Partie 2

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Le serpent ne savait pas quoi faire. Il tournait dans sa cage, se recroquevillait sur lui même, puis recommençait sa stupide ronde, comme s’il ne parvenait pas à trouver de position agréable pour ne rien foutre. La vérité était qu’il s’ennuyait ferme. Chaque jour, des animaux disparaissaient avec des propriétaires. Mais lui, cela faisait 3 ans qu’il restait dans son trou. Pourtant il en avait vu passer des petites filles et des petits gars. Cependant, Ils repartaient systématiquement après l’avoir vu, allant pleurer comme des fous dans les jupons de leur mère ou sur les pantalons de costume de papa.

Tout ce que cherchait Monsieur Serpent était un peu d’amour , l’amour de quelqu’un de bien. Je le comprends. Et je dois citer là un de mes anciens professeurs de Mathématiques, qui répétait sans cesse en parlant de ses équations que l’on pouvait « avoir une sale gueule mais être sympa ». Bon il lui arrivait de s'emporter parfois, à faire la grimaçe devant chaque enfant qui passait. Mais bon. Le serpent Se prépara à retourner dans son trou. Il avait déjà fait demi-tour, quand son radar thermique lui signala la présence d’un autre môme.

Le gamin devait avoir le même âge que la dernière petite fille. Ses yeux étaient bleus comme son t-shirt, et il aurait pu avoir l’air d’un enfant modèle, mais il portait une veste noire en cuir, et ses cheveux étaient ébouriffés, châtains, rêches. Le serpent se demandait quelle mère pouvait bien laisser son enfant sortir dans cet accoutrement.- Je suis en train de le juger, comme tout le monde fait ici avec moi-. Comme avec la petite fille, il fixa le gamin droit dans les yeux, attendit patiemment qu’il prenne ses jambes à son coup, guetta les larmes qui devraient couler sur le long de ses joues sans imperfections. Mais le gamin ne bougea pas. Il ne prit pas la poudre d’escampette, il ne broncha pas. Il restait là à contempler la longueur du serpent, avec un intérêt suspect,-quelqu’un ici veut vraiment m’adopter ?-

Le gamin sourit. C’était un sourire insolent, impertinent, et sincère. Le serpent desserra la mâchoire. Il détendit ses nombreux muscles, se déroula, et approcha sa tête du carreau. La façade du serpent était tombée, et les nouveaux complices se regardaient maintenant avec tendresse.

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