Chapitre 9 - Une promesse

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Naola et Mattéo rejoignirent la réception. Le dignitaire et sa compagne avaient fini de danser et s’étaient rassis à leur table. La fédérale grimaça. Elle ne savait pas combien de temps ils étaient partis. Assez pour que les couples aient changé sur la piste de danse. Elle n’avait pas prévu de s’éclipser si longtemps. Glyndwir devait s’impatienter. Elle se rassit et adressa un sourire d’excuse à son interlocuteur de la soirée.

« Toutes mes excuses, nous avons profité de votre départ pour régler une affaire. Que disions-nous ? »

Le jeune homme, quant à lui, venait d’avoir une idée. Il s’adressa à Adélaïde, sur un ton très courtois.

« Je n’ai pas eu l’occasion de danser. Serait-il déplacé de vous inviter à vous joindre à moi le temps d’une musique ? »

Il avait placé une main dans son dos et tendait l’autre à la jeune femme, le buste légèrement incliné. Son concentrateur apparut, hors de sa vue, pendant qu’il préparait un sort. Si elle était joueuse, elle accepterait la danse. Et joueuse, elle l’était. D’autant plus qu’il venait de lui envoyer une brève attaque mentale. Courte, peu puissante, mais suffisante pour être perçue.

Elle interrogea le dignitaire du regard, comme pour demander son autorisation. L’homme lui fit un signe de tête encourageant, avant de poursuivre son discours, au demeurant très passionnant, sur l’importance des valeurs sportives dans les programmes électoraux.

Un sourire amusé flotta sur les lèvres de la femme, elle accepta la main qu’il lui tendait :

« Une danse ne se refuse pas. »

Il l’aida à se relever et l’entraîna sur la piste de danse. Il la salua et, au moment où il entamait les premiers pas et sans faire varier son expression agréable, il dit :

« Je viens de relâcher un sortilège qui nous isole des autres danseurs. Il empêche aussi toute sortie mentaliste… »

Son ton, en revanche, n’avait rien de comparable. Il était froid et sec. On sentait un clair dégoût dans sa voix.

« Je suppose que tu t’amuses bien ?

— Oh. On se tutoie alors ? » répondit-elle.

Il ne voyait en effet aucune raison de la vouvoyer ni de lui témoigner le moindre respect réel. Elle se prêta au jeu, charmante, aimable, et conservait la même expression enjouée. Sauf que son amusement n’était pas feint.

« Je reconnais que la situation a quelque chose de cocasse », fit-elle en calant son rythme sur celui du jeune homme.

Danser n’était problématique ni pour l’un ni pour l’autre. Elle, parce que cela avait fait partie de son éducation. Lui, parce qu’il avait l’habitude de se battre. Ça n’était pas si différent. Il n’avait aucun problème pour trouver un tempo et le suivre, tout en entraînant sa partenaire dans le mouvement.

« Tu as l’air d’avoir trouvé un bon pigeon… C’est surfait, non ? La séduction pour obtenir ce que l’on veut, quand on fait partie de l’Ordre…

— Ça ne m’amuse pas beaucoup d’user mon décolleté sur ce genre de pigeon. Chacun ses couvertures, monsieur Mattéo Muspell… Mais allons, tu ne m’as certainement pas invitée à danser pour me parler de Glyndwir…

— En effet. J’ai une question. »

Il laissa deux pas supplémentaires passer, pour contrôler sa rage. Puis il lâcha, avec une violence contenue qui ne s’affichait pas sur son visage :

« Qu’est-ce qui peut pousser une femme à accepter qu’on en viole une autre ? »

L’autre marqua une pause, qui se cala sur le tempo, surprise par sa violence. Son expression ne varia pas pour autant, au contraire même, son sourire s’étira, un peu plus ironique encore.

« Quelle hargne ! J’ai fait ce que j’ai pu pour la mettre en garde, elle n’en a pas tenu compte. Je serais curieuse de savoir ce qu’elle t’a raconté. »

Elle prit le temps de quelques mesures avant de poursuivre, toujours sur le même ton :

« A-t-elle mentionné le fait que je l’ai sauvée ? Trois fois. Que sans mes interventions, Muspell, tu l’aurais perdue, ta précieuse amie !

— Sans tes interventions, vous n’auriez pas poussé si loin la torture, répondit-il, agacé. Vous aviez besoin d’elle. Tu n’avais, dans cette histoire, ni plus ni moins que le rôle du bon policier. »

Il ne dit rien pendant trois pas de danse. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas dû exercer un tel contrôle sur lui même. Peut-être serrait-il ses mains un peu plus fort qu’il ne l’aurait dû. Mais cela pouvait passer pour une poigne assurée. Poigne qu’il avait, de toute façon.

« C’est donc ça, l’excuse que tu t’es trouvée ? Tu l’avais mise en garde ? »

Trois nouveaux pas de danse, puis il lâcha sa partenaire, pour effectuer une passe particulière, élégante et compliquée.

