La vraie présidente.

21 minutes de lecture

En tant que président de la France, je me dois d’avoir ce qu'il y a de mieux en matière de sécurité et autant dire que récemment, ce n’était pas aux rendez-vous. En me baladant dans les jardins en compagnie de la première dame et de mes gardes, on m'a tirée dessus au fusil de paintball. Heureusement, il n’y avait pas de caméras et pas trop de témoins , j’ai pu cacher cet incident fâcheux comme on met la poussière sous le tapis.

Une semaine plus tard, j’ai eu le droit à une tomate en plein visage en visitant une rue de paris ; inacceptable, car les gens on était trié au préalable pour s’approcher. Sans parler du fait que quelqu’un a crevé le pneu de la voiture censé me transporter lors d’une visite à Versailles.

D’autres faits similaires se produisent depuis. Cela fait trois mois et maintenant c’est mon ordinateur qui me fait des siennes ! je vais pour appeler la secrétaire, mais la ligne ne réponds pas ; moi qui voulais travailler sur un dossier jusqu’au soir pour une fois.

Que ?! Coupure de courant maintenant ?! Ça se rallume ?! C’est étrange…

Là-bas, près de la fenêtre, c’est obscur. La lune que j’entrevois laisse ces rayons éclairer un peu cette pénombre. Il y a quelqu’un ? J’ai cru voir bouger. Non, impossible.

Maudite lumière, elle disjoncte encore ! Cette fois c’est la moitié de la pièce qui est dans le noir , celle où je ne suis pas. Non, il y a vraiment quelqu’un !

- Qui est là !?

- Enfin, vous m’avez remarqué.

Une main noire et métallique se pose sur mon bureau ; un bras parcouru de lumières bleutées qui remonte tel un flux nerveux jusqu’au cou.

- J’appelle la sécurité !

- Faite donc, mais ni vos agents ni la garde républicaine peut vous aidez.

Elle… son visage ; ce corps…

- L’Ombre Bleutée !?

- Et maintenant, j’existe de par ce nom, fabuleux.

Une terrible femme que je croyais être de l’ordre d’une légende urbaine, du moins, une personne que l’on entoure de mystère comme dans un roman, mais là tout est vrai. Une fiction qui est réalité , la tordant simplement par sa présence ; non, on me fait une blague, comment…

- Regardez votre écran.

- Et pourquoi ?

- Il suffit de le faire et vous verrez.

Une page web et…

- Impossible !

- Et pourtant. Que voyez-vous ?

- Je ne vous le dirai pas !

Moqueuse et vicieuse, son autre main s’agrippe à l’écran et pointe le gros titre de l’article.

- Des secrets ; vos secrets.

Du haut de son arrogance et de son ton condescendant , elle jubile . Alors je me redresse et m’impose.

- Vous en êtes l’autrice !? Je vais vous faire payer pour ça et…

- Attention à vos mots.

Une lame siffle jusqu’à ma gorge dans un silence assourdissant, personne pour être entre elle et moi.

- Assis.

Et me voilà otage. Que faire ? Négocier peut-être.

- On peut trouver un arrangement…

- Après le coq, vous me faites la poule mouillée. C’est un peu à l’image de votre gouvernance. Maintenant, assis.

Saleté.

- Bon vous voulez quoi ? De l’argent ?

Une gifle.

- Aie !

- Du respect pour commencer. Je ne suis pas un terroriste, malfaiteur ou politicien achetable avec quelques crédits.

- Alors quoi ?

Elle se penche vers moi tout en rangeant son épée. Intensément , elle soutient mon regard avec un feu dans la pupille que je n’ai jamais vue. Mais qu’est-ce que je raconte ?! C’est juste une femme !

- Je veux le titre de président de la France .

- Vous vous foutez de moi !? Après ce que vous avez fait !? De toute manière c’est impossible !

- L’article que vous visualiser n’a pas était publié. Il est mis de côté dans les cas où vous désobéissiez ou tentiez quoi se soit contre moi.

