Arc Furēku/ Chapitre 11 - L’enfance d’Okuza : un coeur de glace

11 minutes de lecture

Quelques heures plus tard...

Le vieil homme se tenait encore au chevet de la jeune fille. Jain se réveillait petit à petit. Elle était encore très fatiguée, mais les douleurs semblaient avoir disparus. En posant les yeux sur le mystérieux vieillard, Jain fit les gros yeux. Elle fut surprise, mais sans plus. La jeune guerrière savait qu'elle lui devait la vie et ne tarda pas à le remercier pour l'avoir maintenue en vie. Cependant, il était temps pour elle de partir de la grotte et de retrouver l'infâme Okuza qui détenait son épée Hûmen.

— Merci l'ancêtre d'avoir veillé sur moi et de m'avoir rabiboché. Mais je suis resté là depuis trop longtemps maintenant. Cette femme... a quelque chose qui m'appartient. Et... je dois à tout prix récupérer mon bien avant qu'elle ne l'utilise à mauvais escient.

— Tu ne vaincra jamais ma petite sœur dans cet état. Et encore moins avec cette puissance ridicule. Pendant que tu dormais, la puissance magique d'Okuza n'a cessé de s'accroître, d'heures en heures. répondit le vieil homme.

— Votre petite sœur ? Cet infâme personnage est de votre famille ?

— Infâme... dans le temps, c'était pareil. Ma cadette abritait déjà les ténèbres à son plus jeune âge.

— C'est impossible. Personne ne peut naître avec le mal en soit.

— C'est vrai. On a longtemps cru qu'une force maléfique avait pris possession d'elle, mais d'après l'occulte du village, le Malin n'abritait pas l'âme d'Okuza. Elle était mauvaise par nature.

— Contez-moi votre enfance. Je veux tout savoir.

***

Okuza – Petite fille

Le village Furēku, il y a des années de cela...

Près de la rivière de Furēku, sous une neige magnifique, se tenait assise une petite fille aux cheveux bleu clair. Elle tentait de pêcher le dîner du soir pour sa famille.

Ce fut long et rude, mais au bout du compte, la jeune fille fut récompensée par sa patience et attrapa une pléthore de poissons, de quoi tenir pendant tout l'hiver. Les prémices de la nuit commençaient à se discerner dans le ciel.

Il était temps pour la petite fille de rejoindre le village. Mais alors qu'elle s'apprêtait à quitter la rivière pour rentrer chez elle avec son butin, un groupe d'adolescents du village l'encerclèrent. Udony, le chef de meute s'empara du seau rempli de poissons et dit :

— Merci pour tout ce bon poisson, Okuza ! Je sens que ma famille et moi allons-nous régaler en cet hiver difficile qui nous attend, dit-il en rigolant avec sa bande. Que fais-tu seule près de la rivière ? Nadaré et Burrizado ne sont pas là ? Ce n'est pas très prudent de ta part ! Il pourrait t'arriver... de mauvaises choses.

— Rends-moi mon poisson. Tout de suite, répondit la petite fille avec un ton glaçant, ce qui était inhabituel pour une personne de son âge.

— Mais à qui crois-tu parler comme ça ? Tu te penses au-dessus de nous parce que tu fais partie de la famille principale du village ? Tu n'es qu'une gamine insignifiante de sept années, cria-t-il en la poussant violemment dans la neige. Arrête de nous prendre de haut, petite sotte !

— Rends-moi mon poisson, ou je vous tue tous, répondit Okuza en se relevant comme si de rien n'était.

— Répète un peu pour voir ?

Le regard plein de haine et de détermination d'Okuza faisait peur aux autres, tandis qu'Udony s'avança vers elle pour lui donner une bonne leçon. Mais une fille de son groupe lui prit le bras pour le dissuader de faire une bêtise.

— Ne fais pas ça, Udony ! Ou sinon Nadaré et Burrizado vont nous tomber dessus plus tard ! On est juste venus pour l'embêter, rien de plus.

