Mirage d'hiver Part 13
Rifuzuka Tamaho reposait là, telle une étoile de mer, étendue parmi les barils et les salaisons. Voilà bientôt deux jours entiers qu’elle ronflait à gorge déployée, fredonnant de sa voix douce, les chansons de ses rêves paisibles. La jeune démone dormait d’un sommeil profond, que ni les combats, ni les caprices du climat, ni même l’arrêt brutal de Larias n’avaient su troubler. Rien ne semblait pouvoir réveiller cette belle furie.
Le Duo l’observait en silence, intrigué par cette étrange hibernation et par la position peu gracieuse dans laquelle dormait la jeune femme de 15 ans. Ses cheveux, parsemés, s’étendaient tels des tentacules sur les barils. Son corps reposait à demi sur un tonneau ; une main posée sur le front, l’autre pendait dans le vide, tandis que ses jambes s’éparpillaient sur les fûts alignés sur le plancher du navire.
- Dire que ça fait deux jours qu’elle est dans l’équipage et qu’elle n’a pas parlé, ni bouger ! Tu crois qu’il faut qu’on s’inquiète ? demanda le Capitaine à sa Navigatrice épuisée.
- Ouais… je sais pas… elle a puisé beaucoup d’énergie pour faire ce voilier… c’est peut… peut-être normal… confirma Jasmine en bâillant.
- Tu devrais aller dormir, une pause te fera le plus grand bien, tu sais. expliqua le Capitaine en voyant l’état de son amie, il déposa délicatement l’une de ses mains sur l’épaule de sa Navigatrice.
Elle croisa son regard, esquissa un hochement de tête, puis partit conquérir un lit dans la cabine.
- Hé ! Tête de pioche ! Alors, on a un petit coup de mou ? lança une voix d’enfant, moqueuse et lointaine.
- Oh, la ferme, toi ! rugit Loukïan en rouvrant brusquement les yeux, rouge sang.
- Tu ne peux pas lui pardonner… Je me trompe ? interrogea le garçonnet, toujours invisible.
- Tu sais aussi bien que moi que c’est… compliqué, tu lui pardonnerais toi ? murmura Loukïan en levant les yeux vers le ciel.
- Pff… Fais comme tu veux, mais la rancune, la haine… elles te condamneront, Loukïan. Ne deviens pas un être cupide, sans bon sens… sans âme ! Si j’étais à ta place, j’essayerais de comprendre ses actes et son action.
- Son action… Son action ! Il n’y a rien à expliquer ! cracha-t-il, furieux.
Il se leva d’un bon du crâne en forme de dragon chinois, puis, il respira à plein poumon et recracha le surplus d’air par la bouche qui se transforma en feu.
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