- Mais là encore je ne peux vous donner mon statut !

- Ce n’est pas votre statut. Vous n'êtes qu’un énième homme ayant était embauché par le peuple français a cette haute fonction pour une période détermine. Il appartient donc à nous tous, mais certainement pas à vous. Et ce que je veux c’est que vous honoriez votre contrat.

- Je n’ai pas l’obligation de…

- Je m’en cogne complètement du juridique et de vos excuses. L’espoir d’une vie meilleur est ce qui motive chacun et chacune lors du vote ; vous nous avez fait tant de mal. On réclame désespérément, parfois en criant et parfois en frappant , vous nous ignorez, vous nous méprisez. Alors, j’exige, de la manière que vous nous avez imposé votre politique, avec le maximum de pression, que vous m’obéissiez sans broncher, sinon, gare aux représailles.

- Non, mais…

Gifle.

-J…

Gifle, pas un mot ne peut sortir, pas une lettre, pas un son et je ne peux même pas lever le doigt. C’est tout juste si je peux respirer.

- Trois minutes de petit baffent pour que ça rentre ; estimez-vous heureux , ce n’est pas une matraque. Oh et puis tient, une autre pour l’engourdissement de mon poignet.

- Non ! Par pitié ! j’ai compris ! je ferais ce que vous me demandez.

Je… tremble ? Oh merde je tremble.

- Voilà, la peur ; vous sentez l’anxiété monter ? Une sensation enivrante n’est-ce pas ? C’est exactement ce que vous avez.

- ça va ! Inutile de me moraliser, donneuse de leçons !

Oh putain ! celle-là était plus forte que les autres !

- Cette fois c’est la gauche. Et si je me fais une entorse à celui-là, j’userai du premier meuble qui vient à porter et le briserai sur votre dos. C’est assez clair pour vous ?

- Oui, du respect ! Pas la peine d’en arriver là !

- Bien.

Elle prend un siège et s’assois confortablement, les cuisses croisées. Pétasse.

- Dès lors que je vous demande de passer, de modifier ou de vous opposer à une loi, vous le ferez et…

Son doigt pointe dans ma direction comme si j’avais la réponse.

- sans broncher ?

- Exactement, bravo, vous avez passé l’examen du pion.

Mais c’est qu’elle applaudit en gloussant cette salope !

- Vous vous fourvoyez , je vous rappelle qu’il y a tout un tas de de procédure et de gens qui…

- Ne me prenez pas pour une ignare. Entre les lois telles que 49.3 qui font sauter vos procédures et les membres qui sous mon contrôle. J’ai tout ce qu'il me faut.

- Vous… pardon ?

- Eh oui. D’ailleurs, sachez que dans le cas où vous vous faites limoger, vous serez remplacé par un autre pion. Ne me dites pas que vous avez cru être le seul ?

- Et bien… si.

- Alors encore une fois , laissez-moi vous révéler l’ampleur de votre problématique ; elle est d’ordre national . Je contrôle l’information et ceux qui la détiennent , surtout ceux au courant de vos secrets. Je vous déconseille de me demander comment, mes méthodes sont très déplaisantes à décrire alors à entendre...

À ce point-là ? J’essaye d’interpréter son attitude et tout ce qu’elle m’évoque, c'est un cimetière lugubre et austère. Pourtant il y a une certaine joie avec ces rires et ces poses effrontée. Nul doute, cette personne est dans un rôle, mais lequel des deux est sa vraie personnalité ? La pierre tombale ou le soleil effronté ?

- Vos opposants, vos alliées ainsi que tout l’éventail politique, je l’ai tient avec une poigne de fer. Pour simplifier , vous n‘avez aucune porte de sortie. Et si vous tentiez d’en emprunter une…

Sa main, proche de mon visage, se ferme, une serre d’acier d’obsidienne dont j’imagine que trop bien qu’elle a déjà servie pour étreindre des gens jusqu’à la mort. Malheur à mon imaginaire, je visualise une stèle, la mienne ; elle m’écrase.