« Tu me dégoûtes. »

Il la rattrapa, le bras dans son dos, et termina la figure sous une exclamation impressionnée à l’extérieur de leur bulle. Il n’y prêta pas attention.

Adélaïde avait plus l’air de se réjouir de l’échange que d’en être gênée, il était clair qu’elle prenait même un certain plaisir à sentir son cavalier s’énerver. Elle se surprit à apprécier la danse, et, lorsqu’elle y repenserait plus tard, elle s’étonnerait de la sincérité, réelle, sur le moment, des réponses qu’elle lui fit :

« J’ai œuvré pour qu’elle ait des alternatives. Elle aurait pu rejoindre l’Ordre, si elle avait été sensée. On recrute bien les gens qui sont capables de tuer.

— Entrer à l’Ordre n’est pas une alternative. Tu connais mon passif avec vous, n’est-ce pas ? »

La fin de la chanson approchait et il avait toujours un sourire aimable, voire amusé, sur le visage. De l’extérieur, la danse devait faire un bel effet et quelques personnes les regardaient, sans trouver cela étrange de ne pas les entendre.

« Je sais qui tu es et d’où tu viens, oui.

— Sais-tu combien des hommes qui ont accompagné Leuthar pour tuer mon frère, sont encore en vie ? »

La jeune femme s’arrêta en même temps que la musique, toujours souriante, comme si elle venait de passer un agréable moment.

« J’imagine que tu crois me menacer… fit-elle, froide pour la première fois, en dépit de son sourire.

— La réponse est un. Il reste un seul de ces hommes en vie. Ce n’est pas une menace. »

Il salua et elle l’entendit dire, alors qu’elle-même s’inclinait :

« C’est une promesse. » Ils regagnèrent leur place, souriant, après avoir remercié les quelques personnes qui les applaudirent. On leur demanda s’ils dansaient à deux de manière régulière. Ce qui fit doucement rire l’homme, comme s’il était gêné. Non. Ils ne se connaissaient pas avant ce soir. Mattéo déposa un léger baiser sur la joue de Naola avant de s’asseoir. Et c’est à ce moment-là que le combat commença.

Tout sorcier normalement constitué, tout être humain, même, est, dans une certaine mesure, mentaliste. On se protège du monde extérieur, on le filtre pour que sa réalité nous apparaisse moins crue, plus supportable dans notre référentiel personnel. Parfois, même le quotidien le plus banal vient nous agresser, on perd d’un coup la maitrise de son ressenti, d’une crise de larmes, d’un éclat de rire.

Le sorcier mentaliste use de charmes pour augmenter sa perception des autres pour aller jusqu’à interagir mentalement avec eux. Il est rare que l’interaction soit pacifique.

Dans sa pratique la plus grossière, un combat de ce type est comparable à l’affrontement de deux volontés. C’est alors la capacité de résistance du défenseur mesurée à la puissance d’attaque de l’agresseur qui définit l’issue. Si le premier cède, le second peut accéder au flux de ses pensées, l’influencer, le remonter, l’imposer, voir le détruire. Une telle intrusion, violente par définition, n’est pas sans conséquence.

Mais ni Mattéo ni Adélaïde n’étaient des débutants et leur altercation fut on ne peut plus subtile. Le but du jeune homme était de détourner l’attention de la femme de l’Ordre de sa compagne. Qu’elle fiche la paix à Naola. À peine eurent-ils rejoint leurs chaises qu’ils s’attaquèrent mutuellement. En façade, ils poursuivirent leur paisible et mondaine discussion.

« C’était un plaisir d’être votre cavalière pour cette danse, où avez-vous appris le rock ? » fit Adélaïde, alors qu’elle gérait, en simultané, sa propre défense et deux attaques, d’intensité moyenne, sur le couple.

Intensité moyenne, comme elle avait déjà eu l’occasion de s’en rendre compte, c’était presque insupportable pour Naola. Du fait, la fille se crispa et perdit une seconde le fil de ses pensées, bafouilla, le temps de retrouver ses mots. Elle fut saisie, en revanche, par la résistance qu’elle perçut du côté du sorcier. L’attaquer de front, c’était se prendre un mur. Quant au coup qu’il chercha à lui porter, elle fut heureuse d’être véloce à consolider ses propres barrières, car il la surprit, aussi bien en puissance qu’en précision. Se pourrait-il qu’elle ait en face d’elle un adversaire à sa taille ?

« J’ai appris le rock durant des vacances d’été. Je me suis perfectionné par la suite », répondit-il, aimable alors qu’il lui lançait une série de salves d’intensités variables.

Il l’avait sentie reculer à sa première pique et à présent, il en était certain, il avait toute son attention.

