15 - Conflit métaphysique

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« L’idée d’un Seigneur Hiver n’est pas nouvelle. Les Humains ont toujours été fascinés ou apeurés par ce qu’ils ne peuvent comprendre. L’Hiver Noir avait traumatisé ceux qui l’avaient traversé. Durant la grande obscurité, en l’absence de toute autre explication sur leur amnésie et le règne du gel et des ténèbres, beaucoup s’étaient tournés vers l’idée qu’une puissance supérieure leur avait infligé cette souffrance. Elle ne portait pas nécessairement de nom ou quand on la nommait elle ne s’appelait pas Seigneur Hiver, mais il ne fait aucun doute que le principe de son existence avait été admis. Était-ce la lubie d’un ou plusieurs d’entre nous qui avaient partagé cette idée folle pour donner de l’espoir aux autres, ou était-ce une invention collective aux multiples facettes ? Tout cela disparut lorsque la voix du Dieu Solaire se fit entendre et que la Théologie fut fondée, lorsque ceux qui avaient la foi adoptèrent l’être de lumière en lieu et place de leur Seigneur Hiver. Exclure absolument la probabilité qu’il existe est impossible, car elle est fondamentalement acceptable. »

Pensées d’un historien anonyme disparu en l’an 14.

__________

Il pleut. Les nuages viennent du nord et ont peine à franchir la haute Crête de Dis, ce qui, très souvent, laisse un versant à l’abri des pluies. La lumière du Dieu Solaire, en rien affectée par la couverture nuageuse qui se meut au-dessus de lui, se réverbère sur les blanches structures de la capitale et pénètre par une large fenêtre dans le bureau. L’eau qui sature l’atmosphère diffracte les rayons projetant par endroit une décomposition chromatique des plus poétiques. Le fauteuil de Duval At’Fratel tourne le dos à ce spectacle. Quand il vient dans cette pièce c’est pour réfléchir, il n’aime pas se laisser distraire. On vient de lui apporter de la matière, à savoir un rapport des opérations de recherches menées dans la Vallée de Langueur. Il l’a lu avec une certaine satisfaction. Toutefois cette affaire peut attendre car il a un problème plus important à régler dont le principal protagoniste vient de lui être annoncé.

Un serviteur introduit le visiteur atark. Il se lève et va l’accueillir à l’entrée de son office. Duval a revêtu ses atours publics composés d’une tunique blanche à manches longues brodée de soie dont la jupe descend jusqu’à mi-cuisse, d’une veste de brocart bleu pastel et d’un pantalon de velours dans le même ton. Des bottes blanches à revers brodés complètent sa toilette. La tenue d’Hassan est celle qu’il porte habituellement, tunique et toge rouges, sandales et toujours ce contraste saisissant entre la couleur de ses vêtements et sa peau blanche laiteuse.

– Bienvenue, Hassan, lui dit Duval avec un sourire.

– Grand Théologisste, sss’est un honneur, lui répond l’Atark.

Après avoir invité le Dévot à s’asseoir, Duval regagne le fauteuil de son bureau.

– Mon cher, commence le Primat, je vous ai fait venir pour une petite mise au point.

– Je ssuis tout ouïe.

– Commençons par enfoncer les portes ouvertes. Y a-t-il oui ou non des guérisseurs parmi les Atarks ?

Le Sang-Froid a l’air placide mais son hésitation le trahit.

– Non.

– Me mentez-vous ? s’enquiert Duval en fronçant les sourcils.

Hassan préfère ne pas répondre. Le Grand Théologiste s’enfonce dans son fauteuil, et croise les doigts sous son menton, les coudes posés sur les accoudoirs.

– Bon, ça ne va pas faciliter les choses si vous ne coopérez pas, conclut-il d’un ton un peu désinvolte. Il faut que vous sachiez que je dispose d’un excellent service de renseignements qu’il me déplaît d’employer pour espionner mes concitoyens mais que je n’hésite pas à exploiter quand on ne me laisse pas le choix.

– En l’occurrence, je sserai ssurpris que vous ne l’ayez déjà fait, déclare Hassan. Ssse qui fait que tout ce que je pourrais désssider de vous cacher pour protéger les intérêts de mon peuple le dessservirait.

Duval hoche la tête un peu étonné. Il admet que l’Atark est d’une logique implacable. Cependant, il a lui-même plus d’un argument à sa disposition pour amener son hôte là où il veut.