- Vous trouverez cette même poigne qui vous saisira et vous ramènera auprès de moi. La punition ? Elle dépendra entièrement de mon humeur du moment. Et je suis très souvent de mauvais poil.

Plus longs que certain de mes discours, mais impossible de l’interpréter autrement que par des mises en garde. Sur ces mots elle ajoute, comme si ça ne suffisait pas.

- De plus, je vous vois même quand je ne suis pas là. Doit je continuer ?

Froide, comme l’air ambiant ; je grelotte . Misère ,

- Vos dents claquent, c’est donc un oui. Bien , je vous recontacterai prochainement.

- Et comment ?

- Tout message de quelque nature que ce soit portant mon pseudonyme et un ordre émanant de moi. Je vous conseille aussi de prier pour que l’on ne se revoie pas en personne. Bonne soirée, Monsieur le Président.

Les plombs sautent, elle a disparu. Je ressens encore pourtant cette sensation, un enlacement glacial qui enserre mon cœur et engourdit mes jambes. Un mois passe sans lumière suffisante pour éloigner ces ténèbres, jusqu’à ce qu’un jeune homme de mon parti arrive dans mon bureau.

- Bonjour monsieur le président ; nous avions rendez-vous comme convenu.

- Bonjour Lucas ; oui , vous m’aviez parlé d’un projet de sécurité, quel était ce dernier déjà ?

Il pose un dossier épais comme une bible.

- Voici les crimes et infraction dont nous la suspectons avoir était commis par l’ombre bleutée. Je demande une enquête, la lettre officielle attestant de cette volonté est en première page signée par le ministre de l’Intérieur.

Une intéressante idée. Je consulte , Mmmm… ça ne va pas le faire. L’Ombre Bleutée ne va pas apprécier.

- De là à demander au service de renseignement d’intervenir contre une citoyenne française.

- Supposer française. Nous pouvons toujours recruter des personnes dans le privé pour en attester. Ensuite nous pourrons la poursuivre en justice si française, ou bien l’arrêter comme mercenaire d’un pays étranger. De cette manière, nous n’aurons pas à utiliser directement les ressources publiques ; sauf l’argent bien sûr.

Ça me donne des idées

- Nous pourrions même faire mieux et élargir la mission en cherchant des complices .

- Exactement monsieur le président ! J’ai suggéré ça à la page deux , approuver encore une fois par le ministre de l’Intérieur et même celui de l’industrie. Possiblement des sociétés pourraient être impliquées.

Voilà qui relâche toute la tension que j’avais dans le dos.

-Excellent. J’approuve cela. Il me faut une liste de noms, des agents conseiller par nos services de renseignement.

- Si vous voulez , je me charge de vous les communiquer ? J’ai quelques contacts au sein de nos services.

- Fabuleux ! Pourquoi diable je ne vous ai pas fait ministre de l’Intérieur ?

- Vous me flattez Monsieur le Président. Je vais de ce pat m’atteler à la tâche.

Ainsi , il me donne une longue liste de nom le surlendemain longue comme mon bras et j’ai choisi un nom. Un détective privée et ancien agent qui a travaillé dans DGSE et la DGSI avec de nombreuses décorations.

Oui, l’homme parfait.

Trois mois passent sans trop d’encombres même avec cette épée au-dessus de ma tête ; l’enquête ? Mis à part des rapports me signifiant que telle personne ou telle entreprise n’est pas complice, rien. Il y a même une personne du fisc qui collabore. J’imagine que c’est pour des questions d’argent et de provenance. Vue l’importance de certaines manufacture et société ça du demandez des efforts de lecture et calcule comptable considérable, et moi ça me barbe ce genre de chose, mais je dois au moins lire pour me faire un avis.