« Vous-même vous êtes très bien débrouillée. »

Adélaïde était impassible, elle dégustait son plat avec beaucoup de naturel. Elle connaissait bien les différences entre les attaques pour déstabiliser et celles pour forcer. Elle savait qu’il n’était pas sérieux. Ce qui tombait bien, car elle non plus.

« Lors d’un rock, il suffit de se laisser guider, ça n’a rien de très compliqué. Mais j’avoue apprécier ce genre de distractions. »

Ils discutèrent ainsi, légers dans leurs propos alors que Mattéo prenait la décision de forcer ses pensées au lieu de frapper simplement sa garde. Ses assauts s’égrenèrent lentement. Vifs. Fulgurants. Intemporels ou plutôt sans aucune temporalité. Le temps d’attaquer, celui de défendre, s’écoulait comme dans un rêve, hors de cette réalité.

Mattéo établit ses attaques avec un soin millimétré. Il ne se contenta pas de parler alors que leur combat s’étirait.

Très concentré, il composait en même temps un sortilège de défense complexe. Sur sa serviette il traçait du doigt plusieurs signes, précis, comme s’il les dessinait. Le motif formait un grand arbre, six branches, trois racines, invisible à l’oeil. Il encrait son tracé en passant le pouce sur son concentrateur, avec de la magie pure.

Adélaïde repoussait, mécanique. Elle comptait, toutes ses facultés occupées à se bercer de son rythme à lui. Sentir, sensible, les cordes de la bataille qu’ils menaient. Elle attendit qu’on leur serve le dessert, et son petit vin frais, pétillant, pour le contrer. Elle avait déployé sa toile mentale autour d’eux.

Contrer, c’était le calcul parfait, savoir déporter la force de l’adversaire à l’instant précis où il était possible de le faire basculer, alors même que le concept d’instant mouvait. De là, harponner son esprit. Le piéger, retenu par ses filins. Et lui imposer avec violence la surprise qu’elle avait préparée pour lui.

Sans la protection qu’il venait de déposer, d’un geste naturel, sur la cuisse de Naola, sans doute aurait-il pu éviter le piège d’Adélaïde. Ou peut-être aurait-il eu la possibilité de riposter. À moins qu’il n’ait baissé sa garde, soulagé de pouvoir enfin protéger la jeune femme. En tout cas, il se prit le poison d’Adélaïde de plein fouet.

Il ne manqua qu’un battement de coeur, mais cela lui parut durer en temps indéfiniment long. Bloqué dans la conscience de la femme de l’Ordre, il assista, impuissant, aux souvenirs qu’elle lui imposa. Il avait encore la main sur la cuisse de Naola, pourtant elle n’était plus à ses côtés, mais sous ses yeux. Il vit défiler une succession d’images, de sons, d’odeurs. Son amie presque morte, en sang sur le sol. La torture, puis le regard vide, la gêne de Naola alors qu’elle tentait, tremblante, de reboutonner sa chemise.

Lutter pour sortir de ce piège. S’en extirper comme on brise la surface de l’eau. Reprendre sa respiration alors qu’on vient d’éviter la noyade. Du même coup, il serra le poing sur le verre de vin qu’il tenait. Il y eut un éclat aigu et il se retrouva avec de nombreux morceaux de verre fiché dans la main. Ses compagnons de tablée sursautèrent et l’émissaire fronça les sourcils, un peu ennuyé. Mais après tout, il était très jeune ce jeune homme. Naola prit un air inquiet. Malgré elle, plus inquiet que ce qui était raisonnable. Vin et sang dégoulinaient sur son assiette. Il ne s’était pas écoulé une seule seconde dans cette réalité.

Son visage, qu’il contrôlait si bien d’habitude, resta crispé deux longues secondes avant qu’il ne se reprenne. Il afficha un air navré et se leva d’un coup. Les discussions s’étaient arrêtées et on regardait le jeune homme, surpris par l’accident.

« Je suis vraiment désolé ! Je ne pensais pas que c’était si fragile… »

Il se passa la main encore valide dans les cheveux. Cela eut le bon ton de masquer le tressaillement que provoqua l’attaque mentale de son Maître qu’il venait de recevoir. Il devait savoir se contrôler, en toute situation. Adélaïde en profita pour lancer une petite pique à sa compagne… Et fut surpris qu’elle n’aboutisse pas. Elle eut l’impression de glisser sur une surface très lisse. Elle sourit à cet état de fait, curieuse de savoir ce qui avait changé.

Un majordome s’approcha rapidement pour lui proposer son aide alors qu’à ses pieds un webster s’occupait d’éponger et de nettoyer le sol.

« Votre main, Monsieur… fit le sorcier, très poliment.

— Je vais me débrouiller, répondit Mattéo en se tournant vers les trois personnes avec qui il mangeait. Veuillez m’excuser, je reviens immédiatement. »

Naola réagit une seconde trop tard. Elle amorça un mouvement pour se lever, ouvrit la bouche pour dire qu’elle l’accompagnait, mais le dignitaire la devança.

