Ça monte, je le sens !
- Perso, moi, je ne réponds plus de rien. Voilà, c’est dit !
- Petit cœur, que se passe-t-il ?
- Ah, toi la rate, ne m’ulcère pas ! c’est déjà assez difficile comme ça !
- Que se passe-t-il ? Et pour ta gouverne, je ne m’ulcère pas ! Je suis un organe « normal », moi !
- Si tu dis ça pour l’imbécile d’estomac, je te confirme que tu es normal !
- Petit cœur, tu m’as l’air un peu, comment dire, au bord de l’explosion ?!
- Si je n’avais pas conscience que ça allait tout saloper dans l’édifice, je me ferais bien sauter !
- Allez, fais pas ton rebelle, raconte-moi !
- D’accord, mais chut, hein, je ne veux pas lancer l’hystérie de la tuyauterie, tu les connais, quand ils commencent, on en a pour des jours entiers de nettoyage et de négociations !
- Ouais, tu m’étonnes ! La dernière fois, j’ai dû avaler de l’alcool à 90° pour éviter toute contamination !
- Bon, voilà, pour une raison que je ne m’explique pas, mon Cerveau chéri a démissionné officiellement et a laissé les rênes à l’Aire de Broca. Cette dernière qui est une grosse nouille idiote, a engagé l’hôte dans une espèce de chasse au garçon complétement débile ! Non, mais OH ! et mon cœur, mes sentiments ! En sus, l’hôte pleure tous les soirs, car entre l’alcool, la bouffe (elle dîne tous les soirs avec un mec différent !) et la fatigue (elle a repris le sport en salles, quatre fois par semaine, on croit rêver !), elle ne rentre plus dans le Jeans skinny à trous ; alors, elle pleure, soupire, se mouche, et a des haut-le-coeur !
- Aïe ! mais, pourquoi elle va à la salle ?
- Elle veut passer l’été dans les robes courtes achetées il y a dix ans ! Quand elle était jeune, mince et belle !
- Oh putain, mais elle est folle l’Aire ou quoi ?
- C’est l’automne, ça lui monte au cerveau !
- Ha ha ha ! ça lui monte au cerveau !!! Arrête, je vais m’étouffer !
- Et l’autre dictateur, il fait quoi ? Eh ben, RIEN ! Il glandouille, le crétin ! Il s’instruit ! Il relit Boileau ! Non, mais tu le crois, toi ? Relire Boileau ! Il a que ça à faire ou quoi ?
- C’est indigeste ça le boileau, non ?
- Pas le bouleau, Nicolas Boileau ! Mais pourquoi je m’adresse à des incultes ! J’appelle un chat, un chat !
- Hein ?
- C’est de Boileau dans les Satires, moi aussi, je connais mes classiques, merdus !
- Petit cœur, tu te calmes… et si tu lui récitais de la poésie au cerveau ? Il va roucouler, ça va l’énerver et il va reprendre sa dictature ! ça va monter, je le sens !
- Je suis abasourdi par tant de conneries, mais ce n’est pas con !
- C’est con ou pas, alors ? Je ne capte rien !
- Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage….
- Hein ?
- Boileau !
- Putain ! Il faut que je l’ajoute à ma liste de Noël !
- Ajoutez quelquefois, et souvent effacez !
- Hein ?
- Dégage la rate ! Inculte, va !
- Ça monte, ça monte ! je le sens !
- Ta gueule !
NdlA : Merci à M. Boileau pour l’emprunt dans « L’Art Poétique » 1674 et « Les Satires »
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