Partie II : La mélodie

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Une douce mélodie s'infiltra entre les murs du manoir glissa sous les portes et s'aventura au-delà même des limites de la demeure. Elle était timide, douce, jouée par des mains blanches aux doigts si longs et fins que l'on aurait pu les comparer à ceux d'une statut de marbre gris. Ce fut ce qui réveilla Thomas en cette fin d'après-midi. Il se leva quelque peu désorienté et arpenta les couloirs en quête de cette mélodie si divine, si claire, si sublime. Aucune autre pensée ne put traverser son esprit ; il était comme transporté par ces notes dont sa seule obsession était de trouver la source. Et derrière une porte de bois verni, il la découvrit.

Il vit d'abord, non sans émerveillement, une longue cascade de cheveux dorés, si brillants sous les derniers rayons d'un soleil d'été. Puis une longue robe blanche qui s'étendait jusqu'au sol, si fluide, puis les touches en ivoire d'un clavier, puis le meuble noir d'un immense piano, puis ces mains – divines mains!- qui glissaient habilement sur l'instrument, et cette mélodie, aussi pure que celle du Paradis. La voilà, sa source ! Mais qui était donc cet ange, cette déesse qui jouait si délicieusement ? Ô pauvre de lui, son cœur lui faisait si mal au son de cette musique céleste, il ne pouvait plus penser, plus rien faire, rien, absolument rien, et elle n'arrêtait pas, non, jamais !

-Monsieur ?

Des yeux bleus comme le ciel dégagé le dévisagèrent. Thomas reprit ses esprits et, subitement rouge de honte, se redressa le plus dignement possible. Alors il put contempler le visage de cette muse, ses cils éparpillant milles et un flocon de neiges sur ses pupilles transparentes, ses lèvres charnues, prêtes pour recevoir un des baisers les plus romantiques. Quelle perfection, quelle beauté ! Était-ce Vénus qui avait pris forme humaine ?

-Ma lady, permettez moi de vous dire combien vous jouez merveilleusement bien.

Elle rougit et détourna la tête.

-Vous êtes trop aimable. Je ne faisais que reproduire une nocturne de Chopin.

-Alors vous avez embelli Chopin par vos doigts sublimes.

-Allons, n’exagérez rien.

Puis elle retourna à son piano dans un mouvement léger et quasi imperceptible.

-Puis-je vous demander qui vous êtes ?

Elle ne répondit pas et commença un nouveau morceau mélodie mélancolique.

-Ma lady ?

-La première fille de feu Sir de Haunsford.

Sa voix cristalline flotta quelques instants dans les airs avant de s'évaporer tranquillement. Ainsi, son grand oncle avait eu une première femme. Qu'était-elle donc devenu ?

-Pourquoi ne vous a-t-on pas présenté à mon arrivée ?

La mélodie suivit son cours, ses doigts se mouvaient avec plus de grâce encore que quelques minutes auparavant.

-Ma belle-mère me hait, et Diane, ma belle-sœur, plus encore.

-Pourquoi donc ?

Un énorme bruit de notes mélangées le fit sursauter. La jeune fille avait écrasé ses délicates paumes de mains sur le clavier, l'air contrit.

-Vous posez trop de questions, monsieur.

-Pardonnez mon indiscrétion. Puis-je au moins connaître votre prénom ?

-Le dîner doit être prêt à cette heure-ci. Ma chère mère serait fâchée si vous arriviez en retard.

Il n'eut pas d'autres mots à dire et sortir de la pièce d'un air boudeur.

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