CHAPITRE 20

14 minutes de lecture

J’étais muette. Ma volonté de disparaître n’avait jamais été aussi présente. À cet instant précis, je regrettai l’époque où je me fondais dans la masse et quand personne ne me remarquait. J’étais intimidée. Alors que je me trouvais à l’aise avec Wilfried jusqu’à présent, j’avais désormais l’impression de ne pas être à ma place à ses côtés. J’étais effrayée. Je n’osais pas l’assumer, je refusais de le montrer, mais j’avais peur. Nous étions sur un territoire ennemi et le moindre de nos faits et gestes était traqué.

Je sentais mon image vaciller. Mon pouvoir se manifestait de manière incontrôlable. Je concentrais toute mon énergie à ne pas me faire remarquer, si bien que mes prières influençaient directement mes réactions. En une fraction de seconde, je passai de visible à invisible. Je tournai un regard terrifié en direction d’Alex, qui ne me remarquait pas, trop occupé à discuter avec d’autres personnes. Je ne tenais pas à ce que nos opposants le prennent comme un affront, pour autant je n’arrivais pas à regagner mon calme.

Ce fût alors que je sentis le bras de Wilfried se glisser sur mes épaules. Il se pencha vers moi et me susurra quelques mots pour me détendre.

- Hop là, reste avec moi.

Instantanément, je me détendis et redevins visible juste à temps. Le maître de maison refit son apparition, accompagné d’un vieil homme qui semblait dans un état second. Le vampire sortit l’une de ses griffes et scarifia le pauvre homme du coude au poignet. Le sang commençait à peine à perler sur sa peau grisâtre que l’odeur alléchante me fit tressaillir.

- En guise de ma bonne foi, je vous offre le dîner. Ne me remerciez pas.

Il bouscula le vieillard dans notre direction. Un garçon de l’Elite le rattrapa et se jeta sur la plaie. Lorsqu’il fût rassasié, il offrit le bras ensanglanté à quelqu’un d’autre. Notre victime passa de mains en mains ou plutôt de bouche en bouche. J’étais déjà enivrée par l’odeur avant même d’en avoir goûté une goutte. Quand le tour d’Alex fût venu, notre lien me permis d’en avoir un avant-goût. Le venin faisait effet de manière flagrante, je n’étais même pas sûre qu’un corps aussi frêle fût capable d’assimiler une telle dose, mais cela ne m’arrêta pas. J’étais trop impatiente d’y goûter. Je plantai mes crocs à mon tour dans sa chair. Tous mes sens s’éveillèrent et mon cerveau fourmillait de plaisir.

- Oh mon dieu ce que c’est bon, soufflai-je.

- Il n’a rien à voir là-dedans, rétorqua une voix à l’étage.

Je reconnaissais cette voix. Je me crispai immédiatement. J’espérais que Wilfried resserre son étreinte mais ce ne fût pas le cas. Au contraire, il s’éloigna que quelques pas pour se nourrir. Le Maître était là. Je montai les quelques marches et m’arrêtai au premier pallier avant de m’aventurer plus loin vers l’étage. Je jetai un œil au-dessus de moi. Le dernier pallier formait une petite mezzanine qui longeait les pièces. Le Maître se tenait là, appuyé contre la rambarde et discutait avec d’autres personnes. Je l’observais sans oser me manifester. De temps à autre il jetait des coup d’œil dans ma direction mais je ne bougeais pas. Je savais qu’il m’avait remarquée. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne me rejoigne. Il était hors de question de me montrer aussi faible que la dernière fois. Il avait brûlé mes dernières bribes d’humanité et mes faiblesses avec. Je me devais d’être forte et fière.

- Bonsoir très chère.

Son ton était exagérément hautain. Il ne prenait même pas la peine de cacher sa fervente hypocrisie. Sa simple présence m’horripilait mais je n’en fis rien. Je me redressai machinalement. Je ne devais pas faire de vague. Rentrer dans son jeu et faire ce qu’il attendait de moi était la meilleure solution. Je m’inclinai en lui adressant mes salutations. Il descendit les escaliers jusqu’à mon niveau avec deux coupes de champagne à la main.

- Je savais que nous arriverions à faire quelque chose de votre cas, dit-il en m’offrant une coupe.