« Esther, peux-tu aller voir ce qui ne va pas ? »

Puis à l’adresse de Naola, avec un sourire complice :

« Les hommes, hein. Toujours à vouloir se montrer fort alors qu’il suffit parfois de laisser faire les autorités compétentes… »

La femme retomba sur sa chaise, rattrapant du même coup la serviette de Mattéo avant qu’elle ne tombe au sol. Malgré tous les efforts qu’elle déployait, elle avait pâli. Elle se reprit et répondit, avec un sourire tout aussi entendu.

« Je suis désolée, je ne sais pas ce qui lui a pris… Nous disions donc… »

Adélaïde avait hoché la tête et s’était levée, bien contrainte de suivre le jeune homme et pas franchement enjouée à l’idée de devoir être seule avec lui. Elle rejoignit Mattéo, entrant du même coup dans les toilettes pour hommes. C’est un sorcier en garde qu’elle y découvrit, concentrateur armé et visible autour de sa main droite. Sa main gauche était bien plus en sang que ce qu’elle aurait dû l’être. Le mur derrière lui non plus n’était pas dans l’état dans lequel il aurait dû être.

À vrai dire, à peine entrée dans les toilettes il y avait frappé de toute sa force, de toute sa colère. Il fallait que ça sorte, d’une façon ou d’une autre. Il s’était, comme souvent, cassé le poing. C’était fréquent. Il avait toujours sur lui le soin correspondant et connaissait sur le bout des doigts le sortilège qui lui rendait l’utilisation de sa main. Le souvenir net du corps meurtri et humilié de Naola s’était imprimé dans son esprit.

Il avait crié, hurlé de rage. Le cri avait été absorbé par un charme, déployé par réflexe lorsqu’il était entré. Quand la porte s’était ouverte sur Adélaïde, il s’était mis en garde. Et quand il vit qu’elle ne venait pas menaçante, il baissa sa main et lui adressa un regard noir. Il savait le moment mal choisi pour assouvir sa soif de vengeance.

« C’est ton pigeon qui t’a envoyé, je suppose. Tu n’aurais pas eu le cran de venir de toi même. »

Personne ne pouvait les entendre, il le savait, comme il savait qu’ils étaient seuls. Il s’en était assuré d’une détection, à son arrivée dans la pièce. Il était libre de cracher toute la haine qu’il avait pour elle, dans ses paroles, dans son attitude, dans ses expressions. Et il ne se priva pas.

Il se détourna et prit son pouls. Il était redescendu. Un sac apparut sur son épaule. Une sacoche de cuir noir patiné par les ans. L’instant d’après elle avait disparu et Mattéo buvait un sérum vert. Le bouchon lui servirait de concentrateur. Un classique pour les sorciers qui n’étaient pas médecins. Il plaça la petite capsule d’iris au creux de sa main et lança la guérison de son poing. Il ne voulait pas risquer d’avoir des cicatrices en utilisant quelque chose de plus basique.

Les morceaux de verres tombèrent dans l’évier au-dessus duquel il s’était placé. Puis les plaies commencèrent à se fermer, doucement. Il garda le regard fixé dessus. L’autre prit un air très poli, un sourire mondain

« Vous ne voudriez pas me montrer votre poing ? Il parait que je suis médecin. »

Puis son expression changea en un rictus tout à fait ironique. Maintenant qu’elle avait compris qu’il ne l’attaquerait pas, elle trouvait la situation plus confortable. Elle croisa les bras et s’adossa au mur, attendant elle aussi, avec un petit sourire en coin, que le poing guérisse. Qu’ils puissent retourner dans la salle.

« Je me suis énervé, je me suis laissé piéger, mais j’ai tout de même réussi, n’est-ce pas ? Tu ne pensais pas que c’était possible, je me trompe ? » demanda-t-il, à mi-voix, les yeux sur son poing.

Le sang arrêtait de couler et la peau semblait se souder en créant une très fine marque blanche. Celle-ci disparut dans les minutes qui suivirent. Il pouvait de nouveau bouger ses doigts. Il les dépliait et repliait de façon régulière, habitué au processus de guérison qu’il appliquait.

Adélaïde haussa les sourcils et le dévisagea un moment sans répondre, cherchant sincèrement ce dont il était en train de parler. Elle finit par comprendre.

« Ha ! La protéger de mes attaques ? J’ai eu l’impression de glisser avant de l’atteindre. C’est intéressant, comment as-tu fait ? »

Elle n’eut pour réponse qu’un haussement de sourcil, insupportable. Sa main était guérie. Alors il serra très fort le poing et le balança en direction de la tête d’Adélaïde, en y mettant toute sa force et sa rapidité. Il s’arrêta à deux centimètres de son visage sans lui avoir laissé le temps de bouger.

