Chambre 16

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Troisième numéro à retenir cette semaine pour arriver dans le bon lit. Les nuits d’’hôtel s’enchaînent, je ne sais même plus où je suis. Ne pas se tromper en présentant la carte devant de boitier de la porte sous peine de perdre totalement mes repères.

Des draps blancs, moins d’oreillers qu’hier et bien plus que demain. Après un rapide coup d’œil, je crois que cette chambre est moche, propre mais moche. Ou plutôt lugubre. Pourtant, on peut ressentir les efforts malhabiles des propriétaires pour se conformer à la dernière mode décorative. Ou plutôt celle d’avant. Ou encore celle avant. Mélange de styles, tendance Valérie Damidot sans les stickers ou Maisons à vendre sans les décoratrices. La seule chose immuable, c’est la lumière de la télé. Point de ralliement identique quel que soit l’endroit où je dors. Alors, je la laisse allumée, ça casse le silence et puis, c’est coloré.

La nuit avance et je ne dors pas. Le petit cachet blanc gobé il y a quelques heures a oublié de fonctionner. La magie de la chimie n’agit pas aujourd’hui. Alors, j’ai enfilé un jean, un pull et je suis descendue pour humer le vent et ne plus entendre le bruit des séries.

L’hôtel aux couloirs rouges et aux miroirs planqués qui surprennent et qui font sursauter quand on lève la tête et qu’on croise son reflet, dort du sommeil des justes. Moche mais insonorisé. Aucun bruit ne filtre des chambres, ni ronflements, ni chuchotements, ni râles de plaisir exhalés délicieusement. Rien. Silence. Juste mes pas assourdis sur la moquette râpée.

Des escaliers, encore des miroirs, une porte automatique et une autre difficile à tirer. Un salon de jardin face à un arbre aux milliers de feuilles qui dansent sous mes yeux. Le vent est un peu fou ce soir, il souffle avec désordre, retroussant les branches, brossant à revers les feuillages en leur faisant tourner la tête. Les bourrasques sont fortes, pourtant rien ne tombe et tout reste attaché, l’heure de tomber n’est pas encore arrivé. Alors les feuilles s’amusent et bruissent, crécelle visuelle au rythme chaloupé. Je n’ai rien d’autre à faire alors j’observe. La danse est différente selon l’ordre sur la branche, est-ce pareil dans la vie ? Il n’y a pas de résistance, juste du laisser-aller.

J’ai trop fumé, plus envie d’y penser. Je quitte ma symphonie. Sursaute une fois ou deux en retrouvant la chambre 16. J’ai raté quelques péripéties de ce qui se passe à la télé, ce qui me manque, je l’inventerai.

J’essaye d’écrire ce que j’ai vu, au moins, ce sera fait.

La nuit n’est pas finie. Pas impossible que je fasse de nouveau le chemin vers l’arbre de la liberté.

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