Je m’en saisis et bu une gorgée pour m’empêcher de rétorquer. Son regard me transperçait tant qu’il en devenait difficile de le soutenir.

- Il paraîtrait que vous avez fait du grabuge.

- En effet, avouai-je, une regrettable erreur, cela ne se reproduira pas.

- Bien. J’aimerais voir ce dont vous êtes capable, que diriez-vous d’un peu de spectacle ?

- Du spectacle ?

- Tout à fait ! Regardez autour de vous, tous ces gens sont là pour en prendre plein la vue et plein les oreilles. Ils veulent du sensationnel.

Je réfléchis une seconde. Mon instinct de survie me hurlait de fuir à toute jambes. Loin de ce personnage. Ma curiosité en revanche, voulait découvrir ce qui m’attendait.

- Alors pourquoi ne pas leur offrir ? répondis-je.

- Bien, je vous propose un duel.

- Un duel ? Contre vous ?

Il ne laissa pas la place à ma stupeur et m’envoya immédiatement une boule de feu. Par un réflexe inattendu, j’arrivai à l’esquiver de justesse. Tous les invités se tournèrent vers nous, l’air choqué. Je disparu sous leur yeux ébahis provoquant quelques soupirs de stupéfaction. Invisible, je montai à l’étage pour me positionner juste au-dessus de lui. Il contracta ses poings et lorsqu’il les rouvrit, une flamme naquit dans chacune de ses paumes. Dans un premier temps, il tenta de déterminer si je me trouvais à proximité en agitant ses bras autour de lui. Sans succès, il changea de stratégie. Il essaya donc de lancer quelques étincelles en direction de mes amis, qui les esquivèrent. Je grimpai sur le bord de la rambarde, au premier étage, et attendit le meilleur moment pour bondir. Quand il s’immobilisa, je lui sautai dessus. J’atterris immédiatement sur ses épaules et voulu l’étrangler mais il m’attrapa et me fit voler à travers la pièce. Je m’écrasai contre la porte d’entrée, emportant l’un des guéridons dans ma chute. Le vase en cristal posé dessus se brisa dans un grand fracas. Tous les invités eurent un hoquet de surprise avant de m’adresser des regards consternés. J’étais de nouveau visible mais je ne me laissai pas abattre. Encore affalée au sol, je baignai dans l’eau qui s’était déversée au sol. Les fleurs abîmées s’étaient dispersées partout, jusque dans mes cheveux. Je me redressai, blessée. Des bouts de verre brisé s’étaient logés dans mon bras. J’aperçus Alex se tenir à l’endroit même où je venais de me blesser.

Il sentait ma douleur pourtant je n’avais pas mal, trop focalisée sur mon combat. Je ne voyais plus rien d’autre que mon adversaire. Je fis abstraction de tout ce qu’il y avait autour. Je me dirigeai vers la pièce de vie à gauche des escaliers qui offrait plus d’espace. Il lança une boule de feu dans ma direction. Malgré ma vitesse surhumaine, j’eus à peine le temps de l’esquiver. La sphère de flammes passa à quelques centimètres de mon visage puis vint s’écraser contre le rideau en velours derrière moi. Celui-ci s’embrasa en un clin d’œil.

Le reste se passa très vite : parmi les invités, une jeune femme s’élança pour éteindre l’incendie. Wilfried tenta de me rejoindre mais Alex l’en empêcha. Les gardes du corps s’apprêtèrent à me saisir mais le Maître leur fis signe de ne pas bouger. Charles Barthelemy apparut à mes côtés, comme sorti du nulle part et me saisit le bras fermement. Il approcha son visage très près du mien et me susurra à l’oreille :

- Vous feriez un excellent élément dans nos rangs.

- Non merci, déclinai-je entre mes dents tout en essayant de me dégager.

- Réfléchissez-y tout de même. À mes côtés, vous ne seriez la Reine de tous ces sujets. Vous auriez votre propre territoire, vos propres règles… Mon fils se complait dans la soumission, mais pas vous.

Il me relâcha finalement, et retira les bouts de verre un à un de ma chair pour permettre ma cicatrisation. Wilfried nous rejoignit finalement, visiblement énervé. Il passa son bras autour de mes épaules.

- Tu devrais apprendre à tes bâtards à rester en place.

