Par ici la sortie !
Alors, on l’a cherchée encore et encore, cette sortie de secours, cette porte vers un monde sans haine, sans violence, sans souffrance... Il a bien fallu nous rendre à l’évidence : la lumière qui nous avait guidé jusque devant le mur, n’était qu’un leurre. Notre errance dans la noirceur ne serait qu’un calvaire infini ?
Pourquoi sommes-nous traités comme de vulgaires rats de laboratoire ? Qui donc peut jouir de nous avoir piégés dans ce jeu cruel ? Quelle entité sadique s’amuse de notre désespoir ? Quelques personnes autour de moi font demi-tour. Elles se frayent péniblement un chemin à travers la foule de nos semblables, rivière absurde roulant vers une lueur illusoire. Je ne réfléchis plus, j’empoigne mes quelques affaires et je tourne les talons.
Je sais d’instinct que notre progression sera semée d’embûches, de pièges à loups, de chausse-trappes. Nous n’allons pas vers la clarté ni vers la douceur... Mais nous allons ! Nous ne sommes que quelques-uns, refusant de marcher à sens unique vers l’apocalypse, mais d’autres, bientôt vont nous rejoindre. Eux aussi, déjà ne croient plus ceux qui leur parlent de révélation. Ils ne croient plus ! Ni à Diable, ni à Dieu, et moi, je vais avec eux. Mes yeux commencent à s’habituer à l’obscurité.
Tout en marchant, comme mes camarades, je m’interroge sur le sens de notre retour en arrière. Nous n’avons pas de but, ni de guide... Mais nous avons un sérieux avantage sur ceux que nous croisons : nous savons d’où nous venons ! Nous savons ce qu’il ne faudra pas faire. Nous savons ce qu’il ne faudra pas refaire !
Nous devrons réapprendre à faire du feu, à repousser la nuit et ses démons, à écouter le silence et les grognements des bêtes sauvages. Alertées par notre odeur, elles tourneront sans cesse autour de nous... Il nous faudra compter les uns sur les autres. Poussé par cette idée, mon esprit soudain se fait plus léger, je sens ma fatigue s’envoler, je suis pressé d’être confronté à moi-même ! Allons, en route !

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