« Tu voulais voir mon poing ? demanda-t-il en l’abaissant.

— Puéril, lâcha Esther, sans ciller.

— Je te demande juste de ne pas me sous-estimer la prochaine fois que nous nous rencontrerons. »

Mattéo ne laissa pas le temps à la discussion de s’éterniser et alla ouvrir la porte, levant du même coup le sortilège qui les maintenaient à l’abri de toute oreille indiscrète. Il reprit le personnage mondain qu’il interprétait un peu plus tôt.

« Après vous, Mademoiselle. Après ce que vous avez fait pour moi, je vois mal comment vous remercier !

— Il n’y a pas à me remercier, c’est normal quand on fait mon métier, de soigner des gens », minauda Adélaïde en reprenant elle aussi son jeu.

Ils rejoignirent leur table sans attirer l’attention. L’incident était déjà oublié. Peut-être y repenserait-on le lendemain avec un brin d’amusement. Mais pour l’instant, chacun était occupé à ses fins politiques. Car c’était à cela que servaient ces galas. Seuls les débutants pouvaient prendre la soirée pour du divertissement.

« Voilà, je vous le rends comme neuf, Mademoiselle Dagda, fit Esther en reprenant sa place à côté de son pigeon.

— J’espère bien »

Le sourire que Naola lui avait adressé était un peu forcé, mais cela passait très bien dans le contexte. Mattéo le lui rendit en s’asseyant, comme pour la rassurer. Il allait bien.

Il n’y eut plus d’autres incidents. La sorcière réussit à obtenir un rendez-vous dans les bureaux du représentant. Elle avait pu poursuivre sa discussion sans que la femme de l’Ordre ne l’atteigne. Cette dernière s’obstina sur le bouclier le restant de la soirée et les laissa en paix.

*

Le couple se transféra dans le salon. Le feu y brulait, comme toujours. Mattéo appela le webster pour qu’il le débarrasse de sa cape. Il fit aussi apporter de quoi prendre du thé ou une tisane et s’assit dans son fauteuil habituel.

« Je suis content que les runes aient fonctionné. »

Sa voix était encore chargée des relents de sa colère, mais ce n’était rien comparé à tout à l’heure. La jeune femme s’était elle aussi défaite de sa cape. Elle était très lasse.

« Moi aussi. C’était une bonne idée, elle s’est acharnée dessus jusqu’au tout dernier moment. »

Elle se laissa tomber dans un des fauteuils et se massa doucement les tempes. Si la deuxième partie de la soirée avait été difficile pour Mattéo et plus simple pour elle, la première partie l’avait usée. Maintenant qu’elle se relâchait, elle avait du mal à maîtriser sa nervosité. Une tisane, ça la détendrait sans doute.

« Je ne vois pas comment j’aurais pu te prévenir plus tôt. On a tendance à trop compter sur votre système de communication mentale », fit-elle, alors qu’elle se repassait en pensée le déroulement de la soirée.

Elle se mordit la lèvre.

« Elle a riposté n’est-ce pas, quand tu as cherché à l’attaquer ?

— Elle n’a pas cherché à m’attaquer, elle m’a contré. Je l’attaquais sans arrêt et j’ai dû me laisser piéger pour pouvoir me concentrer sur les runes.

— Qu’est-ce qu’elle t’a montré ? demanda la jeune femme, trop vivement pour ne pas laisser transparaitre sa colère.

— Elle ne m’a pas montré, elle m’a forcé à voir. »

Il ne réussissait pas à sortir ces images de sa tête. Il fit un geste de la main, comme pour balayer ces souvenirs qui n’étaient pas les siens. La jeune femme serra les dents. Il resta silencieux un moment.

« Tu étais au sol, recouverte de sang. »

Il s’arrêta brutalement et lui jeta un coup d’oeil. La force de l’habitude le poussait à détailler les évènements comme il l’aurait fait avec son Maître. Mais, à la réflexion, la jeune femme n’avait sans doute pas besoin de ce niveau de précision.

« Tu es sûr de vouloir que je continue ? »

Naola ne répondit pas tout de suite non plus. Elle avait ressenti beaucoup de choses vis-à-vis de son enlèvement, mais c’était la première fois, a posteriori, qu’elle éprouvait une telle rage.

« Bien sûr que non ! Je ne veux pas que tu continues ! »

Elle se leva et se mit à marcher vers le feu. Elle s’appuya sur la cheminée, penchée sur l’âtre. Elle lui tournait le dos.

« Quoi qu’elle t’ait forcé à voir… Elle n’avait pas à t’imposer ça. »

Elle se retourna vers lui, elle ne criait pas vraiment, mais sa voix avait pris de l’amplitude.

« Et tu n’avais pas à payer ce prix-là ! »

L’homme se releva et se rapprocha de la jeune femme, irrité qu’elle hausse le ton.

