Il l'observait sans un mot. Son butin, son plus grand trésor. Il l'observait reposer là. Pas un son ne venait troubler la quiétude de la nuit. La légère brise d'été faisait doucement voleter le fin rideau, seul obstacle entre la nuit noire et cette pièce. Il l'effleura du bout des doigts, n'osant pas vraiment toucher cette inestimée richesse. Ses yeux glissaient sur ces lignes pures et douces, dignes de la plus grande œuvre d'art. Voilà ce que c'était, de l'art. D'aucuns disaient qu'il était fou. Que ce n'était rien. Que pour son talent, ce n'était qu'une plaisanterie, un passe-temps.

Il échappa un soupir, détournant son regard un instant. Même si ça faisait des années qu'il recherchait cette perle, il était toujours aussi nerveux de l'avoir à ses côtés. Il ne se sentait pas légitime. Et pourtant ! c'était elle qui n'en était pas légitime, aux dires des gens du pays, qui avaient eu vent de cette affaire. Il ne comprenait rien à la beauté de l'art. Ils n'étaient que de simples paysans. Que pouvaient-ils donc savoir, des histoires de Beauté ? Leurs femmes étaient béotiennes, ils vivaient dans la fange, travaillaient dans les champs. Ils ne pouvaient pas comprend les mystères de ce joyau. Le plus précieux des joyaux de sa collection. Même la couronne royale ne trouvait grâce à ses yeux.

Il s'allongea doucement à ses côtés, dessinant les contours de son visage avec légèreté, un fin sourire aux lèvres. Le voilà son plus grand trésor, l'objet de sa convoitise. Ce petit bout de femme dont il avait volé le cœur. Cette simple fille de boulanger, qu'il avait épousée le matin même. Ses parents pouvaient bien le déshériter et le retirer du trône. Elle était tout ce dont il avait besoin, et advienne que pourra !