Envol d'une fée

Une minute de lecture

Je caresse toujours tes objets les plus vieux,

Ceux que ta main habile a tant de fois serrés

A cuisiner pour nous tes plats les plus fameux,

Coudre nos vêtements, repriser, tricoter.

Tu étais de ces fées qui mènent humble vie

Entre le buffet blanc, la table en formica,

L'odeur du café frais et le gâteau qui cuit,

Entre gelée de coing et flacon d'arnica.

Ta carrière n'était que dans celle d'épouse,

Et de fille et de sœur, et de mère à plein temps...

Ton âme n'était pas de ces âmes jalouses

Avares de bienfaits et prodigues de vent.

Tu restas la dernière une fois le nid vide,

A fermer les volets chaque soir sur la nuit,

Mais touchant, d'aile émue, chaque cœur trop aride,

Et donnant à chacun, goutte à goutte, ta vie.

Tu partis un matin, à pas de loup (sans doute

Pour qu'on ne pleure pas ou alors pas trop fort) :

Rien ne fleurissait plus sur ta terrestre route,

Plus loin tu trouverais à qui donner encore.

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