Mirage d'hiver Part 6

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Plongé dans l’obscurité froide de la nuit étoilée du mois de mars, Larias, le petit voilier du Capitaine Loukïan, naviguait au plein milieu de l’océan. Il voguait depuis bientôt deux jours entiers sans la moindre perturbation ni le moindre arrêt, dans un lieu à l’aspect sinistre et peu accueillant. Bien que les astres se miraient dans l’eau et que la nature ne chantait sa douce mélodie, l’endroit restait plongé dans le brouillard, où l’air glacial de la nuit frigorifiait Loukïan et Jasmine qui demeuraient réveillés.

  • Ouhhhhhhhahhhh, il fait vraiment froid là, d’un coup ! souffla Loukïan en se trémoussant et frottant les mains, à peine sorti de la cabine.

  • T’as… t’as bien raison, Loukïan, la température a chuté d’un coup, avoua Jasmine qui maintenait le cap.

  • On se trouve dans quelle partie de l’océan actuellement, tu sais ? demanda Loukïan qui, en montant les escaliers, rejoignit Jasmine sur le pont supérieur arrière du bateau.

  • On se dirige droit sur la mer de Saborïane, une région considérée comme la plus frisquette de l’océan.

  • Oui, je connais ! Je l’avais lu étant plus jeune. Mais ça n’empêche pas que cette chute de température est anormale, Jasm. Mon corps s’est congelé sur place lorsque je suis sorti.

La lune à son apogée, brillait de mille feux et restait là à les épier de sa captivante stature. Elle semblait les suivre au fur et à mesure de leur avancée sur les flots, tel un œil luisant au cœur du voile nocturne, prêt à les aider à percer l’obscurité, tout en les observant pour mieux accroître leur malaise.

Puis soudain, le brouillard à perte de vue, semblable à un gigantesque mur blanc imperçable. Une atmosphère qui contraint la Navigatrice à redoubler de vigilance, mais en vain. Là, en plein milieu de la nuit, tout droit sorti de la mer, un iceberg aussi haut et large qu’une montagne enneigée, jaillit face au voilier, à une distance presque impossible à contrer.

  • JASM, BON SANG, JASMMMMMMMMM ! MAIS TOUUUUUUUUUURNE !!! hurla stupéfait Loukïan qui peinait à croire ce qui se manifestait sous leurs yeux.

Jasmine s’était figée un court instant, affolée par cette étrangeté dont jamais elle n’aurait pensé assister un jour :

  • C’est quoi ce bordel ??? pesta-t-elle en reprenant ses esprits.

Elle sauta sur le gouvernail et vira aussi vite que possible à bâbord, dans l’espoir de parvenir à contourner l’iceberg. Mais le navire s’approchait dangereusement de la paroi de glace. Plus encore, le voilier restait à s’avancer comme si un puissant aimant avait été mis à l’intérieur de la roche de glace et que celle-ci détenait la prodigieuse capacité d’attirer à lui le batelet.

  • Lou… Loukïan ! Le gouvernail bouge tout seul ! Je n’arrive plus à virer de bord ! s’affola Jasmine, pétrifiée à nouveau.

  • Quoi ? Comment ça ? questionna Loukïan qui s’avança vers Jasmine afin de lui porter son aide.

Une mélodie s’étendit alors tout autour d’eux. Une douce litanie qui les ensorcela en un rien de temps. Loukïan s’arrêta, figé par le son qui se propageait sur la mer de Saborïane, il chercha de son regard ahuri la provenance de ce timbre de voix si captivant, chaleureuse et gracieuse. À force de persévérance, il perçut enfin la provenance de ce chant si séduisant. Assise sur le sommet de l’éminente roche de glace, une jeune femme aux cheveux courts et blancs, dans sa robe en dentelle, chantait et les épiait de son envoutant regard.

Elle les fixait tour à tour, tout en poursuivant sa chanson. Sa peau pâle luisait, comme pailletée sous la lueur de la lune qui bleuissait son teint. Ses yeux étincelants, aqua-marins, se reflétaient dans la nuit et le captivèrent de plus belle. Impossible pour lui d’effectuer le moindre mouvement. Son regard restait rivé et hypnotisé en direction de cette dame qui restait là, à pleurer à chaude larme.

Elle descendit le long de la roche dans une grâce à couper le souffle, avant de disparaître du champ de vision de Loukïan. Elle refit surface après un battement de cils, derrière lui. Toujours sur le pont arrière du navire, la respiration de la petite femme créa une brise chaude sur la nuque de Loukïan. Une expiration agréable qui le réchauffa dans cet endroit glacial. Elle déposa ensuite délicatement sa main sur son pectoral droit. Une main douce, frêle à la texture de pétale de rose, un membre si raffiné qui envouterait toute personne qui la toucherait, si l’on ne fit pas attention à sa température semblable à un bain de minuit. Elle s’avança et planta ses prunelles de saphir dans celles du Dompteur de Flammes, espérant fissurer sa carapace de feu par la seule force de son regard.

L’homme restait de marbre face à elle, ne daignant même pas lui renvoyer un sourire. Par sa gestuelle, elle cherchait à le déstabiliser, en l’inspectant jusqu’au tréfonds de son âme. Après quoi, elle recula d’un pas, surprise de percevoir qu’aucune peur ne ressortait dans les yeux de Loukïan. La femme, d’une menue stature, s’éleva alors dans les airs et passa par-dessus Loukïan pour lui faire face. Pas un instant ses pieds nus ne touchèrent le sol, hormis à ce moment précis, là où le boisage se glaça sous ses pieds.

« Mais… comment c’est possible ? » « Elle… elle a pas froid avec toute cette glace ? » s’intrigua la Navigatrice qui, face à l'apparition de ce bout de femme.

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