Chapitre 15 Un mauvais pressentiment justifié

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Les jardins royaux étaient éclairés ça et là de lanternes magiques qui diffusaient une lueur bleue. Cette lumière ne suffisait pas à éliminer toutes les zones d'ombres. Les grandes haies prodiguaient une intimité suffisante pour que les couples puissent s'y isoler pour trouver la tranquilité.

Des groupes de jeunes gens fumaient un verre à la main et riait bruyamment. Le regard de Samantha glissa sur eux. Ils n'étaient d'aucun intérêt. Courtisans riches, fils à papa, ils étaient plus habitués au Quartier des Plaisirs qu'au champ de bataille.

La magicienne ajusta ses sens magiques pour retrouver Brorel de Freewood dans l'immensité des jardins. Ce dernier se trouvait dans un coin moins éclairé, en compagnie d'un inconnu dont la longue cape dissimulait l'apparence.

  • Général.
  • Vous voilà.

La princesse fit deux pas dans sa direction. Dans le même intervalle de temps, l'énigmatique étranger disparut, comme happé par l'obscurité. Ce fut comme s'il n'avait jamais été là.

  • Alors, quel est le plan, Duc ?
  • Il vient de changer.
  • Est-ce la raison pour laquelle vous ne m'avez rien expliqué ? Vous n'étiez sûr de rien ?
  • J'attendais des informations.
  • Je vois. Donc ?
  • Vous allez suveiller le Baron.
  • Soit.
  • Il va certainement quitter la soirée d'ici peu. Prenez ceci.

Le général tendit à la guerrière une boucle d'oreille. Cette dernière la prit et l'observa. Une puissance d'origine inconnue s'en dégageait. Elle ne parvenait pas à savoir qui avait enchanté cet objet. En revanche, le sort lui était familier.

  • Communication ?
  • Exact. Vous savez comment cela fonctionne ?
  • Oui.
  • Je vous laisse vous occuper de Ronchelles. Prévenez-moi quand vous le voyez quitter la pièce. Je vous indiquerai le lieu où me rejoindre pour la suite de l'opération.
  • Soit.
  • Soyez prudente, Samantha, cet homme est extrêmement dangereux.
  • Oui. À bientôt.

Le Duc se fondit à son tour dans la nuit. La guerrière restée seule s'assura d'abord que personne ne pouvait la voir. Confiante, elle invoqua une dague de métal sombre.

Peste soit des robes de soirée longues et peu pratiques. Elle réfléchit rapidement et finit par attacher la lame à sa cuisse. Elle était ainsi dissimulé par le tissu et impossible à repérer. Espérons que je n'ai pas à me battre, souhaita-t-elle. Je serais embêtée par ma tenue.

Un couple passa près d'elle, à moitié ivre. La femme s'appuyait sur son compagnon en gloussant stupidement. La guerrière attendit qu'ils se soient éloignés pour regagner les abords du Palais. Les regards avides des hommes qui parlaient bruyamment à l'extérieur la fit frémir de dégoût.

Elle les contourna pour pénétrer dans la salle de réception surchauffée. Les fenêtres grandes ouvertes ne suffisaient pas à rafraîchir l'air. Les verres d'alcool circulaient et se vidaient plus vite qu'ils étaient remplis.

À mesure que la princesse avançait, l'atmosphère s'allégeait et le brouhaha des conversations s'amenuisait. En petits groupes, assis à des tables auxquelles des paravents donnaient un peu d'intimité, l'élite du Royaume se trouvait là.

La Reine Maria-Pia présidait une calme conversation avec ses dames de compagnie. Les grandes ladies de l'État parlaient très sérieusement de politique, d'économie et d'organisation. Son époux Aleksanteri Ariadne s'entretenait avec ses proches à quelques pas de là.

Un regard insistant pesait sur elle. Elle se tourna vers le prince Roald qui l'observait avec attention. Il glissa quelques mots à sa soeur sans la quitter des yeux. Mal à l'aise de cette attention à son égard, Samantha se dirigea le plus naturellement possible vers Nostel de Freewood.

  • Votre Grâce, comment se passe votre soirée ?

Elle observa du coin de l'oeil du Baron de Rochelles, qui écoutait les conversations d'un air ennuyé sans dire un mot.

  • Merci de votre sollicitude, ma Lady. Mon frère vous a-t-il abandonnée ?
  • Pas vraiment.
  • Je vois.

Le regard de Samantha fut attiré par l'arrivée discrète d'un domestique qui vint glisser quelques mots à l'oreille de Rochelles. Elle ne parvint à saisir que la fin de la phrase du Duc.

  • ... ser.
  • Excusez-moi ?
  • Je vous demandais si vous me feriez l'amitié de m'accorder cette danse.
  • Je suis désolée mais je vais devoir refuser. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, ce n'est en aucun cas contre vous.
  • Bien sûr que non. Je sais que vous n'êtes pas là pour vous amuser.
  • Merci, votre Grâce.

Suivie par le regard déçu de Nostel, la jeune femme sortit de la salle par une porte latérale à la suite du baron. Discrètement, elle emprunta le même couloir. Elle tapota la boucle d'oreille qu'elle avait passée à son oreille.

  • Brorel, Rochelles a quitté la réception. Il va sortir sur la rue qui borde le canal.
  • ...
  • Brorel ! Répondez bon sang !

Seul le silence répondit à l'inquiétude de la guerrière qui serra le poing pour garder son calme. Elle se força à compter jusqu'à cinq avant d'appeler.

  • Brorel !

Rien. Elle n'entendit que l'écho de sa propre voix résonner dans sa tête, son insensé.

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