MC-exosquelette étant la dernière de la pile, c’est avec joie que je l’ouvre, je comprends qu’une chose ; rien de suspect. Cette entreprise récente n’a pour l’instant pas beaucoup de revenues et teste beaucoup de prototypes qui font déjà saliver nos généraux…

Il me bassine à longueur de temps sur des augmentations de budget, que ce serait bien que nos homme et femme puissent avoir ces sortes d’exosquelettes pour supporter leur équipement et soulager leur dos. Honnêtement , je m’en fiche. Mais je dois faire mine de m’y intéresser et de dire que j’étudierai la question.

Ça ne se fera jamais, car j’ai d’autres projets plus lucratifs et urgents que leur petite courbature dorsale . Qu’ils mettent un peu de crème et ça passera.

Bling ?

Un message sur mon téléphone. Oh non… c’est l’Ombre Bleutée. Je tremble déjà comme une feuille ; garde le contrôle.

- Venez me voir, seul, sous pont neuf , en suivant l’itinéraire pour votre sécurité. Soyez habillée pour ne pas être reconnu.

Quelle garce de me faire sortir de nuit dans ce froid ! Putain de merde ! Je déteste l’hiver ! Elle me fait faire quarante minutes à pied et me redirige vers la vedette du pont neuf.

Il y a un bateau noir aux vitres opaques avec un garde à l’entrer. Bling. je dois y monter. L’intérieur est luxueux, un bar et devant ce dernier, mon maître chanteur assis sur un fauteuil en cuir foncé dés plus confortables.

- Du vin ?

- Pourquoi pas. Tant qu’il n’y a pas de poison.

Je m’assois en face d’elle et elle me sert exactement le genre de vin que j’aime , rouge et de bourgogne. Elle fait de même avec son vers et le bois devant moi, sa bouche et à peine visible, comme cacher par l’obscurité.

- Décidément, je préfère le blanc et le rosée .

- C’est que vous ne savez pas l’apprécier. Le goût fruité de celui-là ressort beaucoup épicé et boisé comme je les aime. Pas trop acide. Et une pointe de saveur, disons… fleurit. Il faut prendre son temps. Voyez-vous ?

- Monsieur a des papilles d’œnologue. Surprenant.

- N’exagérons rien, je suis sûr qu’ils me dépassent dans ce domaine. Sinon, nous n’aurions pas des vins d’excellence à déguster.

- Et étonnamment modeste.

J’ai cru entendre une tonalité ironique.

- Je vous ressers ?

- S’il vous plaît.

Une fois terminée , elle me laisse finir cette merveille.

- Bien , maintenant passons aux choses sérieuses.

Sans attendre, elle retire verres et bouteille de la table pour les mettre sur le comptoir du bar puis se retourne en me lançant un regard courroucé.

- C’est quoi ce bordel ?

- Ce bordel ?

- L’enquête.

Alors là je suis mal ; elle sait !

- Vous ne feignez même pas l’ignorance dans votre étonnement.

Sans la moindre once d’agacement dans ces gestes lents, elle se rassoit, détendue comme si au final , tout ceci ne l’atteint pas.

- Allons-nous avoir une discussion honnête ?

- Ce n’est pas ce que vous croyez.

Elle inspire grandement, les poings fermés qu’elle joint, les coudes appuient sur les accoudoirs.

- Ce n’est pas ce que je crois ? Allez-y, sortez-moi votre meilleure excuse, sinon...

- Ont enquêté sur des entreprises et…

Paume ouverte vive qui me coupe ; elle tremble , se referme, se calme et reprend la posture décontractée.

- J’ai…

Inspiration très profonde et bruyante.

- Une furieuse envie de vous exploser la tête en la faisant traverser le plancher comme un clou.

- Je…

- La ferme.

Dit-elle sèchement. C’est une bombe prête à exploser.

- Je vous laisse une chance, par ce que je suis de bonne humeur, pour une fois .

- J’imagine que je dois m’estimer heureux.

- N’abusez pas non plus de l’irone.

