LOG16_26012055

2 minutes de lecture

J’ai reçu un message de Adam. Enfin, « son message ». Il n’y en aura qu’un.

Les communications avec le Salvare III sont limitées, pour des raisons pratiques, essentiellement. Mais aussi pour ne pas courir le risque de distraire l’équipage et les futurs colons par les événements en cours sur Terre. Un proche malade. Un décès. Une guerre qui éclate dans le pays d’origine. Une catastrophe naturelle qui emporte une ville toute entière, par les vagues ou les flammes. C’est le genre de nouvelles traumatiques qu’il ne fait pas bon apprendre quand on est enfermés dans une petite boîte de métal se déplaçant à vitesse grand V vers la planète rouge, avec un soutien psychologique pour le moins restreint sur place.

Et puis, ça fait partie de notre pacte, à Adam et moi. Ne pas entretenir inutilement la douleur de la rupture en se rappelant au souvenir de l’autre tous les quatre matins. On s’était mis d’accord pour laisser l’autre reprendre le cours de sa vie, seul.

« Seulement un message », nous avions convenu. Le voilà, donc, le fameux message.

Yann,

Mon Yann.

Je pourrais écrire des pages et des pages. Des livres entiers. Juste pour te dire à quel point tu me manques, à quel point ton absence se fait cruellement ressentir, chaque jour, au détour d’une conversation, d’une pensée, d’un rêve.

Je ne vais pas écrire des livres entiers.

Je veux simplement te dire trois choses, trois choses importantes, que j’espère tu n’oublieras jamais :

La première, c’est que je t’aime, je t’aimerai toujours et rien ne remplacera jamais les années que l’on a passé ensemble, toi et moi. Rien, ni personne.

La deuxième, c’est qu’il ne faut pas te faire de souci pour moi. Je vais bien, j’irai encore mieux à l’avenir. L’expérience à bord du Salvare est intense, déjà, et je suis sûr que cela ne fera qu’empirer dans les jours et semaines à venir. Mais j’ai signé pour ça. Je ne regrette rien. Tu le comprendras mieux que personne, j’en suis sûr. Et, un jour, je serais heureux, pleinement heureux, j’en suis sûr.

La dernière, c’est qu’il faut que tu sois heureux, toi aussi. Et ça veut dire qu’il faut résister à la tentation de vivre dans le passé, dans les souvenirs, aussi joyeux et réconfortants soient-ils. Je veux que tu retrouves une passion, une raison de vivre – quelque chose, quelqu’un peut-être.

Je te le souhaite de toutes mes forces.

Prends soin de toi, Yann. Je t’aime, je me répète un peu, mais ça mérite d’être redit, au moins une fois encore, une dernière fois, je crois.

Adam.

J’ai essuyé une larme de la paume de ma main. Esquissé un sourire. Puis archivé le message, le cœur léger. Avant d’aller me coucher, j’ai envoyé un message à Iké, pour lui dire que, moi aussi, j’aimerais le voir plus souvent, s’il est toujours d’accord.

Annotations

Vous aimez lire GBP ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0