- Il est vrai que je ne leur ai pas encore inculqué les bonnes manières, avoua Charles.

- Qu’est-ce qui se passe ? Tu n’es pas satisfait de tes chiens de garde ?

- Je n’aurais pas besoin de les éduquer si tu me rejoignais.

Wilfried ne pris pas la peine de répondre et demanda à son père de continuer leur discussion en privé. Il s’éloigna de quelques pas avant d’appeler la femme qui était intervenu pour éteindre le feu.

- Aïssa ! Emmène-la dehors s’il te plait !

La jeune femme me rejoignit dans une démarche élégante. Elle avait un visage doux et un sourire chaleureux. C’était une femme noire d’une vingtaine d’année avec de longs cheveux frisés et quelques tresses. Elle posa une main dans mon dos et me guida à l’extérieur.

- Bonsoir. Victoria c’est ça ?

- Oui, dis-je hébétée.

Tout s’était passé si vite, je n’avais pas eu le temps de comprendre ce qu’il venait de se produire. Elle m’offrit quelques gorgées de champagne pour m’aider à recouvrer mes esprits.

- T’es la petite nouvelle. J’étais à ta place il y a une dizaine d’année. Ne t’inquiète pas, le Maître teste souvent les nouveaux arrivants mais il se lasse vite ses nouveaux jouets.

- Je ne tiens pas à lui faire une grande impression, pour être honnête.

- Tu l’as fait pourtant. Personne n’a jamais accepté de duel face au Maître. Encore moins dans une réception comme celle-ci.

- Ça fait deux fois qu’il m’humilie.

- Ce n’était pas la première fois que tu te mesurais à lui ? demanda-t-elle, surprise.

Je haussai les épaules. Quelqu’un interpela mon interlocutrice dans mon dos. Cette voix qui provenait des marches ne m’était pas inconnue. Je me retournai pour découvrir la fille au look androgyne de l’Elite. Elle faisait de grands gestes dans notre direction avant de nous rejoindre en trottinant.

- Bonsoir Clémence, salua Aïssa.

- Salut, je vais prendre le relais si tu veux. On va attendre le reste du groupe avant d’aller au QG, si tu veux nous rejoindre.

- Oui je passerais certainement, bonne soirée.

Elle s’appelait donc Clémence. J’avais eu si peu d’interaction avec elle que je n’avais toujours pas eu connaissance de son nom. Je m’assis sur les marches devant l’entrée principale. Elle prit place à me côté et je me penchai vers elle.

- On est bien d’accord que le pouvoir vampirique provient d’un talent inné qu’on avait en tant qu’humain ?

- Exact, pourquoi ?

- Tu m’expliques quel genre d’humain a une prédisposition à la manipulation du feu ?

- J’en sais rien moi… un cracheur de feu dans un cirque ? plaisanta-t-elle en me regardant les sourcils froncés.

L’expression sur son visage signifiait très clairement « tu te poses trop de questions » alors je me tus. Je repliai mes jambes contre la poitrine et posai mon menton sur mes genoux. J’espérais ne pas avoir causé trop de problème. Alex et d’autres membre de l’Elite étaient toujours à l’intérieur. Je repensai à Wilfried. Ce château était sa maison et cet homme était son père.

- À quoi tu penses ? demanda Clémence.

- Wilfried ressemble tellement à son père adoptif. Comment ça se fait que nos corps changent autant à notre transformation ?

Elle fouilla dans la poche intérieure de son blouson et en sortit son téléphone. Elle me montra la photo de son écran d’accueil qui s’affichait. Il s’agissait de la photo d’une jeune fille de notre âge, très féminine, avec des formes et de longs cheveux bouclés. Elle portait une robe et du maquillage. Je trouvais qu’elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Clémence, en plus féminine.

- Ça c’était moi, avant Métamorphose.

J’écarquillai les yeux. Elle avait beaucoup changé, au-delà de ses cheveux courts et de son look plus masculin, elle avait perdu toutes ses formes et son visage était légèrement plus carré.

- Ton corps s’adapte à tes propres critères de beauté, m’expliqua-t-elle. Personnellement, je me reconnaissais dans aucun des modèles, ni masculin ni féminin. J’avais un gros problème avec mon image et mon identité, je savais pas trop où me placer.

