Partie 2 : Terres d'argiles Chapitre 4 : Le jour et la nuit.

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La nature aride s’étale avec ses fissures et ses crevasses, une croûte terrestre qui souffre et dont les traces sont indélébiles. Le paysage désertique ne donne pas la moindre envie de s’attarder en ce lieu. La chaleur devient rapidement étouffante, l’air se rarifie, et nos réserves d’eau se tarissent. Deux âmes perdues errent sur une terre asséchée par les tempêtes de sable. Si nous nous arrêtons, nous laisserons deux cadavres desséchés que les rapaces savoureront. Ils planent sur nos têtes depuis quelques heures et seraient ravis de se nourrir de viandes fraiches. Notre route ne se terminera pas dans ce monde, où seules mes larmes de poussières enrichiraient le sol.

Encore un effort, encore un souffle, nos pas sont lents mais constants, ma jument résiste et m’offre une ombre bien agréable lorsque les soleils au zénith se montrent. Deux jumeaux qui à cette heure de la journée deviennent des siamois intraitables. Lever les yeux dans leur direction nous serait fatale, échines courbées, nos ombres devancent nos empreintes. À moins que nous ne soyons plus que des fantômes sur cette terre d’argile, nous séchons sur place. Une caresse sur le crin de l’animal qui m’accompagne me permet de garder un minimum de conscience, sa truffe nichée dans mon cou pour s’assurer que je ne suis pas en train de sombrer.

Quand enfin les deux astres déclinent dans l’horizon, apaisant ainsi nos prunelles, une montagne se dessine, ombre chinoise dans un décor époustouflant. Les grandes plaines désertiques laissent place à un couloir qui serpente entre deux falaises. Sur le bord de ce sentier, méandre d’une rivière tarie, des statuettes tracent notre route. Qui a pu modeler de telle chef d’œuvre ? Les formes sont voluptueuses, les traits parfaits. Je m’approche d’une d’entre elle, trop curieuse de découvrir ce qu’elle pourrait me révéler. J’entends une chanson, un refrain qui trotte dans ma tête. Réel ou hallucination ? Je suis attirée, captivée par le mystère qui se dégage de cette galerie d’art.

« Viens à nous belle Ophélie, nous t’attendions » Mais d’où vient cette voix ? « N’aie pas peur, nous sommes là pour guider tes pas » Comment pourrait-on me connaître ? Je ne suis jamais venu ici. « Nous répondrons à toutes tes questions » Comment cela pourrait-être possible aucun son ne pourra s’échapper de ma bouche. « C’est là que tu te trompes, tu es connecté avec chacun d’entre nous » Je ne comprends rien. Qui pénètre mon esprit sans y être invité ? « Installe-toi dans le cercle » Est- ce un piège que l’on me tend ? Ma jument me pousse délicatement pour que je m’assois.

L’obscurité enveloppe peu à peu le canyon, quand des lucioles multicolores se mettent à danser autour de nous. C’est une valse féerique. J’essaie de toucher du bout des doigts ces êtres de lumières sortis des vases d’argile qui ourlaient le chemin. Chaque battement d’ailes diffuse un parfum qui ne m’est pas familier. Je voudrais me lever pour les accompagner dans leur farandole, inspirée par la grâce de leurs mouvements fluides. Plus elles se rapprochent de moi, plus leurs paroles sont distinctes. J’ai l’impression qu’elles rient. Se moqueraient-elles de mon ignorance ? Qu’attendent-elles d’une étrangère qui est venue les déranger ? Comment de telles beautés peuvent vivre dans ce monde ?

Le contraste avec la journée est saisissant, la chappe de plomb s’est évaporée, une douce chaleur nous accompagne. La traversée en solitaire sur cet océan ocre ne semble être plus qu’un souvenir qui s’étiole au fil des secondes, des minutes ou peut-être des heures. Petit à petit, les créatures se rapprochent de moi, cherchant à effleurer mes cheveux. Je ne bouge pas pour ne pas les effrayer. Ou de peur de les voir s’évanouir comme un simple rêve que j’aurai projeté dans mon subconscient. Finalement est-ce que tout ceci est réel ? Ou simplement les soleils de plomb ont-ils détérioré mes neurones ? Alors pourquoi lorsqu’elles me touchent du bout de leurs ailes, j’ai chaud ?


Dansez être de lumières

Dans cette nuit sans frontières.

Valsez délicats éphémères

Pour chasser la poussière.

Guidez mes pas dans cet univers

Pour mes peurs faire taire.

Donnez-moi le courage d’avancer

Et de ne plus jamais douter.

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