Janvier 2019

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Tout a commencé dans un drôle d’endroit. Mon frère, un homme et moi étions au milieu d’une forêt plongée dans la nuit, derrière les murs d’une maison. Dans notre conversation, on l’appelait « la radio ». Pour y accéder, il fallait passer par un orifice dans le mur ou glisser le long d’une colonne noire qui s’enfonçait dans le sol. J’avais l’impression que l’homme était censé être un guide ou un mentor… mais mon frère et moi n’en avions pas l’utilité !

Nous n’étions soudain plus seuls. D’autres personnes se faisaient entendre au loin. Leurs cris et rires malveillants ne laissaient aucun doute quant à leurs intentions à notre égard. Nous avons donc traversé le mur et barricadé la maison pour éviter qu’ils n’entrent.

Puis, sans savoir comment, je me suis retrouvée à l’extérieur. Mon frère n’était plus là, et le mystérieux individu avait lui aussi disparu. J’étais avec un garçon blond dans la cour d’une école. Les enfants mangeaient sous le regard distrait de leurs professeurs. L’enfant devait avoir dans les quatre ans et babillait dans mes bras. J’essayais de le porter en même temps qu’un sac à dos. Je savais que je devais réussir à retourner dans la maison. Nous y étions en sécurité.

Mais mes poursuivants n’avaient pas abandonné. Déguisés en ouvriers du bâtiment, ils étaient toujours à mes trousses. Je cachais le garçon sous mon manteau, je me dissimulais sous ma capuche. J’avais l’air trop bizarre à tout le temps regarder dans mon dos. Alors je lui ai demandé de regarder derrière nous et de me dire s’il voyait des gens nous suivre. Mais nous étions dans la rue, alors ça ne servait pas à grand-chose vu qu’il ne savait pas faire la différence entre les passants normaux et les « méchants ».

J’avais comme une idée précise d’où je me dirigeais. La première fois que nous sommes passés devant l’entrée de ce parking, il y avait trop de monde autour de nous. Alors j’ai refait un tour du pâté de maisons. À la seconde tentative, seule une vieille femme est entrée en même temps que nous. Le vigile vêtu de blanc à la barrière était occupé à discuter avec le conducteur d’une voiture et ne nous a prêté aucune attention. J’ai traversé un sas en verre et on s’est de nouveau retrouvés à l’extérieur. De l’autre côté, une paroi était constituée de fenêtres peintes en brun. J’en ai ouvert une et demandé au garçon de bien s’accrocher.

Suspendue à l’intérieur, j’ai refermé le battant du mieux que je le pouvais, juste au moment où les hommes arrivaient sur le parking. Je me suis laissée tomber au sol. C’était une bibliothèque souterraine. Une femme m’a lancé un regard inexpressif par-dessus ses lunettes. Elle s’est tout de suite désintéressée de nous, avant de revenir à son livre. Les autres lecteurs présents étaient concentrés sur leurs ouvrages. J’ai avancé, le garçon toujours dans mes bras.

Nous sommes arrivés dans un grand réfectoire assez sombre mais animé. Tout le monde mangeait, alors je me suis approchée du comptoir pour ne pas me faire remarquer.

— Au menu, que du fait maison ! m’a indiqué la cuisinière.

J’ai regardé ce qu’elle proposait : des tartines. Une jeune fille devant moi en achetait avec un sourire. Je n’avais pas spécialement faim, mais je me disais que le petit devait manger.

— Je vais en prendre une pour lui et deux pour moi, ai-je dit.

— Oh je n’en ai plus assez. Mais je vais en refaire.

Elle a sorti le pain et commencé à le garnir. J’ai demandé une bouteille d’eau et regardé où on pouvait s’installer. Plateau en main, j’ai choisi une table libre et nous nous sommes assis, vite rejoints par l’homme du début de mon rêve. Nous avons parlé des recherches que je devais faire pour mon travail de fin d’études, je crois. Il y avait quelque chose à propos du monde de l’autre côté du mur. Il contenait des livres aussi, je pense, mais je n’y avais pas accès. Ou alors je pouvais y créer des livres mais sans parvenir à les lire, je ne sais plus…

Je sentais que je me réveillais, mais je ne voulais pas laisser le petit garçon tout seul. L’homme m’a assuré qu’il ne lui arriverait rien. Et je savais bien qu’il disait vrai. J’agissais de façon égoïste : je voulais passer plus de temps avec lui alors qu’il n’était pas censé rester avec moi…

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