- Et tu te sens mieux comme ça ?

- Oh que oui !

Elle me raconta comment son corps s’était métamorphosé grâce au vampirisme. Elle avait perdu sa poitrine pour gagner un torse plat et plus sec. Elle ne tenait pas à changer de genre mais face au miroir, elle se reconnaissait avec ce corps unique, loin des stéréotypes de genre. Elle était à la fois féminine et masculine, et surtout d’une beauté sans faille propre aux vampires.

- Regarde Kayla par exemple, elle était plus fine et musclée avant sa transformation puis à son retour, elle avait pris de la masse graisseuse.

En y réfléchissant, elle avait raison. Kayla avait un corps voluptueux et des formes généreuses tout en gardant sa carrure sportive. J’avais remarqué qu’elle rayonnait depuis sa Transformation. Moi-même, je me trouvais livide et trop maigre en étant humaine, lorsque mon corps s’était métamorphosé, j’avais pris du poids sans dénaturer mes lignes. Ce fût ce qui m’offrit l’estime de moi qu’il me manquait. Je m’étais, en effet, changé en une version de moi-même plus en accord avec ce que je trouvais joli. Un corps svelte et athlétique.

- Ça explique pourquoi chacun d’entre nous a un physique séducteur sans avoir les mêmes mensurations.

- Il y en a pour tous les goûts dans la nature, ponctua-t-elle avec un clin d’œil.

- Personnellement, intervint Wilfried qui se trouvait dans l’encadrement de la porte d’entrée, mon physique a changé pour mieux coller au lien de parenté avec Charles, mais j’ai gardé mon ethnie d’origine.

Je comprenais mieux cette diversité. Aucun physique ne se ressemblait mais ils étaient tous beaux et attirants. Leur charisme avait très visiblement grimpé en flèche en devenant vampire.

- Je vous emmène au QG, les filles ?

- Non merci, je vais y aller avec Aïssa.

Clémence s’était relevée pour rejoindre la jeune femme me laissant seule avec lui. Je n’osais plus le regarder dans les yeux. La honte me submergeait. Il me regardait d’un air amusé.

- C’est parce-que mon père est riche ou parce-que c’est un connard que tu ne me regardes plus ?

- Les deux ?

- Haha, aller viens je t’emmène. Boire un coup nous fera pas de mal.

Il m’invita à prendre place dans sa voiture et je m’exécutai. Ne sachant à quoi m’attendre, j’étais un peu nerveuse. Après mon duel avec le Maître, qui s’était soldé par un échec cuisant, les invités étaient sortis au compte-goutte pour regagner leurs véhicules et les membres les plus importants de l’Elite étaient restés à l’intérieur. Je m’attendais déjà à des remontrances de la part d’Alex.

Lorsque nous arrivâmes à l’abbaye, la petite chapelle résonnait déjà au rythme des basses et les lumières colorées dansaient dans toute la salle. Alex était assis en haut de l’estrade et observait la scène d’un œil attentif. Lorsqu’il se rendit compte de mon arrivée, il se rua sur moi.

- Pour quelqu’un qui devait pas faire de vague, t’as pas manqué de te faire remarquer.

- Désolée, je croyais bien faire en accédant à sa demande… J’allais quand même pas refuser.

- T’inquiète, me rassura-t-il, Charles et le Maître m’ont expliqué que tout était prévu pour toi. Mais si j’avais pas retenu Wilfried, ça aurait pu très mal tourner.

Le principal intéressé souffla avant de se diriger vers le bar. Alex reprit :

- Ils voulaient tester tes talents. Les gardes avaient pour ordre de laisser le duel se dérouler, personne n’avait à intervenir sans mes ordres.

- Tu étais au courant toi aussi?

- Non, je l’ai appris quand tout le monde a quitté la salle.

- Et t’as pas donné l’ordre d’intervenir.

- Pas besoin. Tu t’en sortais très bien.

La contrariété me piqua au vif.

- Et les invités ? demandai-je.

- Ils ont beau se la jouer, s’ils participent à ce genre de réunion c’est uniquement dans l’espoir d’assister à un esclandre.

Je leur avais donc offert un divertissement à la hauteur de leurs attentes. À défaut de ne plus être la mascotte de l’Elite, j’étais devenue le bouffon de la cour malgré moi. J’avais besoin d’un verre. Ou plus.

