Première relation
C'est étrange, non ? Comme une première relation peut profondément nous marquer même si elle a été brève, même si on est passé.e à autre chose.
Un an auparavant, elle découvre ce sentiment pour la première fois. Que quelqu'un s'intéresse à elle, assez pour lui envoyer un message pour proposer un premier date. Surprise, stress, excitation, une tempête d'émotions l'a traversée en une fraction de secondes. Doit-elle accepter, refuser ? Est-ce bien sage d'aller boire un verre avec un quasi inconnu ? Bon, c'est l'ami d'une amie et elle l'a vu une fois, donc ce n'est pas un total inconnu. Et puis, ne dit-on pas qu'il faut prendre des risques en amour ? Tant pis pour les "et si", pour les nombreuses relations éphémères qu'il a eues par le passé. Un premier rendez-vous, ça n'engage à rien après tout. Premier date dans un bar, il est intéressant, il est drôle, il a des convictions et des valeurs bien ancrées. Ca se passe bien. Elle se sent toujours hyper nerveuse mais bon, c'est son tout premier rendez-vous, c'est normal. Elle, qui n'est déjà pas très à l'aise avec les gens d'habitude, ne parle pas beaucoup. Elle a trop peur de donner son avis et qu'il soit mal reçu, trop peur de dire une bêtise. Alors elle écoute plus qu'elle ne parle. Il lui pose des questions pour en savoir plus sur elle, elle répond. Elle pose des questions aussi. Ils s'entendent bien. Quand il tente de se rapprocher, elle décline gentiment. Trop tôt pour elle. Il lui faut du temps pour se sentir parfaitement à l'aise avec quelqu'un. Elle comprendra plus tard qu'il lui faut aussi du temps pour ressentir du désir envers une personne. Bref, le rendez-vous dure bien 5 heures, ils ne voient pas le temps passer. Après le bar, ils vont se poser dans un parc, puis vont manger vietnamien. A la fin, il la raccomagne à son arrêt de bus et lui prend la main. Au début elle hésitait, et puis finalement c'est très agréable. Ils s'assoient, elle pose la tête sur son épaule et se sent incroyablement bien. Elle se sent heureuse et en sécurité, elle n'a jamais ressenti ça de cette manière, c'est fou. Par la suite, ils se revoient plusieurs fois.
Au deuxième rendez-vous, ils vont voir la rediffusion d'un documentaire qui lui a beaucoup plu à elle et qu'elle a envie de lui faire partager. Mais à la fin du film, elle lui demande en premier ce qu'il en a pensé et comme il ne l'a pas aimé, elle n'ose pas donner son avis. Elle se rend bien compte que c'est un problème de ne pas réussir à lui donner son opinion mais elle est intimidée. Il a souvent des avis bien arrêtés et elle a peur de se faire juger. Elle se dit qu'il lui faut simplement du temps. C'est peut-être vrai mais elle ne le saura jamais. Après ce fameux film et un restaurant, il est tard : il n'y a plus de train pour qu'il puisse rentrer chez lui. Il avait bien mentionné plus tôt qu'il devrait peut-être squatter chez elle, seulement elle n'avait pas compris qu'il était sérieux. Ca la stresse beaucoup : il est trop tôt pour qu'il vienne chez elle, qu'il découvre son espace personnel, encore moins qu'il reste dormir. Et puis, dormir où ? Mais que peut-elle faire ? Elle ne va pas le laisser sans endroit où dormir. Il regarde autour de lui, commente la déco, elle répond à peine. Elle a peur de la suite. Elle espère vraiment qu'elle peut lui faire confiance et qu'elle ne fait pas une énorme connerie. Quand il s'aasied à côté d'elle dans le lit comme s'il comptait dormir avec elle, elle lui demande ce qu'il fabrique. Enorme malentendu entre eux : elle ne comptait pas dormir avec lui, vraiment pas. Trop tôt. Il prend donc le canapé, trop petit et pas fait pour y dormir. Elle se sent mal, elle se sent coupable qu'il ait mal compris et puis elle n'est pas vraiment rassurée. Mais tout se passe bien, pas de problème. Le lendemain matin est très bizarre. Elle doit travailler ses cours donc le réveil sonne assez tôt alors que c'est un lève-tard. L'atmosphère est gênante, ils parlent peu. Ils prennent le bus ensemble puis se séparent devant l'université. Par la suite, elle se dira qu'elle aurait dû faire preuve de plus de fermeté dès le début et lui faire comprendre que c'était trop tôt pour elle. Mais c'est tellement dur pour elle de s'affirmer.