– Vous faites une erreur grossière, Hassan. Vous avez tout à fait le droit de garder pour vous ce que vous voulez, ceci n’est pas un interrogatoire. La faute que vous commettez est de considérer votre peuple et non le nôtre. Vous pensez peut-être que je n’ai pas à cœur de résoudre les problèmes des Atarks comme ceux des Humains et vous faites fausse route. Mais je vous comprends car j’admets moi-même avoir commis une erreur, une erreur que je souhaite réparer pour notre bien à tous.

Le Primat attend un peu pour laisser le temps à son interlocuteur de commenter son approche, ce qu’il ne fait pas. Ses yeux oranges sombres sont inexpressifs et, par là même, perturbants.

– Mon erreur, poursuit Duval, fut de confier à la Supérieure Tarsis la mission de vous intégrer dans la Théologie. Force est de constater qu’après plus de sept mois d’efforts, vous en êtes encore à ne parler que des Atarks quand vous évoquez le peuple. Malgré les rapports nombreux et précis sur les actions engagées conjointement par la Supérieure et vous, je découvre que je vous connais encore trop peu.

– Ssse n’est plus moi qui travaille avec la Ssupérieure Tarssiss, annonce l’Atark.

– Comme si je pouvais l’ignorer. Je vous faisais confiance parce que c’est vous qui avez signé le traité, mais confier cette tâche ô combien importante concernant « votre » peuple à un subalterne n’est pas la meilleure décision que vous ayez prise. Comment s’appelle votre disciple déjà ?

– Ssse n’est pas mon disciple. Il est Ondoyant de l’Ode Ssolaire. Il ss’agit de Ssoran Issil.

– Oui, Ssoran, c’est cela. Comment ça, pas votre disciple ? Qui est-il, dans ce cas ?

– Il est ssselui qui interprète la volonté divine.

– Oh, vraiment ? s’exclame Duval l’air amusé. Qui suis-je donc alors ? Croyez-vous que je fais semblant d’accomplir les volontés du Dieu Solaire ?

Hassan ne dit rien. Il continue de fixer l’Humain sans ciller.

– Je vois, fait Duval faussement résigné. Alors, il va falloir que je sois plus précis puisque vous ne semblez pas vouloir répondre à certaines de mes questions. En tant que signataire du traité vous êtes le représentant officiel de votre race, ce qui signifie que je vous tiens pour responsable de tout ce que « votre » peuple accomplit, en bien comme en mal. Sommes-nous d’accord sur ce point ?

– Nous le ssommes, sss’est une clause du traité.

– Bien ! Nous progressons. À présent, dites-moi donc quelle est exactement la fonction de l’Ondoyant de l’Ode Solaire ?

– Il interprète la volonté divine.

– Soyez plus précis !

– L’Ondoyant détermine au travers des ssignes envoyés par la divinité la voie que nous devons prendre.

– Quand vous dites « nous », est-il question de tous les Atarks sans la moindre exception ?

– Oui.

Le Grand Théologiste arque un sourcil. Une telle affirmation le surprend d’autant plus que l’aplomb avec lequel elle lui a été énoncée indique que le Dévot n’a pas le moindre doute à ce sujet.

– Et quels sont les signes envoyés par le Dieu Solaire à votre Ondoyant ?

– Je n’ai jamais dit que sss’est le Dieu Ssolaire qui les envoyait.

La mâchoire de Duval se crispe. Il espère tout autant ne pas avoir à aborder ce sujet qu’il souhaite savoir ce qu’il en est.

– Le Seigneur Hiver ? demande-t-il à l’Atark.

– Non. Ssse nom a été imaginé par les Humains. Nous ne nommons pas le dieu des Atarks.

– Mais les citoyens de Dis ont-ils raison d’associer ce nom à votre divinité ?

– Dans l’abssolu, je ne ssaurai le dire.

– Alors il pourrait tout à fait être le Dieu Solaire ?

– Sss’est posssible. L’Ondoyant ne nous dit que ssse que nous devons ssavoir à sson ssujet.

Un sourire se forme sur les lèvres de Duval.

– Combien y a-t-il d’Ondoyants ?

– Dans l’Ode Ssolaire, un sseul.

Le Primat fronce de nouveau les sourcils.

