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Dimanche matin. Enfin presque. Midi approche à grands pas. Je m’étire dans le lit, étouffe un bâillement, espérant pouvoir fainéanter encore un peu avant le retour de Adam. Il s’est levé tôt, profitant de la fraîcheur de l’aube pour faire un jogging en extérieur. La chaleur est un peu retombée ce weekend. L’hiver approche. La seule saison qui vaille, dans ce fichu pays maudit des Dieux, où la fournaise de l’été, pendant lequel le mercure flirte souvent avec les cinquante degrés, est précédée et suivie de véritables moussons à la mi-saison. L’hiver, le temps est doux, le ciel est gris, il tombe une bruine légère, vaporeuse, et ne neige jamais. Ça me rappelle sans doute mon enfance bretonne. L’air pestilentiel en plus, malgré tout. Aussi, en dépit de la température plus clémente, Adam n’aura pas échappé au masque filtrant sur le nez et la bouche pour son jogging matinal. Ça fait bien longtemps qu’on ne coure plus dehors sans dispositif d’assistance à la respiration.

Pour ma part, j’ai consacré les premières heures paresseuses de ma journée au rattrapage de mes programmes favoris. Le replay de Saturday Night Live. Un épisode d’une série d’histoire sur les dernières années de la monarchie britannique. Et quelques clips pornos en réalité augmentée, pour m’aider à me masturber. Le tout interrompu régulièrement par les publicités ciblées pour le programme « Salvare ».

« Vous êtes ingénieur, médecin, informaticien ou biologiste ? Nous avons besoin de vous. Rejoignez l’aventure Salvare et donnez une seconde chance à l’humanité ».

« Préparez-vous au plus grand voyage de votre vie ».

« Les inscriptions sont ouvertes sur notre site us.salvare.gov ».

J’ignore si ces publicités sont réellement nécessaires. Les listes d’attente du programme « Salvare » sont pleines. Le programme ne manque pas de volontaires. Peut-être le gouvernent espère-t-il entretenir l’espoir chez ceux qui n’ont pas encore totalement abandonné l’idée de quitter la Terre, en laissant croire qu’il reste des places disponibles.

On s’agite au rez-de-chaussée. J’entends le tintement aigu des assiettes et des verres qu’on empile. Adam est rentré de son footing et vide le lave-vaisselle. Et par la même occasion, sonne le glas de ma grasse matinée dominicale. Je m’extirpe de ma torpeur, un peu à contre-cœur. Fais un saut rapide par la douche pour rincer la peau poisseuse de mon bas-ventre. Passe un short et un t-shirt d’intérieur, puis descends rejoindre mon petit-ami qui s’affaire en cuisine.

Je le retrouve dans ses vêtements de sport, en train de surveiller la cuisson des végé-steaks goût curry. Le regard vif et la mine satisfaite – d’aucuns diront suffisante - qu’il arbore après chaque séance d’entraînement. On peut le comprendre. Adam a toujours été un bel homme. Le poil blond, le sourire franc, la carrure imposante. Il n’a pas eu besoin de beaucoup insister pour que j’accepte son invitation à prendre un verre ensemble, lorsque nous étions encore étudiants. Mais depuis qu’il a commencé le programme de renforcement physique réservé aux pilotes de la mission « Salvare », il a considérablement pris en muscle. Les biceps et les mollets saillants. Le torse bombé, plus évasé qu’auparavant, qui vient joliment s’affiner au niveau de la taille pour s’aligner avec ses hanches restées étroites. On peut donc dire que je dois beaucoup au programme « Salvare ». Un aller-simple vers Mars, l’espoir d’une nouvelle vie pleine d’aventure et de rebondissements, et un petit-ami au physique avantageux.

Je me blottis contre son dos, passe mes bras autour de sa taille. Respire l’odeur discrète de sa transpiration pas encore tout à fait évaporée sur sa peau. L’embrasse dans le cou. Je murmure à son oreille :

- Tu as bien couru ?

En guise de réponse, Adam se défait de mon étreinte en poussant un vague grognement, avant de se retourner pour me prendre dans ses bras. Il me donne un rapide baiser. J’en demande un autre. Plus long. Je retrouve le goût familier de ses lèvres tièdes. La barbe de trois jours qui orne son menton me griffe légèrement le visage. La lumière pâle de ce jour autrement morne sublime ses traits fins mais masculins. Je glisse ma main sous l’élastique de son short pour venir tâter son sexe qui n’est plus tout à fait endormi. J’ai beau avoir déjà assouvi quelques pulsions en solitaire au cours de la matinée, je sens déjà la sève qui remonte en moi. Adam ne tarde pas à le remarquer.

- Yann, on mange avant, non ?

- Je n’ai pas si faim que ça...

- Tu n’as pas fait trois fois le tour du quartier à plein régime, toi, ça se voit. Laisse-moi reprendre des forces, sinon je vais m’évanouir en plein acte.

La perspective n’est pas particulièrement excitante. J’abdique donc à regrets. On y reviendra après le déjeuner.

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