Réfléchit, aucune idée ne me vient à l'esprit sauf seule une question ; non surtout pas ! Mais je n’ai que ça pour faire diversion. Peut-être qu’il y a moyen. Après tous, pourquoi préserver cette expression de quiétude alors que clairement, ça la dérange ?

- Pourquoi mon enquête vous gêne-t-elle ? Des entreprises et quelques personnes par-ci par-là.

- Là, vous insultez mon intelligence .

- ça n’a pas abouti. À moins que mon agent fût sur quelque chose.

- Notre agent vous voulez dire ?

Elle ne va pas recommencer ?

-S’il vous plaît , épargnez-moi votre monologue sur le fait que je ne suis qu’un fonctionnaire embaucher en CDD et que je suis au service de mes employeurs, ou un truc du genre.

- Voilà qui m’apaise un peu, mais pas assez. Quant à notre agent, ses résultats son parlant, il n’a rien trouvé et n’avais aucune piste. Non, en vérité ce qui me dérange c’est l’intention. Honnêtement, ces données sur Dassault , Airbus, Safran et co m’indiffère ; enfaite pas vraiment, ça m’en a fait rentrer des nouvelles, mais ce n'est pas le sujet.

Elle a omis des détails qui sont loin d’être anodins.

- Et les témoins de vos passages ?

- C’était logique, mais il n’a pas fallu attendre cette enquête pour qu’il soit dérangé.

- Je le sens, vous ne voulez pas en parler.

- De quoi au juste ? Qu’ils m’aient vue ? Ça n’a aucun sens.

- Au contraire, ça a du sens. Ils savent des choses.

- Mon but et je vous l’ai déjà signifié, c'est de rendre la vie des gens meilleurs, ça pour moi , ça a du sens ; contrairement à ce pinaillage sur le faite que des témoins sauraient supposément des choses compromettantes à mon sujet. Mon pouvoir de persuasion est tel que de toute manière, il ne parlerait pas, même à demi-mot. Donc ça ne nous fait pas avancer. D’ailleurs…

Un petit instant qu’elle prend pour se réfléchir et se repositionner sur son support.

Il faudra mettre en place des semaines de quatre jours de travail au lieu de cinq en trente heures et augmenter les budgets de tous les services publics, sauf ceux de l’Élysée, de Matignon, et des ministères bien sûr.

- Vous n’êtes pas sérieuse ?

Son membre va chercher quelque chose derrière le fauteuil, l’ombre bleutée se dresse et déploie l’objet qui émet un bruit d’acier qui claque ; une matraque ?!

- Tendez votre bras et voyez si je suis sérieuse.

- Je refuse !

- Vous avez deux choix. Une possiblement très douloureuse ou une éventuellement très douloureuse. Laquelle vous choisissez ?

- Euh…

Elle me saisit brutalement m’obligeant à me mettre debout et cogne ; crack ! J’hurle ma douleur , l’os est brisé !

- Aaah ! Pourquoi tant de haine ?! Espèce de folle furieuse !

Elle resserre ces griffes !

Aaah ! J’ai mal ! Putain de merde !

- Folle furieuse ; quelle mauvaise idée de traiter une femme de la sorte. Quant à la situation présente, j’aimerai votre opinion…

Sa re-craque ! C’est quoi cette poigne inhumaine !

- Ah !

- À votre avis, combien de temps peut supporter un être humain la souffrance ?

- Je ne sais pas ! Bo-bordel ! cessez !

- Combien de temps un corps peut s’user avant d’avoir des séquelles irréversibles ? J’imagine que vous n’en savez rien non plus. Alors, imaginez des années ainsi, lentement…

Sa serre, sa serre, sa serre !

- Et surement, La santé qui se dégrade.

Je suis jeté au sol , son pied écrase ma gorge et je ne peux rien y faire ! Elle va me tuer !