– Qu’est-ce que l’Ode Solaire au juste ?

– Sss’est le chant divin que nous ssuivons actuellement.

Duval soupire l’air exaspéré.

– Bon. Sans vous prier, pouvez-vous me dire comment ça fonctionne tout d’un bloc ?

– Je sserais très étonné que l’Ondoyant n’ait pas déjà tout expliqué à la Ssupérieure Tarssiss.

– Là n’est pas la question. Quoi que votre Ondoyant ait pu dire à ma subordonnée, elle ne m’a rien transmis à ce sujet. Alors, informez-moi sans détour !

Hassan semble être déstabilisé un instant. C’est la première fois que le Primat le prend en défaut. Ce dernier attend que le Dévot daigne s’expliquer.

– L’Ode Ssolaire fait ssuite à l’Ode Glassée. Sss’est le Premier Prophète qui nous a conduits ssur la voie de l’Ode Ssolaire et qui a désigné l’Ondoyant.

– Donc l’Ondoyant n’est pas votre Prophète ?

– Non, sss’est un guide. Il interprète la volonté divine et indique à notre peuple ssse qu’il doit faire.

– Je ne vois pas la différence avec un prophète.

– Le Prophète est ssselui qui annonsse le prochain chant. Il peut y avoir des générations d’Ondoyants avant de le découvrir.

– Techniquement l’Ondoyant est donc votre chef.

– Pas au ssens où vous l’entendez, mais oui. En quelque ssorte, il est votre homologue chez les Atarks.

– Mais il interprète la volonté d’un autre dieu que le Dieu Solaire…

Hassan n’ajoute rien.

– Vous êtes conscient, Hassan, que votre dogme ne participe pas à votre intégration dans le Monde Éclairé. Dans notre société, société à laquelle vous appartenez maintenant, je devrais être votre seul Ondoyant. Serait-ce si incongru ?

– Je ssuppose que non. Mais ssans Ondoyant pour nous le confirmer, il nous ssera diffisssile de l’acssepter. À ssse jour, l’Ondoyant Ssoran n’a pas évoqué sssette posssibilité.

– Que se passera-t-il si nous ne le retrouvons pas en vie ?

– Voulez-vous dire qu’il est mort ? s’inquiète l’Atark.

– Non, non. Pardonnez-moi, simple supposition. Après tout son enlèvement et l’absence d’information sur son état de santé depuis presque un mois ont de quoi nous inquiéter et nous devons songer à l’avenir.

Le Dévot a l’air perplexe. Même s’il n’envisage pas vraiment le cas de figure, la question soulève son intérêt. Comment son peuple pourra-t-il assurer la pérennité de l’Ode Solaire sans l’Ondoyant ? Son dieu enverra nécessairement un signe à l’un d’eux pour qu’il soit remplacé, mais Hassan n’a jamais imaginé qu’un Humain pourrait être cette personne.

– Je ne ssaurai dire avec sssertitude ssse qui pourrait sse passser alors, dit-il. J’esstime que notre dieu pourvoira nésssesssairement à sson remplasssement d’une manière qui ne laisssera aucune équivoque.

– Et le fait que je sois pour vous comme un Ondoyant laissera-t-il une équivoque ?

L’Atark parait gêné. Duval sourit intérieurement.

– Je sais rester humble, explique Duval. Je ne fais que suggérer une telle possibilité pour plusieurs raisons. J’ignore, et je suppose que vous l’ignorez aussi, ce qu’est censé ressentir un Ondoyant. Je dirige les Humains depuis le début de l’Hiver Noir vers une vie plus naturelle et plus sereine à la lumière du Dieu Solaire. J’ai souhaité vous voir rejoindre cette grande nation que forme le Monde Éclairé. Je ne suis pas votre ennemi Hassan, bien au contraire, votre bien être m’importe et j’ai fait de vous des citoyens de Dis à part entière. Vous ne pouvez pas continuer à suivre les préceptes d’un Ondoyant qui se compromet de façon personnelle.

Hassan fronce les arcades.

– Que voulez-vous dire ?

Le Grand Théologiste arbore un air triste et désolé.

– Que je pense que vous ne connaissez pas assez bien l’Ondoyant Ssoran Issil. J’ai la sincère conviction qu’il a cessé d’être le guide de votre peuple à la minute où le traité a été signé et qu’il s’est servi de son influence pour semer le trouble et la discorde dans notre société.

