Partie 1 : Terre Brûlée Chapitre 4 : Le conseil

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Me sentant à nouveau seule, livrée à moi-même, dans cette salle immense. Les maîtres du conseil, assis chacun dans leur fauteuil trop grand, me scrutent, m’observent et échangent quelques mots à voix basse. Je voudrais leur dire, que je suis là, qu’ils ne peuvent pas m’ignorer. Lui aussi est là, toujours aussi effrayant. Il ne peut pas être mon père ! Mais pourquoi aurait-il dit ça ? Juste pour que je ne me précipite pas dans le vide. Il n’y aucune raison. Dans ses yeux, je perçois cette étincelle qui crépite dans les miens.

Ils me font signe d’avancer, à chacun de mes pas, je frissonne, mon cœur s’accélère. Tous ont un rôle à jouer dans cette communauté, à laquelle j’appartiens. Ou pire, je suis apparemment la future cheffe. Je ne veux pas de ce titre, je ne suis pas prête à un tel engagement. Mais si je comprends bien, ils ne me laisseront pas le choix. Les lunes sont à leur apogée, elles annoncent que la prophétie doit être acceptée. L’autel est prêt pour mon sacrement, je suis parée de ce manteau qui m’oppresse.

J’avance comme un pauvre pantin, le chef essaie de m’hypnotiser. Il ne me quitte pas des yeux, son regard me met mal à l’aise. De mon côté, je cherche désespérément ceux qui ont été jusque-là mes parents, personne. S’ils étaient au moins là, peut-être que ce fardeau me serait plus léger. Alors il se lève, il est si imposant. Il me prend par la main, la fraicheur de celle-ci me transperce. Tout mon corps semble à son tour m’abandonner. Je ne peux pas lui résister.


Les autres maîtres autour de nous ont formé un cercle, où plus aucun être n'est invité à pénétrer. Le toit s’ouvre, les lunes baignent l’espace d’une lumière qui à son tour s’empare de moi. Je ne contrôle plus rien. Que m’arrive-t-il ? Comment me sortir de là ? Je dois me concentrer, faire un effort pour ne pas me laisser happer. Je ferme les yeux, pour m’extirper de leur emprise, je ralentis les battements de mon cœur, contrôle ma respiration. Faire le vide, et qui sait, peut-être m’envoler dans un autre monde.

Ils commencent tous à produire un son, qui inlassablement se répète. Tout ceci m’est étranger. Comme tous les enfants, j’ai lu les contes. Ils parlaient tous de pouvoirs que l’on pouvait avoir dès la naissance. Ceux qui nous permettaient d’intégrer la caste des écuyers, qui composent la garde rapprochée des maîtres. Je n’en n’ai aucun, alors pourquoi persistent-ils ? Si ce n’est peut-être pour la simple raison que je suis bien sa fille.

Tour à tour, ils passent leur main sur mon visage, caressent mes cheveux. Ils le font avec douceur, pourtant ils me révulsent. Encore un instant et je ne pourrai plus rien faire. Non ! Je ne peux en accepter plus, il faut que je trouve un subterfuge. Je me laisse tomber à genou, je feins l’évanouissement. Peut-être qu’ils ne percevront pas ma duperie ? C’était sans compter sur lui qui m’attrape le bras et me redresse, ne me laissant aucune possibilité de fuite.

C’est alors que la grande porte s’ouvre, la foule en liesse scande mon nom. Il ne me reste plus beaucoup de temps avant que l’on me mette les chaines. Le cortège que nous formons avance vers le puits de lumière qui se dessine au loin. J’entends des cris qui m’appellent par le prénom que j’ai toujours connu. Je perçois au loin mon père et ma mère encerclés à leur tour par des écuyers qui essayent de les extraire de mon univers.

De mon côté je me débats, pour pouvoir les rejoindre. Quand tout à coup, l’homme qui depuis toujours m’a aimée, consolée, s’écroule sous mes yeux. Je ne peux rien faire, un « non » reste coincé dans ma gorge. Maman à côté de lui, hurle mon nom et dans un dernier souffle s’effondre à son tour.


Alors il me regarde à nouveau, avec la même froideur et me murmure :
« Tu es ma fille, la prophétie est ainsi, plie-toi ».

Le désespoir en moi est venu s’immiscer,
Terres brûlées vous m’avez tout volé.
Les larmes qui glissent sur mes joues
Ne seront jamais pour vous.
Le cœur, dans mon corps qui vibre,
Est tissé de mes plus belles fibres.
Si vous décidez de m’attacher
Alors je ferai tout pour me délivrer.
Me contraindre, me retenir
Ne m’incitera qu’à fuir.
Vous êtes mes oppresseurs
Je suis une femme sans peur.

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