- L’angoisse sous-jacente qui se révèle dans un pic émotionnel avec l’horrible perceptive d’un futur au mieux incertain et au pire, une vision de souffrance éternelle et infernale causée par des individus adepte des pratiques totalitaires. Ce sentiment persistant d’être continuellement écrasé par les plus puissants qui vous méprisent et traitent comme un moins que rien ignorant, à défaut de vous désigner comme un complotiste réfractaire au changement et au soi-disant progrès. Ressentez-vous cela ?

Impossible de répondre, le sang n’arrive plus à la tête , j’étouffe !

- Oh oui et pleinement qui plus est.

Enfin ! Elle relâche la pression !

- Salope ! Ordure ! Conasse !

Sa seule réponse est un gloussement insolent.

- Voilà, maintenant vous savez ce que l’on ressent à votre égard, Monsieur le Président.

- Je m’en contre fiche !

- C’est pourtant cette haine qui fait ce que je suis. D’ailleurs il y a trois insultes qui sont sorties de votre bouche, dois-je compter en lettre, en syllabe ou en mots pour la punition ?

- Mo…

- Lettre ; trop lents. Ça vous apprendra à produire des pensées plus rapides. C’est parti pour une session de gifles.

Son bras vengeur, le gauche, s’arme.

- Par pitié ! Je souffre déjà trop !

- Vous n’en avez jamais eu, alors, pourquoi moi devrais-je ?

- Le par…

- Toujours trop lent.

Et je compris , ça ne le serait jamais assez. Elle désire qu’une chose, me punir. Je fonds en larme ; elle reste indifférente. Je suis battu comme un chien frapper par son maître. Tout n’est que douleur ou sensation ferrugineuse de ma bouche. Je vomis tout le contenu de mon estomac ; une excuse de plus pour me cogner.

- Quel gâchis, un si bon vin sur mes pieds.

Quand elle s’arrête, je louange le ciel de ne pas être mort.

- Ai-je bien entendu un murmure ? Merci Seigneur. Appelez-moi plutôt Dame Absolue.

Je n’ai plus la force de résister , j’acquiesce à cette stupidité .

- Répondez, tous de suite, mon brave serviteur.

- Oui, Dame Absolue…

- C’est bien. Maintenant vous allez ramper dehors ; une ambulance va vous chercher et ainsi nous allons créer un grand miracle.

Boiteux, le pat nonchalant et maladroit, je me dirige vers les lumières… bleues… des gyrophares de secours. J’ai un grand mal à respirer, bruyant, accablé d’ecchymose ; je m’effondre.

À mon réveil, je suis dans un hôpital, soignée et choyer, mais on me dévisage perpétuellement ; le même regard que mon maître chanteur. La nouvelle tombe le jour même et un miracle comme prévu se produit. Les diverses parties n’exploitent pas l’évènement, préférant me souhaiter un bon rétablissement.

À mon arrivée à l’Élysée en béquille, tout le monde me salut, il en va de même lors de ma visite à Matignon. Je propose des mesures de restriction budgétaire pour nos postes, la destruction de nos avantages d’élue et personne ne s’y oppose. Il est là son miracle.

Après mon rétablissement, elle exige ma venue dans l’avion présidentiel, un Airbus A330-200, avec cette fois mes gardes du corps, mais sans la presse. Je prétexte une visite en Afrique. L’excuse pour l’interdiction de la venue de journaliste ? Ma paranoïa ; une demi-vérité.

Il y a que des gens que je ne connais pas dans des sortes d’armures de métal noircies munies de heaume arrondi et à la visière anguleuse très opaque ; on dirait une tentative de mêler l'esthétisme des casques médiévaux et de celui des motos dans leur version intégrale.

Je m’installe dans la cabine accompagnateur, la plus grande et attends que l’avion décolle. Une fois arracher loin de la terre , deux de ces étrangers m’ordonnent de me lever, mes agents de sécurité n’y trouvent rien à redire. Je suspecte qu’ils soient de mèche avec elle.

C’est dans le bureau qu’elle m’attendait avec les mêmes bouteilles que la dernière fois.