– Je… Sss’est imposssible. Nous… balbutie l’Atark les yeux exorbités.

– Je sais combien votre race est intègre et fraternelle. Les Humains ne le sont pas moins lorsqu’il s’agit de défendre leurs terres et leurs idées. Quant à nos différences, elles nous complètent. Je ne pense pas que nous puissions être seulement Atark ou seulement Humain dans une société qui les réunit. La preuve en est cette dévotion naissante chez les Humains envers une divinité qui aurait pu être celle des Atarks et qui, en fin de compte, n’est sans doute qu’une autre manifestation du Dieu Solaire. Ne pensez-vous pas que les Atarks aient pu changer à notre contact ? Aucun d’entre nous n’est parfait, nos faiblesses peuvent aussi devenir les vôtres. Hassan, nous sommes à l’aube de fonder quelque chose de nouveau. Les Atarks doivent s’en rendre compte. Où sont les signes qui dirigent les pas de Ssoran ?

Les traits du Dévot se durcissent.

– Sses pouvoirs de guérissseur consstituent un ssigne fort.

Duval ne laisse pas sa jubilation intérieure interférer avec son attitude. Ce qu’il vient d’apprendre est déjà énorme et peut lui suffire au cas où la suite ne fonctionnerait pas. C’est le moment idéal pour lui de tenter un pari risqué. Il se lève et fait lentement le tour du bureau tout en parlant.

– Assurément, mais il en disposait déjà avant notre conflit. Ce signe là ne lui imposait pas de vous mener à la guerre, ni de tenter de corrompre l’un de mes plus éminents officiers ou de semer le trouble dans la population. Qu’a-t-il fait pour les Atarks depuis le traité ?

– Corrompre ? Ssemer le trouble ? s’étonne Hassan. De quoi l’accusez-vous au jusste ?

– Je ne fais que supposer, mais je ne m’explique pas vraiment l’éloignement de la Supérieure Tarsis depuis que Ssoran a pris en charge à votre place la mission très importante que le traité vous avait implicitement confiée. Le fait qu’elle ne m’ait pas rapporté le quart de ce que vous venez de m’apprendre en dit long sur les changements ou les pressions qu’elle a pu subir, d’autant que vous savez comme moi avec quelle rage et quelle intégrité elle avait accompli sa tâche lors de la guerre. Ceci ne lui ressemble pas. Quant à Ssoran, ses dons auraient pu être partagés avec le reste de la Théologie, mais il a choisi de les cacher. Mes congénères ont stigmatisé ce miracle exercé dans un contexte qui ne laisse aucun doute sur sa préférence raciale et qui entretient un mystère qui n’a aucune raison d’être. Il aurait été plus simple de révéler que ce don lui était accordé par le Dieu Solaire. Ainsi nous aurions évité le schisme qui risque de scinder notre société et de nous replonger dans une guerre sanglante ou Humains et Atarks pourraient s’en prendre à d’autres Humains et d’autres Atarks. Pourquoi en sommes-nous réduits à supposer tout cela ?

La perplexité lisible sur le visage d’Hassan conforte Duval dans l’idée qu’il a marqué des points. Tout semble en bonne voie pour lui permettre d’asséner le coup fatal. Le Primat marche très lentement, mesurant chaque pas, faisant le tour du fauteuil de son hôte et poursuivant sa route avec l’intention de faire un tour complet de son bureau.

– Je ne ssais pas, avoue Hassan d’une toute petite voix.

Duval profite qu’il tourne le dos à son interlocuteur pour se recomposer un masque d’une extrême gravité. Puis il accélère le pas pour rejoindre son fauteuil et se rassoir.

– Hassan, pour le moment, il n’y a que nous qui puissions empêcher le pire. Nos concitoyens doivent comprendre qu’il n’y a pas un dieu des Atarks et un dieu des Humains, que nous vivons tous sous la lumière du même Dieu Solaire et que l’existence d’un Seigneur Hiver ou quel que soit son nom est une hérésie. Je crois que la compréhension de tout ceci ne peut être apportée que par vous.

– Moi ?