— Je n'ai nullement besoin de Nadaré et Burrizado pour tous vous envoyer six pieds sous terre. Rendez-moi mon poisson et partez avant que je ne réponde plus de rien.

Une aura violâtre entoura soudainement la jeune Okuza. Des vents violents commencèrent à se former, ainsi qu'une puissante tempête de neige.

Le sol tremblait et l'eau de la rivière se mit à s'agiter brutalement. La puissance magique de la jeune fille intimida les adolescents qui prirent rapidement la fuite en direction du village. Mais Udony, fidèle à lui-même, resta de marbre et fit face à la jeune Okuza.

— Tu as peut-être réussi à faire fuir les autres, mais moi je n'ai pas peur de toi, sale gamine !

— Je respecte ton courage. Mais c'est ce qui va te coûter ta vie. Prépare-toi à mou...

— Okuza, ça suffit !!! Tu arrêtes tout de suite ! cria une mystérieuse voix féminine.

Une charmante femme fit soudainement irruption sur les lieux. Elle avait la trentaine et son visage ressemblait à celui d'un ange. Le teint de son visage ovale était blanchâtre à cause de sa puissance magique.

Ses paumettes faisaient craquer tout le village et son corps était magnifique. Ses yeux bleus profonds, petits et son regard affectueux et doux était capable de rendre le cœur d'une personne fâchée en paix.

Son front rond et son petit menton allait bien à son visage. La magie d'Okuza s'atténua et la jeune fille reprit son calme. L'environnement était redevenu normal. Profitant de la situation, Udony fonça tête baissée pour l'attaquer aux poings.

— Tu vas voir ta tronche, sale gamine !

Au moment de recevoir le coup d'Udony, Okuza bloqua sans mal l'assaut de l'adolescent en lui attrapant fermement la main.

— Mais qu'est-ce que... ?! Lâche-moi, gamine !

— Mon nom, ce n’est pas gamine... je m'appelle Okuza ! cria-t-elle, le regard froid et plein de haine.

— Okuza, lâche-le. Ne lui fais pas de mal, dit la mystérieuse femme en s'approchant lentement des deux enfants.

— Il a osé m'attaquer devant vos yeux, mère. Il mérite d'être puni, dit-elle en appuyant encore plus son emprise sur Udony.

— Arrête, tu me fais mal ! cria Udony.

— Il le sera ma chérie ! Mais pas comme ça !

— Comment alors ? Nous sommes la famille principale du village Furēku, nous sommes les plus puissants ! Personne ne nous arrive à la cheville ! Tout le monde devrait nous craindre ! Et pour ça, il n'y a qu'une seule chose à faire, mère : leur montrer que nous sommes sans pitié.

— Non ! OKUZA !!!

La jeune Okuza enveloppa le bras d'Udony de glace, avant de le briser en mille morceaux, sous les yeux mortifiés de sa mère. Le jeune garçon, horrifié, hurlait de douleur en s'enfuyant à toute jambes vers le village Furēku. Dans une colère noire, la mère flanqua une violente gifle à sa fille qui tomba sur ses genoux.

— Tu es un cœur de glace, Okuza ! Je peine à croire que tu sois ma chair ! À compter de ce jour, tu ne seras plus autorisé à sortir seule de la maison ! Tu travailleras à la maison avec moi ! Est-ce bien compris, jeune fille ?

Le regard froid comme de la glace, Okuza se releva et répondit :

— Tel est votre décision, mère.

La jeune fille ramassa son seau de poisson et prit le chemin du village, comme si rien ne s'était passé. La maman d'Okuza s'effondra par terre et éclata en sanglots en regardant sa fille s'éloigner un peu plus d'elle.

— Okuza... qui es-tu ? se demandait-elle, en pleurant à chaudes larmes.

Okuza – Adolescente

Neuf ans plus tard...

Okuza avait maintenant seize années. Et malgré le chemin qu'elle prenait vers la maturité, Okuza n'avait guère changé de personnalité.

Au contraire, au fil du temps, la jeune fille voyait sa méchanceté augmenter de manière inquiétante. Elle était toujours aussi mauvaise avec les autres familles du village Furēku qu'elle estimait inférieure à sa personne.