- Si c’est pour me les faire régurgiter, non merci.

Les deux pseudo-gardes blindés me laissent avec elle en refermant la porte, toujours avec encore ces jambes croisées et cette expression moqueuse.

- Allons, mon cher pion, je n’ai pas l’intention de vous faire du mal, sauf si vous m’en donnez l’excuse. Buvez donc celui-là, je suis persuadé qu'il saura ravir vos papilles.

C'est dans sa serre d’ébène qu'elle me tend un vin écarlate qui me rappelle que trop bien sa brutalité sanguinaire .

- Je n’ai pas envie de boire.

-Oh… c’est un non.

Le verre est posé juste à côté du téléphone sur sa gauche.

- Si j’étais suspicieuse, je serai vexé.

Je m’assois dans le canapé sans cérémonie

- S’il vous plaît , allons droit au but.

Ces mains se rejoignent, ces pouces tournoient un instant, puis elle pose le tout à plat sur la table au bois verni.

- Très bien, mon but est d’infiltrer toutes les bases sur le sol africain et d’orient. Pour ce faire , vous devez maintenir la présence française à tout prix dans ces zones. Ça va me servir de point d’accès à mes agents.

- On ne va quand même pas entrer en guerre pour…

- Je rentre en guerre ; pas vous. Vous me donnez un accès libre aux infrastructures de l’armée le temps que je consolide les miennes et la France aura dans l’avenir un allié puissant, officieusement.

- ça va beaucoup trop loin.

Toc, toc, toc, tapote son index et dans le même ton.

- Ça va bien se passer, faites juste ce que je dis.

Je soupire longuement…

- Dans quoi vous allez nous embarquer.

- Une fabuleuse aventure.

- Un suicide collectif plus tôt.

- Amusant venant de vous qui êtes seul sans la moindre aide.

- J’ai mes… non, me dis pas que vous avez aussi…

- Oui ; tout le monde travaille pour moi. Vous êtes bien entourée, n’est-ce pas ?

Son menton se redresse, elle me prend de Très-Haut comme pour souligner, encore, sa supériorité ; pas de rire, mais je sens qu’elle jubile , c’est évident. J’ai une furieuse envie de meurtre, de lui trancher sa gorge, mais soudain me revient le souvenir de la matraque . Misère, je peux que ronger mon frein.

C’est déprimant.

- Pourquoi ça ne m’étonne même plus…

- vous voulez un fait qui vous étonne ? Voyez ces agents en armure ?

Désigne-t-elle de son doigt crochu qui pourrait littéralement m’arracher un œil si l’envie lui prenait.

- Et bien ce sont des robots.

J’en bondis presque, leur démarche est trop naturelle !

- Des robots ?!

- Oui, vous avez permis à tellement d’usines et de manufactures de se développer sur notre magnifique territoire que j’ai pu me procurer tout ce dont j’avais besoin en des temps records et sans attirer l’attention. Vive le capitaliste.

Finit-elle avec un engouement souligné par un poing qui fait un seul va et viens horizontale.

- Ça ne va jamais s’arrêter …

Je soutiens ma tête avec mon bras enfoncée sur l’accoudoir.

- De quoi ?

- Ce cauchemar.

- Pour vous peut-être , pour d’autres c’est un magnifique rêve ; vous allez y contribuer de gré ou de force.

- Pas la peine de me menacer ! j’ai compris que je n’ai plus le choix !

Lui dis-je en baissant la tension avec ma main qui retombe doucement.

- C’est juste une petite piqure de rappel, on en est à la deuxième, je crois.

- Vous n’êtes pas drôle.

- Là je suis vexé ; quel goujat vous faites .

Elle raconte n’importe quoi , je ne suis pas si indélicat que ça.

Pour ce qui est de son projet qu’elle m’explique en long, en large et en travers comme si j’étais le dernier des abrutis, c’est de la pure folie, s’y opposer l’est tout autant. Je ne crois pas que cela fonctionnera, j’aimerai qu’elle s’y casse les dents, toutes sans exception et qu’elle revienne ou pas en pleurant.