– Oui. Ssoran a peut-être été l’Ondoyant de l’Ode Solaire mais c’est votre main et non la sienne qui tenait la plume qui a signé le traité. Pour moi, tout cela a toujours été votre responsabilité. Vous ne pouvez pas laisser les choix personnels et les discours imprécis de l’Ondoyant Ssoran nous entraîner vers la guerre civile et son absence causer encore plus de dégâts. Il vous faut agir en conséquence.

– Mais… Que ssuis-je sssenssé faire ?

– À vrai dire, je pensais que vous en auriez une idée, c’était aussi la raison de ma convocation. Mais j’ai malgré tout quelque chose à vous proposer.

Hassan lève le nez vers le Primat. Il a cessé de le regarder dans les yeux quand ce dernier s’est mis à se déplacer dans la pièce.

– Devenez Théologiste et reconnaissez-moi comme nouvel Ondoyant de l’Ode Solaire.

Son aplomb a été parfait, son attitude solennelle et appliquée. Duval peut lire sur le visage de l’Atark quel impact il a eu sur lui. Il a mis ces derniers mois à profit pour étudier la psychologie des Sangs-Froids. Le plus petit rapport d’Adana, même sérieusement incomplet, lui a été très utile pour capter toute l’importance de comprendre cette race. Il a réussi à discerner la plus élémentaire des caractéristiques de ce peuple. Leur plus grande force et leur plus grande faiblesse : leur union. Retournez-en un seul et tous les Atarks suivront. Quand le Dévot Hassan Ssiver semble avoir pesé le pour et le contre, conscient du danger évoqué par Duval et peu désireux de laisser l’absence de Ssoran les conduire à la guerre, quand il acquiesce d’un léger signe de tête, le Primat sait qu’il a remporté l’une des plus importantes victoires de son existence.

L’Humain maintient la solennité de l’instant. Il conserve le silence et ses paupières se ferment lentement comme pour répondre à l’acquiescement d’Hassan. Ses lèvres se pincent tandis qu’il se lève et refait le tour du bureau. L’Atark doit comprendre que l’entretien est terminé. Non seulement il n’a plus rien à dire mais, en outre, il vient d’accepter de devenir un subordonné du Grand Théologiste, ce qui impose à son sens une certaine étiquette. Aussi quitte-t-il son fauteuil pour faire face à l’Humain qui s’approche la main tendue. Il la lui serre.

– Ensemble, nous allons préserver nos idéaux, dit le Primat en regardant son nouveau Théologiste droit dans les yeux. Jusque-là, ils portaient le nom de Théologie, mais nous pourrons les appeler également Ode Solaire. Telle est notre destinée.

Hassan se contente de hocher la tête. Tandis que Duval lui offre un sourire, il en esquisse un en retour. Le Grand Théologiste lui annonce qu’ils doivent officialiser la nouvelle au plus tôt afin d’être en mesure d’agir au plus vite. Il lui fixe un rendez-vous le lendemain pour la cérémonie d’intronisation. Il raccompagne l’Atark jusqu’aux escaliers et le regarde partir. Lui-même gravit les degrés qui le mènent au dernier étage du Temple où il rallie son salon privé. Il y rejoint ses deux amis, Carlo At’Kartom et Lome Gagarik.

– Alors ? s’enquiert Lome auprès de Duval.

– C’est gagné, dit le Primat. Demain nous aurons un nouveau Théologiste.

– Voilà qui m’impressionne, commente Carlo sans pour autant laisser paraître la moindre émotion. Quelle est la suite des opérations ?

Duval traverse tranquillement la pièce pour se rendre à la porte-fenêtre du balcon qu’il ouvre. Un courant d’air chargé d’humidité s’engouffre à l’intérieur.

– En ce qui concerne nos disparus, commence Duval sans se retourner, il va falloir arrêter de faire semblant de les chercher et les retrouver. Je ne veux pas davantage prendre de risque qu’Adana ou Ssoran, voire les deux, meurent en martyrs. Ils ont encore un rôle à jouer.

– Et en ce qui concerne les hérétiques ? s’inquiète Lome.

– Les Atarks vont officialiser leur relation avec le Dieu Solaire. De fait, cette invention de Seigneur Hiver ne peut plus être tolérée. Nous y mettrons bon ordre comme Carlo a suggéré de le faire.

– Les Accusateurs ? questionne l’intendant At’Kartom.

Duval fait volte-face et hoche la tête.

– Exactement, ajoute-t-il avec un sourire carnassier.

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