14/07

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La plume sur le rocher, là haut, s’écarlate de brune et s’incarnate de lime sur des barreaux de prison, se flèche et s’empenne, sur plus d’un empan, le long des mains courantes, des mains froides de fièvre, des mains d’encre noire et seiche, comme du sang papier, des émeraudes clandestines et des dents d’agrafeuses. Le parfum des silences, comme des croisées, comme des charpentes, des moellons, des bungalows de bengale où se tigrer la peau d’ombres vénitiennes aux creux des bras qui saignent. Se carnavaler la face de sourires bruissants, se tinter les yeux de grelots de khôl et de colère que l’on cueille sans raison, à la fripe des habits de moine et de bruyère. Le cloître des mérites et le beffroi des angoisses où résonne tout ce qui cloche, le bronze des coulées de larmes sur l’airain des fatigues. Les chants liturgiques, léthargiques comme des berceuses trop près du murmure de l’hiver. La pierre qui git comme des gitans sans chemin, sans roulotte ni voyage, à se fixer du regard comme la mousse à la pierre. Les cendres se mordent les doigts à fumer le mégot des averses d’hier et des passages à tabac. La bouche pleine de fumée sans feu ni artifice, qu’eblouhisse le grand voile du soir sur des visages de lune en croissant, et des feuilles de vigne sur les branches des étoiles autour du cou, parsemé de cimes et d’alto sur la corde des vocalises emmurmurées, le cri des spectacles cloués. Accrocher les linges de la veille, humides des échecs dans les flaques de l’enfance, sur les fils prodigues, tendus d’épaules à bout de bras, sous le regard des pères meurtris au vent d’avant et espèrent. Fils de pêche et des filets en défilés, les détroits et les détours que l’on sème, pourtant, que l’on s’aime, dans le silence des regards de tourbes claires et d’orient, de riens qui rient aux éclats des mines tristes sur les plages de plombs. Fils de taille et de bataille, fils d’entrailles à recoudre sur des sutures mal en point, en pointillés, en poings serrés sur des couteaux tirés. S’étirer à la ligne des points en suspens et des déclamations, à poings fermés entre deux oreilles qui se respirent comme des coquillages. Dedans, le bruit des mers, le bruit vague de l’eau qui roule, qui s’enroule, débiroule, débris de houle sur le coeur, qui s’amarre, qui chavire, se carène en caresses à fleur d’eau, à fleur de peau, à fleur de paume et de poèmes, à se bercer de vers et d’envers et contre tout, tout contre, tout contre tout contre nous. Fermer le temps, fermer l’instant dans la boîte, comme une photographie qui s’écrie de lumière dans la pénombre des heures qui filent, se faufilent et se défilent quand on voudrait les saisir, les retenir par la manche comme des amants en guerre, sur le quai des sommeils. Et que vienne l’aube, déjà, guettant aux rideaux, dessinant sous les cils des chemins de ronce et de papier, rouges comme octobre et les pluies aux fenêtres, les orages des espoirs diluviens, dilués de non lieu, de non temps, de non sens vers où tendre la voile et plonger la rame. Restent les fils, comme des pianos de pluie, des croches temps sur des valses à mille pattes, à tomber dans les nuages, à se jouer des bémols et des fadaises, à se tenir l’âme, hein, comme on se tiendrait la jambe. Et s’époumoner de vide sur des apnées adolescentes qui se déboutonnent, se traînent dans la poussière des sols pleureurs, se fraient sur l’écume des murs des mirages troglodytes, s’exaucent de nimbes et de fêlures, de cris qui cèdent et de jamais qui rompent. Restent les fils, fils de lin, fils de l’un ou de l’autre, fils de lien comme des maris honnêtes, pauvres pantins de cire, s’effondrent et se fondent, au doigt et à l’oeil des moires sans mémoire ni reflet, qui glissent les doigts impavides comme des socs de charrue, abreuvent les sillons de si on sinueux et de sinon rien. Et se jeter le rien sur les tables de jeu comme des atouts, se prêter le rien à tout va et ne rien se donner, rien que le temps, rien qu’un temps, le temps de ne rien faire ou de faire tout le reste.

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