Okuza ressentait aussi encore beaucoup de haine envers sa mère et ses deux frères, Burrizado et Nadaré. Toute cette noirceur fut une force considérable pour Okuza, qui voyait sa puissance magique s'accentuer de façon excessive. Elle était désormais le membre le plus puissant de la famille principale. En voyant cela, sa mère décida de l'embrigader dans l'armée de Furēku et de faire d'elle une soldate.

Okuza, n'y voyant là qu'une manière de déverser toute sa colère et sa rage contre les villages ennemis, ne pouvait pas en être plus satisfaite. Elle accepta sans délai son nouveau statut.

Et le jour de la bataille arriva enfin. Okuza se prépara pour le combat. L'adolescente était comme une enfant à qui on avait promis la Lune.

Tous les entraînements auxquelles elle s'était adonnée durant des mois, allaient enfin servir la cause du village. Okuza frétillait d'impatience à l'idée de pouvoir se lâcher au combat et d'étriper l'ennemi par centaine.

L'objectif était simple : repousser l'ennemi et faire en sorte qu'il batte en retraite. Mais ça, Okuza n'en avait rien à faire. Sa soif de meurtre et de sang lui disait de se débarrasser de l'envahisseur jusqu'a ce qu'il n'en reste aucun. De plus, Burrizado était le chef de l'armée Furēku, ce qui poussait encore plus Okuza à n'en faire qu'à sa tête.

En prenant le lead de l'armée des glaces, le grand frère d'Okuza savait à quoi s'attendre avec sa cadette. Cependant, il n'avait pas l'intention de mettre des barrières à la folie psychotique de sa sœur. Au contraire, lui aussi était d'avis de décimer l'ennemi une bonne fois pour toute, malgré les consignes strictes que lui avait donné sa mère.

Il rejoigna sa petite sœur dans ses quartiers, où elle se préparait minuscieusement pour la bataille. Okuza sentit la présence de Burrizado dans sa chambre, mais n'y prêta pas attention et continuait ses préparatifs. Un long silence de mort régnait entre les deux, avant que Burrizado ne prenne finalement la parole.

— Je n'ai pas l'intention de te stopper lorsque tu batailleras avec l'ennemi. Tu auras le champ libre pour anéantir l'armée.

— Je dois dire que je suis surprise que tu aies pris une telle décision grand frère, répondit Okuza, un sourire béat au bout des lèvres. Qu'est-ce que ton cœur t'a dicté pour en arriver à cette conclusion ?

— Je trouvais simplement les directives de mère pas du tout réalistes. Elle se terre dans sa tour d'ivoire, tandis que nous subissons constamment les assauts de notre ennemi. Et ce, depuis trop longtemps. Il est temps d'en finir une bonne fois pour toute. Et... tu es la seule à pouvoir y arriver. Tu es notre carte maîtresse.

— Je suis plus que ça. Je suis celle qui va les éliminer... seule.

— Seule, tu dis ? Ce serait de la folie, même pour toi ! Peu importe que ta puissance magique soit incommensurable, je ne laisserais pas un tel fardeau sur tes épaules !

— Ce n'est pas un fardeau, grand frère. Mais une bénédiction ! Je fais ça par amour pour mon village.

— Dis plutôt que tu fais ça pour étancher ta soif de meurtre et satisfaire ton égo surdimensionné !

— Je vais anéantir l'ennemi à moi toute seule et nous ne subirons aucune perte. Nous rentrerons tous sain et sauf au village. Que faut-il de plus pour te convaincre ?

—... C'est d'accord. Tu as carte blanche, répondit Burrizado. Mais je te demande simplement de...

— Je vais déchaîner toute ma puissance et envoyer un message aux contrées voisines ! Ils vont apprendre à craindre la puissance de Furēku.

