L'enchanteresse des temps anciens
Alors que Loukïan s’avançait vers le faiseur de trouble, d’un pas déterminé, il sentit une étrange chaleur émaner à ses flancs. Intrigué pour l’heure, il se retourna et se fit aveugler par une lueur blanche et bleutée, celle d’un portail de forme ovale, qui s’illuminait à 2m du sol.
Il ne fit pas cas de cette émanation, il se contenta de fermer ses pupilles, de mettre son avant-bras au-dessus de son front, et d’avancer à l’aveuglette face à son ennemi. Le Dompteur de Flammes, déterminé, reprit sa quête, bien décidé à lui faire ravaler son caquet, celui à qui la moitié de son crâne restait dispersée telle des entrailles prémâchées sur le sable. Arrivé à trois pas de lui, il s’apprêta à renvoyer un puissant uppercut dans la face du malotru.
Sa respiration se saccadait, sentant une profonde pression, il peinait à bouger à sa guise. Dominé par la présence du petit homme face à lui, le Dompteur de Flamme ne parvenait à supporter sa présence. Bien qu’étant petit, du haut de ses 1m60, il avait l’impression que juste l’ombre du jeune homme touchait les étoiles, qu’il était gigantesque, imposant, terrifiant. Son œil reptilien d’un jaune vif brillait et l'observait à travers l’obscurité de son ombre.
La funeste énergie qui se dégageait de cet être, sombre et oppressante, plongea Loukïan dans la confusion. En un instant, le Capitaine des Enflammés se mit à trembloter de tous ses membres. Effrayé par l’aura malsaine qui se dégageait de l’homme inerte face à lui, une présence qui l’obligea à se courber et à maintenir son estomac noué. Dominé par la peur et le dégout, il cracha à de nombreuses reprises contre le sable. Bien qu’étant apeuré, il avançait, bien décidé à en finir avec lui.
Face à cet homme, Loukïan avait l’impression d’être devant un véritable tueur en série, une sensation malaisante qui le plongeait dans l’insécurité. L’air autour de lui le comprimait, elle devenait de plus en plus irrespirable. Pourtant déterminé, il continuait à avancer avant-bras en avant, bien décidé à l’expédier dans un tout autre monde.
Arrivé face à lui, au détriment de sa volonté de fer, essoufflé par le vent qui autour de lui et qui lui brûlait les poumons ainsi que le corps. Il parvint à activer, difficilement, une boule de feu de la taille de son poing. Une sphère orangeâtre avec des lueurs dorées, avec laquelle il sauta dans les airs et s’élança face à son adversaire.
On n’a rien de temps, son aspect bestial revint, des yeux jaunâtres, des sourcils beiges et des crocs carnassiers sortaient des côtés de ses lèvres supérieures. Rien ne semblait arrêter l’homme déterminé. Sauf, une étrange créature, sortant du portail, qui s’élança à son encontre bien décidée à le malmener. De ses bottes, elle sauta sur son crâne, de son poids, elle le fit tournoyer et de son sac grisâtre recouvert de pin’s et de différentes babioles, elle l’assomma.
L’homme, à terre, se releva pour achever sa quête. Il courra contre son adversaire, qui, accompagné de son acolyte dissimulé sous un masque rouillé, hurla d’une voix métallisée et étouffée :
- STOP !
Elle retira sa visière et dévoila son visage d’enfant à l’équipage des Enflammées. Des yeux vairons se dressèrent devant eux, un œil à gauche de couleur vert émeraude, quant à droite, il se peignait de rose bonbon. Elle sortit un vieux grimoire de son sac, livre recouvert sur la première page de pierres multicolores formant une constellation, celle du Sagittaire. D’une texture cuivrée et fripée, le bouquin restait très ancien. Elle le lança dans les airs. Ce dernier lévita dans le ciel, de la lumière rosâtre s’émana. Face à son regard juvénile, elle ferma les yeux et prononça :
- Audi vocem meam de terra oriundam. Mitte istos malefactores extra systema solare. Protege animas perditas Baguedadiensium atque eas eripe a fato ab Irignia edicto. (Entends ma voix qui s'élève de la terre. Chasse ces malfaiteurs au-delà du système solaire. Protège les âmes perdues des Baguedadiens et sauve-les du sort décrété par Irignia.)
Alors que sa voix d’enfant proclama cette incantation. Le vent tournoya tel un ouragan autour de son corps. Elle souleva ses bras, les manches de son sweat bleu roi flottaient avec l’air, puis, elle fit danser gracieusement ses doigts avec le vent. Des éclairs bleu ciel jaillirent de ses phalanges.
Elle souleva son regard, désormais entièrement vert émeraude, qui luisait face à l’équipage du Capitaine Dasunio. Des membres qui restaient paralysés, envoutés, par l’enchanteresse face à eux, engouffré dans une barrière bleu foncé et protectrice. Une enfant d’une douzaine d’années à peine, qui en rien de temps, les fit suffoquer et les transforma en statue de pierre.

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