Samedi Écriture - Un tableau s'anime devant vous.

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Romarin Garic était un jeune garçon à peine âgé de 10 ans. 10 ans et 4 mois pour être précis, à cet âge ça compte vous savez. Romarin était un gamin normal, il habitait une petite ville tranquille au sud de Rennes, très proche de la forêt de Paimpont, ou de Brocéliande comme ses parents s’amusent à l’appeler. Ah, des journées d’été passées dans ces bois avec ses amis, à battre les buissons, à courir après des lapins, à s’imaginer en chevalier du roi Arthur, Romarin en salivait d’avance ! Bientôt les vacances d’été, encore 1 semaine, et ça allait passer vite : la classe de CM2 de Romarin partirait une journée à Paris pour visiter des musées, quelle plaie ! Mais Romarin savait qu’au moins, il visiterait un Paris bien moins pollué et bien plus calme que ne l’avait vu ses parents à leur époque. L’année 2040 s’annonçait comme la meilleure année en termes de climat et ce, depuis des décennies. Le climat, l’air, la température, n’avait pas été aussi bonne depuis le début des années 2000.

Romarin était un garçon déterminé, il voulait exceller dans ce qu’il entreprenait, quitte à s’entraîner des heures pour maîtriser une technique au football ou un combo sur le dernier Brawl ou encore être le premier de la classe en biologie. Mais n’imaginez pas Romarin en premier de classe, non, premier dans ce qui l’intéresse uniquement, au grand dam de ses parents : Morgane et Cédric.

Ce fut donc en ce beau jour de fin du mois de Juin que Romarin allait vivre la journée la plus importante de sa vie, jusqu’à présent tout du moins. L’événement marquant n’avait pas commencé dans le bus qui les menait lui et sa classe vers la gare de Rennes, ni sur le quai F qui dessert les voies 9 et 10 non, ni à l’intérieur du train grande vitesse (une antiquité soit dit en passant), ni non plus lorsqu’un homme étrange habillé d’une cape violette les avait dévisagé longuement, ni même en arrivant à Paris quand la maîtresse avait fait l’aumône à un mendiant (ce qui, sans doute avait donné un bon exemple aux enfants).
Non, l’événement qui marquerait la vie de Romarin Garic, 10 ans et 4 mois, habitant numéro 4 rue Privert à Kaam en Bretagne ne se déroulerait pas pendant le voyage ou à l’arrivée à Paris, mais un peu plus tard. Cet événement particulier qui transformerait la vie de Romarin Garic n’arriverait qu’après avoir marché des heures, pris le métro, pique-niqué dans un parc. C’est bien connu, il n’arrive jamais rien avant d’avoir mangé, n’est-ce pas ?

Et quitte à attendre que cet événement arrive, pourquoi je ne vous raconterai pas un peu la visite de la classe de Mme Merlain au musée de la tour Eiffel ?
Le musée, à l’instar de Ground Zero, se situait là où autrefois s’érigeait la tour Eiffel. Le musée en lui-même n’était pas aussi réussi architecturalement mais n’était pas un simple pavé de brique et de béton, il ressemblait plutôt à un palais mais dont les murs étaient ornés de gigantesques poutres d’aciers… A l’intérieur, la boutique évidemment, souvenirs à vendre, culture à acheter, attrape touriste, une vraie boutique de musée. A côté de la boutique, l’accueil proposait des audioguides, des informations quand aux visites de groupe etc, mais vous avez déjà sûrement visité des musées, vous voyez de quoi je parle, un musée classique, si ce n’est que la plus grande partie de la structure apparente était faite des poutres d’aciers qui constituaient la tour autrefois.
La partie la plus intéressante à mon sens, et aux sens des enfants de la classe de Mme Merlain était sans doute la reconstruction du bureau de Gustave Eiffel dont presque l’intégralité des objets originels avaient survécu miraculeusement à l’effondrement de la tour.
Le phonographe même de M. Eiffel était là, trônant sur un bureau, en dessous d’un splendide tableau représentant l’architecte.

- T’es même pas cap de parler dans le phonographe Romarin ! défiai Nicolas Flandairs.

- Ah ouais, c’est ce que tu crois ? Répliqua Romarin

Il n’en fallut pas plus pour que Romarin vérifie d’un œil que la voie était libre, qu’il s’empare du cornet, l’appose contre le cylindre d’enregistrement, tourne la manivelle et prononce ces mots :

- Et là je suis pas cap peut être ?

Les deux enfants se mirent à rire et s’apprêtaient à déguerpir après leur méfait accomplis mais le destin en décida autrement : la pièce s’obscurcit, Romarin était comme figé sur place, Nicolas lui qui était plus proche de la porte réussit à sortir et lorsqu’il fut hors de la pièce, la porte se referma, la pièce plongea dans le noir complet. Romarin sentit ses jambes libérées d’une entrave tourna sur lui-même mais le noir était complet. La panique commençait à monter en lui lorsqu’une bougie s’alluma sur le bureau de l’architecte. Mais il n’y avait pas de bougie il y a quelques minutes ? Romarin d’abord soulagé d’avoir un peu de lumière se remit à paniquer et refit un tour sur lui-même pour chercher une issue. Rien.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

- Bonjour mon jeune ami, ne m’as-tu pas appelé ? Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de visite, fit une voix.