***

Le ciel grisâtre et les vents intempestifs présageaient une violente averse de neige, tandis que les deux camps se firent face sur le champ de bataille enneigé. L'ennemi était prêt à en découdre. De son côté, Okuza ne tenait plus en place. L’adolescente voulait elle aussi se jeter dans la bataille. Elle se faufila à travers ses compatriotes qui avait eu vent des nouvelles consignes de Burrizado et elle s'avança seule face à l'ennemi. Ces derniers était surpris de voir la jeune fille se diriger vers eux sans peur, le cœur rempli de courage et de noirceur. L'ennemi se mit à s'esclaffer de rire et se moquait de Burrizado et de ses soldats.

Mais ce fut de courte durée : Okuza leva son pouce en l'air et le baissa ensuite pour avertir l'ennemi que sa défaite était proche. Fou de rage après cette provocation osée de la jeune Furēkienne, le chef ennemi donna l’assaut et ils foncèrent tous sur Okuza, qui ne montrait aucun signe de faiblesse, ce qui impressionna ses camarades de combat.

Burrizado était lui aussi impressionné et un peu jaloux de l'assurance sans faille que démontrait sa sœur en toute circonstance. C'était vraiment déroutant. Okuza continuait de marcher vers l'ennemi qui se dirigeait dans sa direction, prêt à lui arracher la tête. Le chef ennemi ordonna à ses soldats d'encercler la jeune guerrière.

En voyant leur tactique changer, Okuza prit un ton plus sérieux et se concentra vraiment sur le combat à venir. Elle n'avait plus aucune échappatoire, ce qui, de son point de vue, rendait les choses encore plus excitantes. Cependant, c'était trop facile pour elle. Okuza donnait l'impression qu'elle vivait le plus beau jour de sa vie. Tout ça devant un Burrizado qui n'en croyait pas ses yeux.

Un tel spectacle n'était pas rassurant. Au plus profond de son cœur, il savait que laisser sa petite sœur en vie ne pouvait pas être de bon augure pour le futur du village Furēku.

— Okuza, ma cadette... je n'aurais pas d'autres choix que de mettre fin à ta vie, dit-il, les yeux rivés sur le spectacle sanglant que lui offrait sa petite sœur. 

À l'horizon, l'armée ennemie avançait, une vague menaçante prête à s'abattre sur le village. Mais Okuza ne ressentait aucune peur, seulement une anticipation féroce.

— Regarde-moi danser, grand frère !

L'ennemi n'était pas sans ressources. Magiciens et guerriers se lancèrent dans la bataille, une mêlée chaotique de feu, de glace et d'acier. Okuza, cependant, était imparable. Sa rage, alimentée par des années de ressentiment et d'ambition, la rendait presque insensible à la douleur. Chaque sort qu'elle lançait était plus dévastateur que le précédent, chaque coup porté avec une précision mortelle.

Pourtant, Burrizado observait avec une inquiétude croissante. Sa sœur, dans sa soif de destruction, ne faisait pas que repousser l'ennemi ; elle les anéantissait sans la moindre pitié, laissant derrière elle un champ de bataille jonché de morts et de désolation. Il craignait que dans cette quête de victoire absolue, Okuza ne perde de vue leur véritable objectif : protéger leur village, pas seulement détruire l'ennemi.

La bataille se poursuivit, féroce et impitoyable. Okuza, au cœur du carnage, semblait danser une danse macabre, ses mouvements exécuté toujours avec une grâce terrifiante. L'armée ennemie, malgré sa force et son nombre, reculait devant la fureur inégalée de cette unique guerrière.

À la fin, alors que le soleil se couchait, teintant le ciel de rouge sang, le silence retomba sur le champ de bataille. Okuza se tenait seule, recouverte d'hémoglobine, entourée par les corps et les entrailles de ses ennemis vaincus. Elle avait tenu sa promesse, mais à quel prix ? Burrizado s'approcha lentement, les yeux écarquillés devant l'étendue de la destruction. Okuza se tourna vers lui, son expression indéchiffrable. Était-ce de la victoire qu'elle ressentait, ou quelque chose de plus profond...

— Je m'appelle Okuza et je suis la plus grande guerrière de Furēku ! Tremblez devant de ma puissance !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Alph Tsonga ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0