« Ce n’est pas à toi de décider du prix que je peux payer pour ce genre de choses, s’exclama-t-il. Tu aurais fait exactement la même chose à ma place ! Elle a déjà bien trop eu l’occasion de s’attaquer à toi. Elle n’avait pas le droit de continuer comme ça ! Je ne veux pas qu’elle puisse jouer comme ça avec toi ! Ni aujourd’hui, ni jamais. »

Elle frémit, qu’il élève la voix contre elle, même un peu, c’était trop pour ses nerfs. Elle se mit à pleurer, des larmes nerveuses, de colère.

« Qu’elle s’en prenne à toi à la place n’était pas la solution ! »

Elle reprit sa respiration et lança :

« Vraiment, toute une vie avec ces… images, c’est le prix que tu as décidé de payer pour me laisser… deux heures de tranquillité ? À moi, on n’a pas laissé le choix ! »

Mattéo attrapa sa main et l’attira vers lui, la serra dans ses bras.

« Ce ne sont pas les premières images de ce genre que je vois. S’il te plaît, ne te fais pas de soucis pour moi.

— Tu ferais exactement la même chose à ma place », répondit-elle, sans réussir à baisser le ton.

On ne pouvait pas dire qu’elle se laissait aller à l’étreinte du jeune homme. Elle ne luttait pas non plus contre, mais de peu.

« Oui, très certainement », admit-il, simplement, sans bouger.

Elle serra les dents et les poings. Elle n’arrivait pas à lâcher prise. Enfin, elle avait cessé de pleurer, mais ça n’était pas un réconfort. C’était inutile de diriger sa colère sur Mattéo. Il avait fait ce qui lui avait semblé bien.

Elle se dégagea, plus sèchement qu’elle l’aurait voulu, et alla s’appuyer sur l’accoudoir du fauteuil le plus près de la cheminée. Toujours tremblante, elle perdit son regard dans le foyer. Après un long silence passé à mettre un peu d’ordre dans ses pensées, elle dit, la mâchoire crispée

« Quand je l’ai reconnue, j’ai eu peur. Je ne réussis pas à éprouver de la colère contre elle, pour ce qu’elle m’a fait. Même là. Même si elle s’en est prise à toi, c’est contre toi que c’est dirigé. Contre toi, contre moi, mais pas contre elle. C’est… dégoûtant »

Le jeune homme avait laissé Naola se dégager, plus blessé qu’il n’aurait voulu l’admettre. Ce qui avait pour effet de le mettre en colère. Mais il ne montra rien et retourna s’asseoir dans son fauteuil en se massant l’arête du nez.

« Cela porte un nom. Et c’est courant dans les cas d’enlèvement. »

Il poussa un grand soupir. Il ne pouvait même pas s’énerver contre elle.

« Elle t’a soigné. Même si elle reste ce qu’elle est, et même si tu en es consciente, tu…

— Elle m’a sauvé la vie. Et pas uniquement quand elle m’a soignée », dit-elle, malgré elle, le coupant sèchement.

Elle avala sa salive et expliqua :

« Après avoir… tué Niles et perdu contre l’autre, j’étais choquée, Maya luttait pour que je lui laisse le contrôle, je ne savais plus où j’étais, ce qu’il fallait que je fasse. Elle m’a ordonné “fuis”, et j’ai fui. Et je serais probablement morte, si je ne l’avais pas fait. »

Elle t’a ordonné de fuir en sachant que les autres te rattraperaient, pensa le jeune homme. Mais il ne dit rien. Pour lui, Adélaïde avait plus sauvé sa peau que celle de Naola.

« Même si ça fait quelques mois maintenant, la plaie n’est cicatrisée qu’en surface.

— J’avais espéré qu’elle le soit un peu plus. »

Elle poussa elle aussi un long soupir. Ça valait toujours mieux que de s’énerver à nouveau contre elle même. Elle avait serré l’accoudoir du fauteuil tellement fort qu’elle avait laissé des marques dans le cuir. Elle ne bougea pas, toujours tendue, elle n’était pas apaisée, sa colère grondait toujours, mais elle ne voulait plus y céder.

« Je ne voulais pas m’emporter contre toi. Je suis désolée. C’était un peu… violent, comme expérience, ce dîner.

— À qui le dis-tu… » répondit Mattéo, un sourire ironique sur le visage.

Il se passa ainsi plusieurs minutes sans qu’aucun des deux ne parle. Au bout d’un moment, Mattéo n’y tint plus. Il se releva et parcourut les quelques pas qui le séparaient à nouveau de Naola. Il se pencha vers elle et l’embrassa. Ce n’était pas un baiser spécialement tendre ni doux. Il avait besoin de lui dire combien il l’aimait, pourquoi il s’inquiétait autant pour elle.

