Partie 2 : Terres d'argile Chapitre 1: Un monde qui se forme et se déforme.

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Un nouveau monde face à moi, tout aussi étrange et mystérieux. Depuis que je suis enfant, on m'a enseigné le privilège de notre terre, la seule qui ait réussi à survivre à l’apocalypse, il y a une trentaine d’années. Voulait-on nous garder dans l’ignorance, pour nous protéger ou simplement pour annihiler notre curiosité ? Pourtant là, face à moi, une autre contrée se présente. Sera-t-elle accueillante, bienveillante envers cette étrangère qui foule son sol. M’accordera-t-on simplement une chance d’exister. Est-ce qu’ils vont essayer de venir me chercher en ces lieux dont ils ont nié l’existence jusqu’à ce jour ?

Ma monture à la robe chocolat et à la crinière blanche, m’accompagne dans cette nouvelle aventure. Nous marchons côte à côte, sa présence me rassure. Face à nous, une étendue immense se présente à perte de vue, une terre ocre qui se craquelle de part et d’autre. Nous avançons prudemment, sûrement avec la crainte qu'elle se dérobe sous nos pieds. Le soleil est à son zénith, les températures grimpent heureusement que mon corps est habitué à cette chaleur. Je n'ai avec moi que deux gourdes, qu’il avait accrochées à la selle. Je mets avec douceur, un peu de ce breuvage dans la bouche de mon équidé. Puis je m’accorde la même attention. Je le regarde dans les yeux, pour y trouver du réconfort.

Le silence nous enveloppe, pas la moindre trace de vie. Seule une mer d’argile qui se forme et se déforme sous l’assaut des vents, qui se charge et puis se décharge de poussière. Nous avançons ainsi sans but, à la recherche d’un je ne sais quoi qui nous permettrait d’espérer. Quand tout à coup au loin, un nuage s’élève, s'intensifie un peu plus, et forme une colonne qui me fait frissonner. Tous mes sens sont en alerte, je cherche autour de nous, un espace pour nous mettre à l’abri. Ce monstre irréel se gonfle, s’épaissit, et se nourrit de cette terre qu’il soulève à chacun de ses assauts.

Tout à coup, mes yeux perçoivent un infime espoir, peut-être un mirage, car la fatigue prend le pas sur moi. Hors de question de m’endormir, même si mes paupières se font de plus en plus lourdes, même si ces minuscules débris essayent de venir recouvrir mon corps, il me faut essayer de rejoindre cette cavité au loin. J’accélère le pas, ma jument me suit, apaisée par mes caresses. Impossible de grimper sur elle pour gagner du temps, le vent est trop fort. Elle commence à trottiner, suivant ma course qui s’accélère. Nous ne sommes plus qu’à quelques pas de cette grotte qui sort de terre. Est-ce que c’est un piège, dans lequel je vais me faire gober comme une simple mouche ?

Je n'ai pas le choix. Nous plongeons au cœur de la cavité, je sens le souffle du monstre qui vient m’effleurer. Notre chute me semble interminable, mais nous finissons par atterrir sans la moindre égratignure. Grâce à ma jument ailée, je flotte dans les airs. Elle m’est une compagne dévouée à qui je devrais trouver un nom. À quoi bon, elle ne m’entendra pas. Nous semblons connectées l’une à l’autre. Si elle me comprenait sans qu’elle n’ait besoin d’entendre le moindre son sortir de ma bouche ? Si le contact de mes mains sur son crin suffisait pour que nous communiquions l’une et l’autre ? À ce moment-là, je découvre sous la selle, cet arc dont la corde est faite du même poil et en passant mes doigts dessus, un frisson glisse sur mon corps.

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