. Excusez-moi mais je vous ai confondu avec quelqu’un d’autre…

 Alyss ne dit rien de plus et regarda Edward faire. Il prit le bout de ses manches et les arracha d’un coup sec l’une après l’autre. Il retira l’éclat de glace et mit une des manches dans la plaie pour éponger le sang. Il appuya un peu et enroula l’autre manche autour de la cuisse d’Alyss en la serrant un peu pour qu’elle saigne le moins possible et que l’autre manche reste bien en place. Alyss hurlait de douleur mais comme ça, elle saignerait moins, elle le savait. C’était un mal pour un bien.

 Edward plia délicatement les genoux d’Alyss, passa une main sous ses jambes, l’autre sous ses aisselles et la porta comme une princesse en veillant à lui faire le moins mal possible. Il dit à Anna qu’il fallait l’emmener au château au plus vite pour la soigner. Sur le chemin, Alyss réfléchit. Pourquoi cet Edward avait dit que ça faisait longtemps ? Elle ne connaissait pas ce monde, elle ne savait même pas si elle était morte ou dans le coma ! Cet accident de voiture… Sa famille… Ses animaux tout lui manquait. Elle s’en souvenait si clairement qu’elle ne voulait pas croire que tout cela était réel. La seule explication était qu’Alyss faisait un rêve lucide. Sans doute plongée dans un coma profond suite à un traumatisme crânien. Elle ferma les yeux et essaya de se concentrer pour entendre le moindre bruit de machine, ou le moindre mot venant de ses proches mais rien… Elle n’entendit rien si ce n’est le bruit de pierres contre de la terre meuble.

 Alyss rouvrit les yeux et vit une immense porte de pierre ouverte. C’était celle du château qu’elle avait vu un peu plus tôt. Ils entrèrent tous les trois, la porte se referma et Alyss observa l’intérieur. Malgré un extérieur en pierre, l’intérieur était joliment décoré grâce à de la terre meuble sculptée. Les meubles et babioles étaient somptueux, faits dans différentes pierres. Les meubles comme des tables, des vitrines, des chaises et plusieurs autres sont faits en pierre volcanique, chose assez courante au vu des quelques volcans se trouvant dans les alentours. Il y avait quelques objets décoratifs, comme des vases, des figurines, des statuettes, et d'autres babioles, faits de pierres précieuses. Des saphirs, des grenats, des zircons rouges autrement appelés hyacinthe.

 Edward avait l’air de parfaitement savoir où il allait. Il entra dans une pièce décorée de blancs, sans doute un mélange entre la terre meuble et une pierre blanche broyée. Dans cette pièce se trouvaient des lits, des meubles de rangement, et quelques personnes vêtues de blanc, hommes et femmes. Une robe blanche ou un t-shirt et un pantalon blancs, un tablier blanc, des chaussures blanches, une couleur bien voyante et très étonnante dans un monde où le sol et les murs sont faits de terre. Edward posa Alyss sur un lit délicatement en essayant de ne pas trop lui faire mal, sous le regard empathique d’Anna, mais ça ne manqua pas. Alyss grimaça et gémit de douleur en tenant sa cuisse. La douleur était telle qu’elle coupa légèrement sa respiration. Edward grimaça et prit à part une des demoiselles se trouvant dans la pièce. La femme en question arriva vers Alyss et se présenta.Bonjour mademoiselle !

  • Je suis médecin et vous êtes ici dans l’infirmerie du château. Monsieur Warlies est parti chercher sa seigneurie. Je vais regarder votre plaie et vous prodiguer des soins si vous me le permettez ?
  • Bonjour, je vous laisse faire tant que je souffre moins.

 Anna prit la main d’Alyss et regarda la femme médecin faire. Celle-ci retira la première manche qui faisait pression et voyant la profondeur de la blessure, elle prit un morceau de caoutchouc et le donna à Alyss en lui expliquant que ça l’empêchera de se faire mal. Elle le mit dans la bouche, entre ses dents et le médecin retira doucement la manche en boule qui était dans la plaie pour tenter de sauver le sang. Aussitôt retiré, le médecin alla chercher ses outils et ses produits. En revenant, elle vit le morceau de muscle ouvert se refermer, les vaisseaux sanguins se cristallisèrent pour se relier et le sang cessa de couler. Les nombreuses fibres de peau manquantes se formèrent mais dans une couleur blanche, immaculée, de la profondeur de la plaie jusqu’à la dernière couche de peau, faisant ressortir le sang se trouvant dans sa cuisse. Le médecin essuya le liquide rouge qui coulait désormais sur sa cuisse en étant stupéfaite. L’image d’un flocon blanc se forma sur la cuisse, comme si les veines qui s’étaient reliées avaient blanchi. Le médecin, Anna et Alyss restaient incrédules. Des bruits de pas se firent entendre tandis que personne ne comprenait ce qu’il venait de se passer.

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