Rendez-vous suivant au parc, tout se passe bien. Cette fois elle l'accompagne à la gare en fin de soirée : il rentre chez lui. Avant de prendre son train, il lui demande si elle est sûre de ne pas regretter de ne pas l'embrasser avant de partir. Non non, pas de regret, elle n'est pas encore prête. Au quatrième rendez-vous, toujours dans le même parc, il lui avoue qu'il l'aime bien et que, même si une relation n'était pas vraiment dans ses plans, il aimerait sortir avec elle. Elle ne sait pas quoi répondre sur le moment. Elle a toujours envisagé l'amour dans la perspective d'une relation sérieuse pour elle, seulement le fait que ça puisse devenir réalité là maintenant lui fait peur. Quand ils ont commencé à se voir, elle avait trop peur pour se projeter, elle s'est dit q'uelle verrait bien au fur et à mesure. Finalement, ils s'embrasseornt pour la première fosi ce soir-là et se diront en couple le lendemain matin. Elle se sent bien. Ca lui fait tellement plaisir ! Elle peine à y croire d'ailleurs : sa première relation ! A lui aussi ça lui fait plaisir : il s'empresse d'appeler son meilleur ami pour lui annoncer qu'il est en couple ! Avec le recul, elle se dira que ça semblait lui faire plus plaisir d'être en couple que d'être en couple avec elle.
Comme la période des examens arrive, ils n'auront de se voir que trois ou quatre fois sur le mois. Ca se passera très bien à chaque fois, enfin excepté le fait qu'elle n'arrive toujours pas à donner son avis. Excepté quelques remarques qui l'ont embêtée sur le moment, et qui plus tard la feront bondir. Ils n'étaient pas ensemble depuis longtemps qu'il lui disait qu'il aurait pu sortir avec une de ses amies s'il ne l'avait pas rencontrée elle. Comme si, faute de timing, il s'était retrouvé avec elle mais que ça aurait pu être une autre sans grande différence. Une autre fois, il lui donne un "conseil pour embrasser les gens en soirée pour quand ils ne seront plus ensemble" comme s'il entrevoyait déjà la fin de leur relation alors qu'elle venait à peine de commencer. Ces red flags, elle ne les a pas vus. Il faut dire qu'elle commence à beaucoup s'attacher et qu'elel est prête à n'importe quoi ou presque pour les gens qu'elle aime. Y compris se faire passer après, se rabaisser.
En ce début de vacances, ils n'échangent pas beaucoup de messages mais parlent de se voir bientôt. Elle est rentrée chez ses parents mais n'attend qu'une chose : pouvoir fare la route pour le retrouver. Il lui manque beaucoup. Elle n'arrête pas de penser à lui, elle en a des papillons dans le ventre. Finalement, ils trouvent une date. Dans le train, elle trépigne d'impatience. Elle n'en peut plus d'attendre. Une fois arrivée, elle l'attend pendant près d'une heure. Il avait une visite d'appartement prévue au matin et il convient donc faut le temps qu'il signe les papiers, tout ça. Pas de problème, elle l'attend. Quand il arrive enfin, il ne l'embrasse pas. Etonnée, elle garde tout de même le silence. Mais ensuite il lui prend la main, alors ça va. Ils s'installent en terrasse d'un café, prennent un verre. Ils discutent pendant bien deux heures. Enfin, c'est surtout lui qui parle. De ses idées politiques et sociales, de sport... Il lui demande si ça ne la dérange pas qu'il parle autant, mais elle répond qu'elle aime écouter et que, de toute façon, ce ne sont pas ses domaines d'expertise. Bizarrement, il est un peu éloigné d'elle, il aurait pu s'installer plus près. Mais bon, il n'y pas de problème. Quand ils s'en vont, elle lui demande s'il a faim, lui disant qu'elle mangerait bien quelque chose, mais il lui répond qu'il n'a pas vraiment d'appétit. Il préférerait se poser dans un parc plutôt. OK, pas de souci, ils mangeront plus tard. Ils se posent dans un parc, près de la gare. Il s'allume un joint, parce que oui, il fume de l'herbe. Il lui avait demandé si cela ne la dérangeait pas, elle ne savait pas trop quoi en penser, elle n'avait jamais été confrontée à cette situation. Elle s'était dit que ça faisait partie de lui quelque part et qu'elle n'avait pas le droit d'en rejeter ce qui ne lui plaisait pas, qu'il fallait le prendre comme ça. En attendant, elle se rendra bien compte par la suite qu'elle n'était pas très à l'aise avec ça. Elle n'était pas très à l'aise avec pas mal de choses à vrai dire. Alors il allume son joint. Lui annonce qu'il lui fallait bien deux bières et un joint pour réussir à lui parler de quelque chose. Différentes possibilités lui traversent l'esprit, mais jamais ce qu'il lui dit ne l'a effleurée. Il lui dit qu'il veut rompre. Au début, elle croit à une blague tellement ça lui semble impossible. Il y a quelques jours à peine ils parlaient encore de se voir pour son anniversaire à lui, d'aller chez lui... Et là il lui annonce qu'il veut rompre ? Il explique qu'il pensait ses sentiments pour elle beaucoup plus forts qu'ils ne le sont en réalité, et puis ce n'est pas le bon moment. Il s'excuse encore et encore et semble vraiment mal. Mais ça lui passe au-dessus là tout de suite. Elle est effondrée. Au début elle est sonnée, elle ne comprend plus rien. Ca ne peut pas être