Chapitre 8 Invitation impériale

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Princesse impériale ! Quelle blague ! ...

Profondément irritée, le corps tendu, l'elfe enfonçait, coup après coup, des poings rageurs dans un sac de sable pendu au plafond de la salle d'armes, vide à l'heure du repas. L'ironie amère de son sort se faisait plus cruellement sentir depuis qu'elle avait déclaré ses titres.

Impressionnants, hein ? Oui. Utiles ? Peut-être. Vrai ? C'est à voir ! Ils étaient bien vrais dans une certaine mesure, mais dans les faits, Samantha ne différait en rien d'un chevalier ordinaire.

Titres princiers, noblesse, qu'est-ce que cela vaut ? Dans un combat comme dans la vie, l'intelligence, la force et l'entreprise importent plus. Toutes ces histoires d'Empires, de dynasties et de hiérarchie ne servent à rien.

En sueur, des mèches de cheveux collées au front, le corps tremblant après l'effort , elle se laissa glisser au sol. Elle souffla profondément, évacuant l'amertume de son cœur.

  • Encore à l'entraînement ?

L'elfe laissa s'échapper un petit rire et se leva pour faire face à l'archer qui l'avait agressée. Petit et mince, le visage pâle et les yeux noirs enfoncés, la silhouette vaguement dessinée par des vêtements sombres et peu encombrants, il avait l'air... banal. Et c'était justement cela qui était étrange. Tous les soldats du Duc se remarquaient par leur haute stature, leur large carrure et leur aptitude à mobiliser l'attention. Celui-là pouvait se fondre dans la foule facilement et passer inaperçu. Peut-être était-ce là sa force, car la jeune femme ne l'avait pas remarqué au premier abord, et seuls ses réflexes lui avaient évité d'être blessée.

  • Tu es discret. Je me suis laissée surprendre.

Il l'observa sans mot dire.

  • Tu es douée , articula-t-il après un silence.

Samantha hocha la tête.

  • Toi aussi.

Il la regarda avec un extrême sérieux, la jaugea et réfléchit avec une intense rapidité. Conclusion faite, il lui tendit une main rude et cordiale.

  • Bienvenue.

La princesse la serra brièvement et avec force, en le regardant droit dans les yeux.

  • Merci.

Un son de pas dans le couloir détourna son attention, et elle lâcha la main de l'homme qui s'éloigna tranquillement. En passant la porte, il croisa Brorel qui arrivait à grands pas, et ne s'arrêta pas. Chacun d'entre eux continua sa route sans se jeter un seul regard.

  • Vous avez conversé avec Chalsän ? interrogea le Duc.
  • Hummm, un peu, pourquoi ?

Il n'est pas du genre expressif, si vous voyez ce que je veux dire.

  • Je vois.

Le général s'était rapproché et ils se trouvaient maintenant l'un en face de l'autre.

  • Duc, nous devons parler. Voilà plus d'un jour que vous me faites patienter.

Ce dernier acquiesca.

  • Vous ne vous laissez jamais distraire de votre but, n'est-ce pas ?
  • Certainement pas quand c'est aussi important.
  • Soit. Dans ce cas, allons dans mon bureau.


  • Vous savez qu'une délégation du Royaume Lunaire a débarqué hier ?
  • Oui.
  • Officiellement, ils sont venus pour tisser des liens d'amitié entre nos nations respectives. Mais, officieusement, ils sont ici pour faire partie du groupe que nous souhaitons former pour se rendre à L'Île Maudite.

La jeune femme fronça les sourcils.

  • Ils sont trois. Tout le Royaume est-il au courant, ou seulement eux ?
  • Seulement eux. Ils ont une relation assez intime avec Withall, avec lequel ils ont étudié la magie. Ce dernier a réalisé ses recherches avec leur aide.
  • Je vois. Je suppose qu'ils sont dignes de confiance, dans ce cas.
  • Je n'ai pas votre clairvoyance, mais je le crois.
  • Bien, mais je souhaiterais m'en assurer, et pour ce faire, les rencontrer.
  • Justement, Votre Altesse.

Brorel tendit à la jeune femme l'invitation à la réception donnée en l'honneur des invités royaux. Samantha ouvrit l'enveloppe et lut :

  • Sa grâce Samantha Adfaren, dame guerrière d'opale, est conviée à se joindre à la famille royale d'Astror pour accueillir avec tous les honneurs dûs à leurs rangs leurs Altesses Royales Fox et Gloriosa Spiderwhite ainsi que sa Grâce Aodh Diamandsparkle. Les festivités auront lieu au Palais principal ce troisième jour de la Lune Écarlate, à l'heure précédant le coucher du soleil.

L'elfe apprécia en silence que ses noms et qualités n'y soient pas divulgués. Trop de gens le savait déjà, elle ne souhaitait pas que l royaume tout entier en soit averti. Un détail la turlupinait, cependant.

  • Pourquoi m'invite-t-on ?
  • J'ai l'honneur de vous avoir présentée comme ma partenaire. Par politesse, on vous a également envoyé une convocation.
  • Vous avez fait au mieux. Ainsi, ma présence à la capitale n'étonnera pas la noblesse. Quoique...
  • Je m'excuse de ne pas vous avoir avertie plus tôt et placée devant le fait accompli. J'ai été pris de court par le temps, aussi, je vous prierai de bien vouloir m'accorder votre indulgence.
  • Vous êtes bien galant, Duc. Je suis un soldat, je ne m'embarasse pas de tout cela. Vous avez fait ce qu'il fallait, je me dois de vous remercier. De plus, corrigez-moi si je me trompe, mais je vous soupçonne de dissimuler votre réelle personnalité sous vos dehors affables.
  • Croyez-vous ?

Brorel leva un sourcil d'un air de doute, puis eut un sourire mystérieux et ne s'attarda pas à répondre, ce qui conforta la semi-elfe dans ses convictions.

  • Soit, vous ne m'en direz pas plus. Je souhaiterais consulter quelques cartes et documents afin de préparer notre prochain voyage. Y voyez-vous un quelconque inconvénient ?
  • Aucun, ma Dame. Je vous ferai indiquer la bibliothèque.
  • Je pense à quelque chose, votre Grâce. La fête est le troisième jour de la Lune Écarlate. C'est...
  • Ce soir, oui.

Samantha se frotta le visage de frustration. Elle n'aurait jamais le temps de s'apprêter, étudier les cartes et se rendre à la demeure royale en si peu de temps.

  • Ne vous inquiétez pas, Samantha. Je vous enverrai Mariette, avec qui vous avez sympathisé, ce me semble, pour vous aider. Vous aurez la journée de demain pour préparer notre départ. De plus, vous pourrez bénéficier de l'aide de mon bibliothécaire. Oubliez vos soucis pour aujourd'hui.
  • Je tenterai. Quoiqu'il en soit, merci pour votre sollicitude, Freewood.
  • Je vous en prie ; à bientôt.

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