Il avait posé une main sur le dossier, derrière elle, et s’était servi de l’autre pour relever son menton. Il espérait qu’elle ne le repousse pas. Elle hésita puis se laissa aller à répondre à son baiser. Elle passa ses mains sur sa nuque. Elle les y laissa même lorsqu’ils cessèrent et posa son front contre son cou. La colère avait eu le temps de descendre. Après un instant de silence, elle finit par dire, très doucement, et avec une voix tremblante :

« J’aurais préféré que tu ne me voies pas comme ça…

— Je sais », répondit-il presque dans un murmure.

Il posa une main à l’arrière de sa tête et la lui passa doucement dans les cheveux. Puis il inclina le cou et y déposa un petit baiser. Et elle se blottit enfin contre lui, sans même essayer de retenir ses larmes. Quelque chose proche du soulagement, en tout cas, des larmes bien plus douces que les pleurs qui l’avaient secouée quelque temps avant. Mattéo resserra légèrement son étreinte et ferma les yeux.

« Je sais bien »

*

La soirée avait été bonne. Quatre affaires réglées. L’avantage des galas c’était la bonne disposition de ses interlocuteurs. Amalia Elfric était en train de plier bagage. Elle repartait avec un lourd paquet, qui avait été mis dans un coin de la salle. Une représentante en tissus, qui voulait voir son contrat pour les uniformes des fédéraux renouvelé, avait tenu à lui laisser un bon nombre d’échantillons. Même si ce n’était absolument pas à elle de gérer cela.

Elle fit signe à l’un des majordomes, très charmante. Un sorcier s’approcha avec un brin de malice dans les yeux. Son uniforme à chemise blanche faisait ressortir son teint basané.

« Madame ?

— Je vais partir. Pouvez-vous me raccompagner à la zone de transfert ? J’ai quelques affaires à emmener.

— Bien sûr madame. »

La fédérale lui sourit pour le remercier et lui désigna le lourd paquet d’habits. L’homme fit apparaître un concentrateur et le souleva sans soucis. Puis il lui emboîta le pas. Mais elle ne s’arrêta pas sur la zone de transfert et la dépassa, sans dire un mot.

« Vous ne vous arrêtez pas ici, madame ? demanda le sorcier, d’un ton amusé.

— Tu as fini ton service, non ? répondit-elle d’un ton bien plus naturel que ce qu’elle avait pu montrer au gala.

— Depuis une heure déjà. »

Elle marcha sans se retourner et sortit du petit château. Personne ne s’étonna du fait qu’elle n’utilise pas le transfert officiel de la soirée. Les fonctionnaires hauts placés pouvaient utiliser le système de transfert fédéral sans être fichés. Le statut d’insaisissable faisait parti des privilèges qu’elle avait négociés en entrant au gouvernement, dès sa première année. Et il était de notoriété publique qu’elle ne se gênait pas pour en profiter à des fins privées.

Ils sortirent du domaine toujours sans échanger un mot. Quelques minutes plus tard, ils étaient hors de vue. L’homme s’arrêta et Amalia l’imita.

« Ça faisait longtemps que tu ne t’étais pas incrusté dans une soirée fédérale… Je te manquais ? demanda-t-elle en se retournant vers lui.

— J’avais mes propres affaires à régler.

— J’avais prévu de repartir avec mon premier rendez-vous… »

C’était entendu entre eux. Ils ne parlaient jamais de leurs affaires. La femme sourit et ajouta :

« Tu as prévu quelque chose ce soir ou tu es libre ? »

Pour toute réponse, il la prit dans ses bras et l’embrassa. Trois ans qu’ils ne l’avaient pas fait. Un peu fébriles, leurs lèvres se redécouvraient dans ce baiser passionné. Majordome et fédérale disparurent quelques secondes plus tard.

*

Adélaïde raccompagna son pigeon chez lui, mais, pour une fois, elle n’eut pas le coeur de jouer sa comédie jusqu’à son lit. Elle prétexta un mal de crâne, qu’elle n’était pas loin de ressentir, pour s’éclipser. Elle avait passé la fin de la soirée à s’acharner contre la protection dressée par Mattéo Muspell pour protéger sa compagne, sans le moindre résultat.

Elle fut à Lievinsk vers trois heures du matin, et se glissa, sans un bruit, jusqu’à la chambre du palais. Fillip se redressa d’un bond sur son séant, concentrateur déjà actif.

« C’est moi, fit la femme, sans se formaliser. Sur les nerfs ? »

Il se détendit et baissa son arme avant de grommeler un “Jamaistropprudent”. Il se passa la main sur le visage puis demanda, alors qu’elle commençait à se déshabiller pour le rejoindre.

« T’étais pas censé dormir ailleurs ? Ça ne s’est pas bien passé ? Attends… »

Il se leva et vint près d’elle. Il l’aida avec douceur à faire tomber sa robe au sol, puis déposa un baiser au creux de son cou. Elle ferma les yeux et se laissa aller contre lui. Elle prit ses mains, pour les refermer autour de sa taille.