réel. Et pus elle se met à pleurer, elle ne peut pas s'en empêcher. Elle se sent anéantie. Il ne l'aimait pas vraiment ? Alors que ses sentiments à elle se faisaient de plus en plus forts ? L'avait-il seulement aimée à un seul moment ? Elle commence à douter de tout : passait-il vraiment de bons moments avec elle ou se forçait-il ? Il avait majoritairement eu des relations éphémères jusque maintenant, pensait-il que ce serait comme ça aussi avec elle ? Elle se sent perdue. Lui continue à s'excuser, lui dire qu'elle est chouette, gentille mais que ce n'est pas possible. Et puis qu'elle trouverait quelqu'un de mieux. Elle ne peut pas le croire. Elle est trop sous le choc pour remettre de l'ordre dans ses idées qu'il lui propose déjà de la raccompagner à la gare. Oh, parce qu'elle était vraiment venue jusque là rien que pour se faire larguer ? Elle ne veut pas partir si vite, elle a besoin de temps pour digérer. Profiter encore un peu de sa présence. Mais il insiste, alors elle se lève et ils marchent jusqu'à la gare. Là, elle le retient encore un peu. Elle n'arrive pas à le laisser partir. C'est trop dur. Elle veut encore être dans ses bras, partager des moments avec lui. Mas il faut se dire au revoir maintenant. C'est vraiment trop dur, elle se remet à pleurer. En plein milieu de la gare centrale. Il insiste. Ca se voit que ça le peine aussi, mais elle est trop dévastée sur le moment pour prendre ses sentiments à lui en compte. Finalement, elle lui demande un dernier baiser avant de se dire au revoir. Ensuite il s'en va, elle se retrouve seule, en pleurs et affamée (et oui, ils n'ont pas mangé finalement) dans le hall de la gare. Maintenant, il faut regarder les horaires de train, elle ne pensait pas rentrer si tôt. Une fois sur le quai, ses larmes redoublent. elle écrit à son amie pour lui raconter. Elle écrit à son meilleur ami aussi. Ca tombe bien, elle lui avait annoncé la veille qu'elle était en couple, 24 heures plus tard elle peut lui dire le contraire.
J'ai dû renoncer à ça. A ma première relation qui, au final, n'avait duré qu'un mois. C'était si dur de perdre une relation qui n'en était qu'à ses prémices, qu'on n'avait même pas eu le temps de développer. C'était tellement frustrant ! Moi qui pensais avoir du temps pour apprendre à me confier, à donner mon avis. Qui aimais et pensais être aimée en retour. Pendant que mes sentiments grandissaient, les siens ne faisaient que diminuer, si tant est qu'ils aient existé un jour. Je me sentais tellemnt bête d'avoir été aveugle ! Je n'avais rien remarqué. Lui qui avait fait tous les premiers pas, de l'invitation au premier date à se mettre ensemble ; il ne ressentait finalement rien pour moi. Ca m'a fait tellement mal. J'avais l'impression que je n'étais assez bien pour personne, que tout le monde finirait pas m'abandonner. Et il me manquait tellement !
Mais finalement, cette première relation a tout de même été... belle d'une certaine manière. Malgré les red flags, malgré mon impossibilité à exprimer mon avis ou même à savoir si j'étais prête pour telle ou telle étape. Déjà, elle m'a appris qu'on pouvait s'intéresser à moi. Si j'avais des crushs, au fond je me disais toujours que c'était impossible que ça puisse être réciproque. Que je leur plaise. Et on a passé de bons moments. On a ri, on a discuté, on s'est embrassés... Il m'obligeait à sortir de ma zone de confort, à me poser des questions. Il me donnait envie de m'engager pour quelque chose de plus important. Malgré la souffrance de la rupture qui a été terrible, elle m'a donné le déclic : moi, je pouvais être en couple, moi je pouvais intéresser quelqu'un. Et c'est là que j'ai vu ce qui était sous mes yeux depuis le début. Celui qui me soutenait comme personne depuis plusieurs années, celui qui était toujours là pour moi. Celui avec qui j'échangeais des messages d'une longeur pas possible et qui a été là pour moi aussi à ma rupture. Mon meilleur ami. Après cette période initiale de douleur, j'allais mieux et je voyais enfin ce qui était évident. Alors si ma première relation s'est mal finie sans que j'aie mon mot à dire, si elle m'a laissé un goût d'inachevé et a entamé ma confiance en moi, elle a été une étape essentielle. Je repense encore maintenant à cette première relation, je ne la regrette pas mais elle me hante encore. Pour les erreurs que lui a faites et pour les miennes. Pour la douleur insoutenable que j'ai ressentie pendant plusieurs semaines. Peut-être aussi pour toutes ces premières fois qui m'ont marquées. Mais ce que je sais, c'est que mon amour, lui, a trouvé celui à qui il était destiné. Oh ça sonne très niais, je sais bien. Mais je m'en fiche. Aujourd'hui, je suis épanouie dans une magnifique relation avec une si belle personne. Quelqu'un qui me connait profondément, qui a vu le pire de moi. Quelqu'un avec qui je me sens en confiance et en sécurité. Parfois j'ai le sentiment que ça fait beaucoup plus longtemps qu'on est ensemble. On est toujours amis. On est "simplement" amoureux en plus maintenant. Et c'est tellement beau.
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