Épilogue (point de vue de Hyujin)

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Je fixe le lac rempli de lotus, réfléchissant à ce qu’il s’est passé il y a six jours. La cité a été ravagée par Hyuk, Dahlia et leur armée, et il faudra du temps pour reconstruire le centre-ville attaqué. Ils m’énervent. Je me doutais bien qu’ils ne s’arrêteraient pas après que je les ai enfermés : Hyuk a l’air d’être têtu. Je suis juste étonné qu’il n’ait pas tenté de m’attaquer lorsque je tuais Dahlia. Je savais très bien qu’il l’aimait, pourtant il n’a rien fait pour m’arrêter. Est-ce qu’il savait que dans tous les cas, elle allait mourir ? Ou est-ce que je me suis trompé, et il ne l’aimait pas ? Pourtant, il semblait troublé quand j’ai évoqué son amour pour elle. Ce n’est plus important, parce qu’ils sont tous les deux morts. Ils le méritaient. Hyuk a osé s’en prendre à Aria, et ça je ne peux pas l’accepter. Ça fait six jours qu’elle est dans le pavillon médical et que je ne peux plus la voir. J’ai ordonné aux médecins de faire tout leur possible pour qu’elle survive, mais quand je repense à la vitesse à laquelle son sang se propageait sur ses vêtements, et toute la quantité du liquide pourpre qu’elle a perdu, je n’y crois plus trop. Et puis, l’arme plantée était très proche de son cœur.

Je dirige mon regard vers un arbre et serre la mâchoire pour contenir les larmes qui commencent à embuer mes yeux. Aria ne peut pas mourir, je ne le supporterais pas. Je déteste Hyuk. Je lui en veux d’avoir tenté de l’assassiner.

J’en veux à ma mère d’avoir mis au monde un second enfant en prison. J’en veux à Dahlia et à tous les autres d’avoir attaqué la cité, de s’être joints à Hyuk. Mais par-dessus tout, je m’en veux à moi de ne pas avoir assez protégé Aria. C’est en partie ma faute si l’arme l’a atteinte. Je n’ai pas vu le coup venir.

Si elle décède, je culpabiliserai. Je m’en voudrais, parce que la femme que j’aime est morte. Je m’en voudrais parce que Namki grandira sans mère.

- Seigneur Hyujin, le médecin Yeon vous demande de venir de toute urgence.

Je me redresse brusquement. Une urgence. Aria. Mon cœur s’accélère immédiatement.

- Sais-tu pourquoi ?

- Non, désolé.

Le messager s’incline et repart. Je cours à travers les couloirs et les jardins jusqu’au pavillon médical et ouvre la porte à la volée.

Mes yeux ne se posent même pas sur le médecin et se dirigent directement vers Aria. Je lâche un soupir, reprenant ma respiration que j’avais stoppée, en voyant la jeune femme assise dans le lit, les yeux ouverts, un faible sourire aux lèvres. Je m’avance vers elle. Je peux apercevoir le début du bandage sur sa poitrine par l’ouverture de son haut bleu pâle. J’observe son visage. Ses joues habituellement rosées sont pâles, un peu plus creuses. Je peux voir à l’étincelle dans ses yeux qu’elle est plus faible que d’habitude, qu’elle a besoin de repos. De plus, elle a de légères cernes sous ses paupières. Mon regard glisse sur sa silhouette. Même si ses longs cheveux noirs et ondulés cachent en partie sa taille, je peux voir qu’elle a perdu un peu de poids. Les veines de ses bras nus sont violacées, signe que son sang est encore pauvre en oxygène. Son souffle est léger, presque inexistant, et chaque inspiration semble lui demander un effort immense. Ses doigts fins reposent sur le drap blanc, légèrement crispés, trahissant la douleur qu’elle endure encore.

Malgré tout ça, elle est encore magnifique.

- Hyujin… lance-t-elle d’une petite voix.

Je ne peux pas contrôler le sourire qui se dessine sur mes lèvres.

- Seigneur Hyujin, le sauvetage de Dame Aria a été très compliqué. Je n’y croyais plus, et j’ai fait appel à un médecin très compétent. Il est très rare de pouvoir soigner une hémorragie, mais nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver votre épouse. Cependant, même si nous avons réussi à stopper la perte de sang et à la sortir de son coma, Dame Aria restera faible longtemps, peut-être même à vie.

- Merci, soufflé-je.

- Pendant deux jours, elle aura encore besoin de beaucoup de repos, puis elle pourra commencer à reprendre doucement ses activités de dirigeante.

- D’accord.

- Vous pouvez dès maintenant la reconduire dans sa chambre.

Le médecin Yeon s’incline et me sourit.

Aria soulève le drap de ses jambes et descend du lit. Elle vacille et se rattrape à mon cou, et je l’aide à se redresser. J’attrape sa main pour l’aider à marcher puis nous sortons du pavillon.

- Tu es gelée, murmuré-je.

- Je crois que c’est normal, répond-elle.

Je la reconduis à travers les jardins jusqu’à notre chambre, puis elle s’installe dans le lit. Quelques secondes s’écoulent, puis je me rapproche d’elle, passe mes bras autour de sa taille et l’attire contre moi. Je dépose un baiser sur son front puis chuchote :

- Tu m’as manqué.

- Toi aussi.

Je m’éloigne un peu pour la regarder dans les yeux, puis mon regard glisse sur ses lèvres bleuies par le froid. Je m’approche lentement de son visage et presse mes lèvres sur les siennes.

Aria se décale après quelques secondes et pose sa tête contre mon torse.

- Je t’aime… souffle-t-elle.

- Je t’aime aussi. Je… j’avais peur de te perdre. Honnêtement… Je ne l’aurais pas supporté.

Elle se cramponne à mes épaules et elle frissonne. Je la presse contre moi pour tenter de la réchauffer. Je sens qu’elle se détend lorsque mes lèvres effleurent sa joue.

- J’ai cru que j’allais mourir… Je ne voulais pas vous quitter, Namki et toi.

Je souris.

- Il sera content d’apprendre que tu es toujours en vie.

- Oui. J’irai le voir demain. Pour le moment, je veux rester avec toi.

Je la serre un peu plus fort et embrasse à nouveau ses lèvres.

- Moi aussi. En fait, je ne veux plus jamais te quitter.

FIN

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