Chapitre 2-1

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Vers midi le soleil illuminait la chambre, et j’ouvris un œil, encore engourdi de fatigue et à la fois enlacé par l’effet délicieux des ondes cosmotellurique de la nuit précédente. Je consultai l’heure qui me produisit l’effet d’une décharge électrique. Levé d’un bon, mise en route de la machine à café, vêtements, douche, habillage, café, portefeuille, téléphone portable, clés, claquage de porte, ascenseur, parking, et je me retrouvais à pleine vitesse grillant feux rouges et priorités.

Johanna m’attendait debout, plantée comme un piquet au bout d’un des quais arrondis protégée par l’énorme masse de béton de l’ancienne base sous-marine désaffectée au nord de Bordeaux. Face au bassin à flot qui servait maintenant de port de plaisance, elle détaillait les voiliers luxueux mêlés au charme de vieilles péniches. Ses cheveux noirs, sa longue gabardine et ses bottes brillantes de cuir noir n’en faisaient que davantage ressortir la grosse chaine d’or portant le symbole de son ordre lui servant de collier, et ses yeux bleus pales d’exactement la même teinte que ceux de l’Ange Sombre. J’arrivais en courant pour la rejoindre sur l’un des quais parsemés de trous et de ferrailles rouillées utilisés comme armature pour construire une base indestructible par les Allemands lors de la Deuxième Guerre mondiale. Mais finalement rien ne résiste au temps. Il s’agissait pour nous d’un excellent endroit pour se rencontrer en s’assurant que nous étions seuls, et que personne ne pouvait entendre notre conversation.

Je la saluai en m’excusant pour mon retard. Elle demeura figée, regardant intensément le plan d’eau durant quelques secondes. Puis d’un coup, elle tourna violemment la tête vers moi me fusillant du regard comme si cette demi-heure de retard avait une importance capitale. J’avais l’habitude, elle ne supportait rien, de la moindre faute commise à la plus petite imperfection son interlocuteur. C’est bien pour cela que je l’avais quittée, cette attitude m’étant devenue insupportable. Depuis notre séparation, elle était devenue encore pire avec moi ; et hélas elle faisait en quelque sorte partie de ma hiérarchie, même si ce n’était pas directement ma supérieure. J’avais retenu la leçon : ne jamais se mettre en couple avec un de ses chefs sachant qu’un jour il est toujours possible de rompre.

— Cela te fait sourire ? Je ne veux même pas entendre les raisons de ce retard, ce manque de respect ne mérite aucune excuse. Si tu recommences tu devras en payer les conséquences.

Elle surjouait la colère, je le voyais bien. Mais je fis mine d’y croire et exprima du mieux que je le pus ma honte et ma peur du châtiment. Cela apaisa un peu la tension, mais certainement dégrada encore mon image à ses yeux. Cela ne me paraissait plus aussi grave qu'au début de notre séparation, je ne savais plus vraiment ce qui restait encore de cet amour en moi.

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