« Ça ne s’est pas mal passé pour mes affaires, mais… »

Elle eut un court soupir, se dégagea et alla s’installer sur le lit. Elle remonta ses jambes et posa ses bras autour.

« … Naola Dagda était à ma table. »

Fillip vint s’installer à côté d’elle, s’allongea, les mains derrière la nuque. Il haussa les sourcils. Elle poursuivit :

« C’est bizarre comme on devient mauvais quand on sent qu’on a une totale ascendance sur quelqu’un », souffla la femme, à mi-voix.

C’était une constatation et il n’y avait pas de regret dans son ton. Ça n’était pas la première fois qu’elle se faisait la réflexion.

« Elle ne s’est pas remise de ce qu’on lui a fait.

— On ne lui a rien fait, cette mission n’a pas eu lieu… » répondit l’homme avec un haussement d’épaules, la tête tournée vers elle.

Il l’observait.

« Oh ta gueule ! Bien sûr qu’elle a eu lieu. Échouer c’est apprendre.

— Ça n’est pas de l’avis de Leuthar. Tu as entendu son sermon sur le sujet. On ne doit plus en faire mention.

— On en tient compte entre nous ? Arrête… Je ne vais pas me censurer quand je te parle.

— Je sais, je te dis juste d’être prudente. Il sait très bien ce que votre caste d’aristocrate cherche en envoyant ses enfants rejoindre l’Ordre. Il sait où est votre loyauté, il vous a à l’oeil. Alors soit raisonnable et n’en parlons plus. »

Il se redressa sur le coude et elle lui jeta un regard sombre. Ni l’un ni l’autre ne dirent quoi que ce soit durant quelques secondes. Puis elle se coucha et lui tourna le dos. Elle se laissa faire quand il la prit contre lui et elle demanda, au bout de longues minutes de silence :

« Mattéo Muspell. Son copain. Tu sais quoi sur lui ?

— Hurmf… » grogna Fillip.

Il avait interprété tout ceci comme une incitation à replonger dans le sommeil. Il fit un effort pour se réveiller puis répondit :

« On suppose qu’il est l’élève de l’Once…

— Et son frère ? C’est quoi l’histoire ? le coupa-t-elle, tendue.

— Quelle version as-tu ?

— C’était un traitre que Leuthar a débusqué et tué. Il y a une dizaine d’années. »

L’homme se redressa, à nouveau, puis caressa ses cheveux, avec douceur, inquiet. Il répondit tout de même :

« C’est la version abrégée. J’ai celle de Kiev qui y était, et Leuthar l’a évoqué deux ou trois fois… Alexandre Muspell, c’était un sacré bon sorcier. On savait plus ou moins que c’était un traitre, mais on n’avait aucune preuve. Alors Leuthar l’a piégé. Il s’est pointé chez lui, en son absence avec quelques gros bras. Il a discuté avec son petit frère. Mattéo. Un gamin plein de talent, et ambitieux… alors qu’il avait quelque chose comme douze ans. Leuthar lui a ouvert les portes de l’Ordre. Le petit a refusé et a fini par trahir son frère. Alexandre est venu le secourir. Ils l’ont abattu.

— Devant l’enfant ?

— Ouais… Je sais pas s’il était encore conscient à ce moment-là.

— Tss… Comme quoi même il y a dix ans, Leuthar et ses principes, c’était pas une constante.

— Adé… soupira Fillip avec un petit signe de dénégation. Alexandre Muspell était un traitre, dangereux. Il a causé la perte d’une vingtaine des nôtres. Il avait planifié de décapiter l’Ordre. De ça on a trouvé des preuves, après. Bref. Pourquoi tu te préoccupes de ça ?

— Kiev, il est encore en vie ?

— Aux dernières nouvelles, oui.

— Et les autres ?

— Les autres ?

— Ceux qui ont participé à l’opération. Leuthar y est allé à combien de sorciers ?

— Quatre. En plus de lui.

— Mattéo m’a affirmé que trois d’entre eux étaient morts.

— Est ce que tu vas me dire ce qui se passe à la fin ? » s’énerva l’homme en la retournant vers lui, un peu brusque.

Elle se dégagea d’un geste sec.

« Il a sous-entendu qu’ils les avaient tués. Et qu’il me réservait le même sort.

— Il bluffait, Adé.

— Je n’en suis pas si sure. Ils sont en vie les autres ? »

Fillip eut l’air gêné. Il se passa les doigts sur le menton.

« Deux sont morts.

— Au moins. Je me renseignerais.

— Si la menace est sérieuse, on frappera les premiers.

— Contre l’élève de l’Once ?

— L’Once on l’emmerde », souffla le sorcier.

Il avait refermé ses bras autour d’elle et elle s’était allongée contre lui. Ils se laissèrent glisser lentement vers le sommeil.

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