Chapitre 4-1

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Je crois que c’est le froid aux pieds qui me réveilla. Les analgésiques avaient fait leur effet, je souffrais beaucoup moins. Malgré tout, j’évitai de remuer quelconque partie de mon corps par peur d’y réveiller une douleur. L’odeur humide, la couleur ocre des murs, je sus que je me trouvais dans une des caches de la rive droite de la Garonne. D’anciennes galeries, carrières de calcaire souterraines, qui avaient servi jusqu’à la deuxième guerre mondiale pour entreposer du vin. Elles constituaient maintenant un des lieux secrets de l’armée des ombres. Johana posa la main sur mon torse dans un geste d’apaisement. « Je n’avais pas besoin de m’inquiéter, elle savait déjà tout. » Nicolas était à ses côtés ainsi que deux autres ombres d’acier Benjamin et Romain. Quelques minutes plus tard, Marc le membre de haut rang qui m’avait sorti de l’hôpital avec Johana entra dans la pièce avec deux de ses gardes personnels en treillis de combat, gilets pare-balles et armés jusqu’aux dents. Tous s’assirent autour de la table sur laquelle j’étais allongé et on installa deux gros oreillers pour me redresser un peu et que je puisse participer à la conversation. Johana se leva de sa chaise, tout le monde se tut : c’était celle, qui avait le grade le plus élevé et toutes les informations nécessaires, qui commencerait à parler :

— Avant de partir, je dois vous faire un point sur la situation. Mais tout d’abord, je dois m’assurer de votre entière obéissance et discrétion. Je suis du plus haut rang, mais certains d’entre vous appartiennent à d’autres ordres. Acceptez-vous de me faire confiance, de m’etre fidèle et loyal, et de vous mettre sous mon commandement ?

Nous fîmes tout un signe positif de la tête. Nicolas fit remarquer que de toute façon nous n’avions pas d’autre choix, il fallait rester unis entre personnes de confiance, c’était notre seule chance de nous en sortir.

— Très bien, alors je vous fais un point sur la situation. En dehors du massacre de la vallée d’Aspe, il y en a eu deux autres. Nous y avons perdu près de cinquante membres appartenant à différents ordres et à différentes religions. Il y a eu aussi des cas d’agression personnelle, comme celle de Nicolas et de Philippe. Nous déplorons au minimum vingt victimes décédées de plus et une dizaine de blessés. Nos rangs sont donc clairsemés et affaiblis. Mais ce n’est pas tant par le nombre, sinon par la disparition du contact avec les hauts dignitaires ou les assemblées et conseils qui dirigent les ordres. Nous ne savons pas s’ils ont été tués, capturés, ou si simplement il se cachent. Quoi qu’il en soit, notre organisation n’a plus de tête pensante. Il va nous falloir agir seul et sans consignes, c’est moi qui dirigerais cette équipe. Nous avons la chance qu’elle soit légèrement pluridisciplinaire, cela nous rendra plus efficace. Notre première priorité est de déterminer la nature de notre ennemi. À partir de là, nous déciderons comment s’en protéger et l’attaquer. Apparemment, nous avons affaire à deux sortes d’entités. Les unes prennent l’apparence de chevaliers de lumière, souvent des cavaliers avec leur monture. Ceux-là nous attaquent individuellement. Nous ne savons pas comment ils font pour nous localiser, mais ils ne sont pas très forts. Et s’ils ne bénéficient pas de l’effet de surprise, nous pouvons en général nous en sortir. Nos deuxièmes ennemis, dont nous ne savons pas s’ils sont en relation avec les premiers, mais vu qu’ils sont apparus en même temps nous le supposons, sont apparemment des rois du haut-mal. L’hypothèse que nous avons pour l’instant, c’est que certains d’entre eux se sont échappés du cimetière de Bordeaux mais que, pour se faire, ils ont été affectés et n’ont pas récupéré l’intégralité de leurs pouvoirs. Ce sont eux qui organisent les massacres, ils sont donc extrêmement dangereux, mais ce que nous savons montrent qu’ils ne sont pas aussi efficaces qu’ils le devraient dans le service du haut-mal. En particulier, ils ont eu jusque-là un très faible rendement dans les transmutations des âmes et encore moins dans l’utilisation de l’énergie des cibles secondaires pour augmenter leur puissance. Il faut donc en profiter rapidement, tant qu’ils ne sont pas encore trop forts. Ils doivent avoir un repère dans lequel ils se cachent ensemble. Pour les trouver, nous allons d’abord faire l’hypothèse qu’ils ont capturée certains hauts dignitaires et les tiennent prisonniers au même endroit. En effet, pour organiser les massacres, nous supposons qu’ils utilisent les hauts dignitaires sequestrés pour envoyer des messages et pour organiser des réunions qui sont ensuite la cible de leurs attaques. Nous allons donc former trois équipes, chacune devra enquêter sur la disparition d’un dignitaire. En espérant que, sur les trois, il s’en trouve au moins un retenu en otage. Il faudra que l’enquête que nous menons aboutissent à découvrir l’endroit où il se trouve avec les autres otages. Suis-je claire sur les objectifs jusque-là ?

Tous hochèrent la tête d’un signe affirmatif.

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