Je me décalai sans demander mon reste et heurtai volontairement l’épaule d’Alex au passage.

Je m’installai au bar à côté de Wilfried, sans un mot. Christopher ne prit pas ma commande et déposa immédiatement un verre devant moi. À l’aide d’un briquet, il enflamma la surface du cocktail. La démonstration aurait pu être spectaculaire si je n’avais pas esquivé des boules de feu toute la soirée. Du bout du doigt, je repoussai le verre en ronchonnant avant de m’écrouler sur le bar.

- J’veux plus voir de feu de toute ma vie.

Les deux garçons échangèrent un regard amusé. Toujours affalée sur le comptoir je passai commande.

- Chris… Un Elixir s’teuplait.

Il rit.

- Hélas, j’ai bien peur qu’il ne fasse pas effet sur les vampires.

- Donne-moi tout ce que t’as, je veux oublier comment je m’appelle…

- À tes ordres !

Il me servit alors des tas de boissons alcoolisées, agrémentée de sang humain. Je les enchainais verre après verre. Avalant cul sec chaque cocktail. Malgré la quantité d’alcool ingurgitée tout au long de la soirée, rien n’était assez fort. Foutue insensibilité vampirique ! Heureusement, le sang mêlé aux boissons parvint à me griser.

Dans un état pseudo-ébrieux, je fus prise de vertiges. En descendant de mon siège, je perdis l’équilibre et me rattrapai de justesse. Mon regard se posa sur Alex. Désinhibée, je pris mon courage à deux mains pour aller à sa rencontre. Je marchai d’un pas assuré jusqu’à lui.

- Viens, faut qu’on parle.

Je ne lui laissai pas le temps de réagir et saisi son poignet pour l’entraîner dans la salle de repos à l’étage. Une fois enfermés dans la pièce, seul à seul, je lâchai de but en blanc :

- Je t’en veux !

- OK… Si c’est pour me dire ça je peux repartir, j’avais remarqué.

Il commença à s’éloigner mais je le retins.

- Non. Je veux qu’on discute de pourquoi je t’en veux.

- D’accord, alors vas-y je t’écoute.

- Tu aurais dû me prévenir pour le lien. J’aurais dû avoir le choix.

- Je t’ai dit que j’étais désolé.

- Ça suffit pas d’être désolé ! Pour l’éternité je ressentirais ta présence !

- Et moi la tienne !

Je soupirai.

- Alors qu’est-ce qu’on fait ?

- J’en sais rien, on peut pas briser un lien.

- Tu le ferais, si on pouvait ?

- Non.

- Au moins ça a le mérite d’être honnête.

Avec tout ce que j’avais vécu ces derniers temps, tout cela me semblait bien loin. Je devais bien admettre que ma colère s’était amenuisée. Toutefois, une chose me chagrinait encore.

- Tu m’as laissée livrée à moi-même.

- C’est pour ça qu’un Major ne peut pas engendrer de nouveau vampire. J’ai fait une erreur.

- Et face au Maître tout à l’heure, j’étais blessée mais t’es pas intervenu.

- Puisque je te dis que tu t’en sortais bien. Et puis ça aurait déclenché une guerre !

Je m’affalai sur le canapé pour calmer mes vertiges. Alex prit appui sur le billard, également affecté par mon état. Résignée, je pris conscience que cette discussion ne mènerait à rien ; encore moins sous les effets des cocktails. Alex s’approcha de moi et s’assit au bord du canapé à mes côtés. Sans un mot, il se saisit de ma main et m’embrassa la paume. Il déposa une ligne de baisers le long de mon avant-bras. Je fermai les yeux pour m’imprégner de la sensation de ses lèvres sur ma peau. Je pouvais le sentir sur mes propres lèvres aussi. C’était à la fois déstabilisant et délicieux. Soudain, je sentis ses crocs pénétrer dans mon poignet. Je gémis de plaisir lorsque son venin se répandit à travers mes veines. J’étais enivrée par toutes les sensations qui me parvenaient. Les miennes et les siennes se mêlaient dans un accord parfait. Une harmonie sensuelle.

Annotations

Vous aimez lire Charlotte T. Carrythorn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0