Mais bon, ça, je peux toujours rêver ; en attendant ce jour , j’obéis. Et pour une fois, elle me laisse partir de notre rencontre indemne ; je suis surement trop utile.

Après mainte préparation et maint rendez-vous durant deux longs mois sans repos, j’ai enfin terminé le tour de toute la liste de l’enquête qui a failli me couter un bras. MC exosquelettes, son PDG, m’attends dans son bureau , toujours en secrets ; allez savoir pourquoi elle voulait que je les rencontre ainsi.

Ainsi, se répète le même et étrange protocole ; la PDG attend dans son bureau faisant face à sa porte et me dit d’entrer dès que je m’arrête. Même pas de besoin de toquer ; sa funeste emprise est en ces lieux aussi.

Le bout de femme que j’ai en face de moi attend que je m’assoie , les mains à plat, avec pour chevelure une queue de cheval corbeau hirsute. Je suis tellement fatiguée de ces conneries que je m’affale lourdement.

- Que l’on en finisse , j’ai…

Long et pénible soupir.

- Une commande au nom de la cinquième République française ; la voici.

Je lui tends le dossier, elle s’en saisit.

- Vous n’y mettez même pas les formes.

- Inutile , nous savons tous ce qui en est, vous y compris. Je le vois dans vos yeux.

Impassible, elle effectue sa lecture avec lenteur.

- Ce n’est pas une raison pour se laisser aller. Voyez ça comme un jeu ; c’est bien ce que vous avez fait pendant des années. Non ?

Me toise-t-elle d’un regard fugace qui replonge dans les mots et le protocole.

- J’imagine que vous avez une pression énorme sur vos épaules vous aussi.

- Vous en avez qu’un aperçut.

Son pouce léché , elle tourne une page avec une indifférence étonnante.

- Vous ne seriez pas l’une de ces collaboratrices par hasard ?

- Je n’ai aucun intérêt à répondre à cette question .

J’ai cru voir une légère tension dans son cou. L'aurai-je démasquée ?

- Et pourquoi ça ?

- Réfléchissez cinq minutes ; ceux qui sont ces collaborateurs savent probablement qui est avec eux et qui ne le sont pas. Cela n’a aucun sens de le clamer. Par contre, si je démens, cela me rend suspecte aux yeux de ceux qui ne le sont pas, toute en m’exposant a de potentielles représailles de ceux qui le sont. Voilà pourquoi j’adopte cette attitude neutre. Je vous conseille d’en faire autant ; bien qu’à votre dégaine j’imagine que vous êtes une victime. À moins que cela soit encore une ruse.

Elle n’est donc pas de son côté .

- Nous pourrions…

- Non. Nous nous en tenons à nos rôles respectifs.

- écoutez au moins ma proposions.

- Dois-je vous rappeler que vous êtes certainement surveillé ? Si vous voulez vous suicider, faites-le sans m’emporter avec vous. J’ai était claire ?

Sa voix se fait plus sombre et rude. Au moins je sais que je ne pourrais pas trouver du secours auprès d’elle ; surtout avec ce regard noir qu’elle me lance comme si j’avais commis le pire des crimes.

- Très claire.

Le dossier est rangé dans un tiroir sous le bureau et avec un sourire un peu trop forcé, elle conclut.

- J’accepte cette commande ; vous pouvez vaquer à vos obligations, Monsieur le Président.

C’est ainsi que se termine ce mois-ci ; il est presque 20H00 lorsque je monte dans ma voiture de fonction. J’espère que ma conversation n’aurait aucune conséquence indésirable et brutale. À mesure que la route défile , je rembobine ma mémoire telle une pellicule de film et j’ai comme la sensation bizarre que quelque chose m’échappe.

Rho… ça m’agace et puis… et puis merde alors ; de toute façon, c'est toute ma vie qui part en vrille.

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