La cachette ultime pour un précieux caillou

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Lorsqu'ils franchirent la lisière de ce havre au milieu de cette sombre forêt, un cri strident résonna à des kilomètres à la ronde. D'abord seuls des hurlements étaient audibles, mais peu après, une phrase retentit dans toute la clairière.

Rattrapez-les, triples crétins !

Séléna hurlait, sa voix furieuse était portée par le vent. Ils tremblèrent quelques instants, puis les deux Tirgalions se mirent à courir de plus belle pour tenter de mettre le plus de distance possible entre eux et leurs poursuivants. Ils ne s'arrêtèrent pas plus lorsque la nuit arriva, car ils avaient bien trop peur de se faire prendre à nouveau par leurs étranges tortionnaires. Ce n'est que vers minuit qu'ils s'accordèrent une pause, et Taitdur, tout haletant, posa enfin la question qui lui brûlait les lèvres depuis que Selena avait entamé son interrogatoire.

— Mais la Pierre, où est-elle ? C'était bien ça qu'elle cherchait, non ? Elle n'était pas dans les affaires !

Un sourire se forma sur les lèvres barbues de Sighdur.

— En fait, tu n'étais pas très loin de la vérité. Bien sûr, comme je ne savais pas ce qui allait nous arriver, je l'ai cachée avant que nous nous mettions en route. L'Ancêtre m'avait dit de me méfier de tout le monde. Je l'ai donc mise dans le seul endroit où elle ni ses sbires n'ont pas pensé à fouiller !

Sighdur enfonça une main dans son caleçon et commença à triturer son derrière. Au bout de quelques gémissements, mini sauts et tours de main, il sortit la bourse de la pierre avec un sourire triomphal.

— Tu vois, elle est bien là, à l'abri ! Là au moins je suis sûr qu'on ne cherchera pas à aller fouiller !

Taitdur se mit à rire comme un petit fou. Il trouvait la petite blague fort plaisante. Mais Sighdur avait bien raison, jamais il aurait pensé à chercher la pierre dans un trou de balle. Sighdur remit la pierre dans sa cachette de fortune, en demandant à son compère de se retourner. Ce dernier, quant à lui, avait repris son souffle et commençait à s'impatienter.

Dépêche-toi, Sighdur, remettons-nous en route, je n'ai franchement pas envie de retomber sur ces monstres. On ne sait pas où ils sont, vaut mieux ne pas traîner !

Ils marchèrent d'un pas rapide, forçant le plus possible l'allure. Et tout en avançant, Sighdur rappela les mots de l'Ancêtre, expliqua à Taitdur qu'il ne fallait en aucun cas qu'ils parlent de la pierre à moins d'être sûr que leurs interlocuteurs soient dignes de confiance. Il lui expliqua aussi les craintes du vieux, de ce qu'il avait vu et ce que cette pierre pourrait annoncer. En entendant ces mots, son compagnon devint tout blême. Comme Sighdur quelques nuits auparavant, les questions et l'inquiétude l'envahirent : comment pourraient-ils, eux, de simples petits Tirgalions, éviter les catastrophes qui s'annonçaient ? Et comment trouver ces « Inothai » et comment les reconnaissait-on ? Mais Taitdur l'intrépide chassa rapidement tous ces doutes : la soif de découverte du monde inconnu l'emporta bien vite sur tout le reste.

Ils continuèrent à marcher de pied ferme, jusqu'à ce qu'ils retrouvent des traces familières. À leurs pieds, quelques fougères avaient été piétinées. Le reste de la flore environnante était aplati, prenant les formes de deux petits corps qui s'étaient couchés là. Ils constatèrent avec désarroi qu'ils n'avaient pas avancé, mais dans leur fuite précipitée, avaient rebroussé chemin : ils étaient retournés à l'endroit où ils avaient campé la nuit précédente !

« On y arrivera jamais, soupira Sighdur. Nous sommes en train de retourner vers le val, nous avons perdus tant de temps. Je crois bien qu'on est perdu. »

« Ne te laisse pas abattre copain. Je sais bien que pester est ta spécialité, mais il est encore trop tôt pour s'avouer vaincus. Allez, remettons-nous en route !

Ils bifurquèrent et reprirent leur marche de plus belle. Sighdur continuait de pester dans son coin, suivant un Taitdur bien décidé à sortir de la forêt au plus vite. Mais son enjouement était feint, pour ne pas inquiéter outre mesure son compagnon. Dans sa tête, il ne cessait de prier Dothiria qu'ils ne retombent pas nez à nez avec les viles créatures qui les avaient tourmentés.

Ils s'accordèrent une longue pause à l'aurore. Selon que ce qu'ils avaient vu ce matin, les créatures bizarres qui les pourchassaient semblaient ne pas aimer la lumière du soleil. Ils décidèrent de se reposer un peu avant de reprendre leur marche. Chacun prit un tour de garde d'une heure pour que l'autre puisse dormir un peu, et ensuite, ils repartirent toujours d'un pas décidé.

Ils refirent une pause similaire en fin d'après-midi, histoire de se reposer jusqu'à ce que le soleil passe l'horizon. L'endroit où ils s'étaient arrêtés regorgeait de champignons, et les deux Tirgalions affamés en firent un festin. Ils se reposèrent de la même manière que leur pause matinale et reprirent une marche forcée durant toute la nuit.

Ils avancèrent durant trois jours sans jamais se détourner, et en gardant le même modus operandi. Il leur arrivait de ne rien manger pendant une journée, se nourrissant que de ce qui poussait dans les bois. De temps à autre, des bruits effrayants retentissaient autour d'eux, et ils se cachaient jusqu'à ce qu'ils soient sûrs que la menace soit passée. La fatigue et la faim commencèrent à s'installer, et ils puisaient dans leurs derniers retranchements, ce qui n'empêcha pas leur cadence de marche ralentir. À la fin du troisième jour, ils atteignirent l'orée de la forêt et se retrouvèrent face à une vaste plaine.




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