- Qui parle ? La voix de Romarin tremblait malgré ses efforts pour se contrôler.

Le son provenait du phonographe ? Il s’en approchait mais le cornet n’était pas celui qui permettait de retransmettre le son.

- Un peu plus haut mon garçon.

Romarin leva les yeux. L’homme dans le tableau, Gustave Eiffel lui-même lui faisait un signe de la main en souriant. Romarin n’en croyait pas ses yeux, d’ailleurs il ne les croyait tellement pas qu’il les frotta, les ferma fort, mais rien n’y fit, le tableau semblait en vie ! L’homme dans le tableau croisait et décroisait ses bras, marchait de droite à gauche comme pour se dégourdir les jambes. Puis il agita sa canne comme pour la faire danser entre ses mains. Était-ce là une chorégraphie ? Un pas à gauche, la canne imita l’aiguille d’une montre, un pas à droite, la canne dans le sens inverse des aiguilles. Au centre, la canne jouait au balancier. Puis l’homme se mit à faire quelques coups d’escrime, et lorsqu’enfin Romain reprenait ses esprits, toujours persuadé d’halluciner, et allait ouvrir la bouche, l’homme pointa sa canne vers lui. Ses lèvres s’agitèrent, un son que ne comprit pas Romarin, la canne paraissait approcher et vouloir sortir du tableau, d’ailleurs la toile commençait à se tendre ?? Elle se déchira ! Horreur ! Puis en un éclair M. Eiffel sauta du tableau et atterrit dans la réplique de son bureau. Il sentait un peu la poussière et à la lumière de la bougie, semblait être de couleurs un peu ternes.

M. Eiffel pointa sa canne vers son bureau, puis vers la bougie, et sur l’ensemble de la pièce, et quelques instants plus tard, le décor avait brusquement changé : c’était comme s’ils étaient dans le bureau de l’architecte en haut de la tour mais dans les années 1900-1910.

- Mais où sommes-nous ?

- Dans une réplique de mon bureau, en haut de la tour, comme c’était en 1910, ou comme je m’en souviens en tout cas.

- Et qui êtes-vous ?

- Gustave Eiffel, évidemment !

- Oui mais… Vous êtes mort il y a longtemps, vous n’êtes qu’un tableau maintenant…

- Ah, c’est bien la première fois que tu découvres mon monde alors !

- Votre monde ?

Oh, au fait, vous l’avez sûrement deviné, mais c’est ça, l’événement qui va changer la vie de Romarin Garic.

- Oui, mon monde, le monde de la magie. Et toi, qui es-tu Romarin ? Questionna l’architecte magicien.

- Heu, Romarin Garic, en CM2 avec Mme Merlain.

- Oh, tu n’as pas encore 11 ans alors ? J’imagine que la nouvelle n’aurait su tarder de toute façon, mais soit, ce sera à moi de te l’apprendre, et ça me fera de la conversation.

- M’apprendre quoi ?

- hé bien, la magie ! Ou au moins, l’existence de la magie et de son monde.

Imaginez bien, Romarin était bouche bée, yeux écarquillés ! L’homme faisait parfois tournoyer sa canne, changeant la météo, changeant le cycle du jour ou de la nuit, faisant apparaître des feux d’artifices, il disait que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu de visite. La dernière fois c’était peu après l’effondrement de la tour en 2020

- Ah, c’était donc pendant les émeutes du Co… Commença Romarin

- Ne prononce pas ce mot ! le coupa M. Eiffel ! Même chez les sorciers c’est un peu tabou, et ça ne me rappelle pas de bon souvenirs, tous ces idiots qui croyaient que les ondes de la tour transmettaient cette maladie !

- Elle ne la transmettait pas ?

- Bien sûr que non ! Pendant quelques années j’imaginais m’en servir pour détecter plus facilement les enfants doués de magie pour faciliter le travail de l’école de Beaubaton mais… mais j’en ai été empêché… Ils ont eu peur que les moldus découvrent des ondes inhabituelles. Hah, leurs outils ne détecteraient jamais les ondes magiques !

- Une école de magie ?

- Oui, et c’est là-bas que tu iras à la fin de l’été ! J’espère que tu viendras me rendre visite de temps en temps, je t’apprendrais deux trois tours de ma conception et, hahaha, je te dévoilerai quelques-uns des passages secrets du palais de Beaubaton, tu pourras m’aider à jouer quelques tours à un tableau là-bas ! Oh et peut être, oui…

M. Eiffel joua de sa canne comme d’une épée, Romarin fut propulsé en arrière, un éclair embrasa tout son champ de vision, il se retrouva dans le musée, le tableau tout blanc reprit des couleurs et bientôt il rétrécit pour ne s’arrêter qu’à la taille d’un livre de poche, l’architecte reprit place dans le tableau et parla une dernière fois :

- Mets le tableau dans ton sac, j’en ai assez de ce musée, retour à l’école, je t’accompagnerai en septembre !

Et ce fut ainsi que la vie de Romarin Garic fut bouleversée, transformée, métamorphosée ! Le sang magique qui coulait dans ses veines se réveillait, et lorsqu’il reçut une lettre portée par une chouette en Juillet, ses parents n’en crurent pas leurs yeux ! Mais sa mère bredouilla quelque chose à propos de son oncle Ernest, un mystère qu’il faudrait éclaircir plus tard.

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