2 minutes de lecture

Aujourd'hui je rajoute une bougie aux souvenirs du temps qui passe. Une de plus que tu ne souffleras pas.

Affleure à ma mémoire un vieux film pas vraiment en noir et blanc mais à la couleur sépia de nos nuits de brume. Me reviennent les kilomètres de bitumes avalés, Lyon-Clermont-Tulle-on t'entule, les cadavres des lendemains de soirées, les chargements-déchargements-rechargements, les « t'as pas un jack mec » et l'autre jack, celui qui trônait droit et fier sur la tête Orange au début du concert et qui jonchait le sol, vide, à la fin. Cette saloperie carrée qui te suivait un peu partout, surtout sur scène, parce qu'il faut y aller se jeter dans la gueule du public quand on est un grand timide et puis fait chier, allez, une gorgée, un bouchon, à la tienne, puuuuuuuuuuuute ! Et c'est parti, roulez-jeunesse, on n'a qu'une vie, autant la cramer par les deux bouts que la bouffer par les racines. Surtout que les racines, on les bouffera bien assez tôt ! Les racines, on les bouffe toujours trop tôt.

Affleurent à ma mémoire les milliers de conneries qu'on a pu s'raconter, s'inventer, les vies qu'on n'vivait qu'en fin de soirée, les blagues à deux balles c'est déjà trop cher payé, les petits matins bien entamés ; plus personne pour m'raconter la Fistinière, les livres de cuisine au foutre pour adultes consentants, sick sad world, triste monde tragique, triste monde, tellement triste sans toi. Plus personne pour m'traiter d'hippie, j'aurais jamais cru, mais bordel ! que ça manque. Et cette fin de soirée, du grand n'imp' roule-dessous, à vouloir raser les dreads de ce chanteur de reggae. Putain d'soirée dans les meilleures au top dix de nos souvenirs. Entre deux gueules de bois nos lendemains chantaient mille couleurs métissées du bonheur et du spleen des grands angoissés !

Nouveau tournant, déménagement, nouveaux projets et encore du bon et toujours du lourd, et le temps et la vie, se perdre de vue mais toujours se retrouver, se croiser aux beaux jours, aux belles nuits, aux méchantes soirées. Et l'excuse trouvée d'être trop bourrée pour poser les mots je t'aime copain fais-moi un câlin. Je t'aimais je vous aimais je nous aimais. Je nous aime encore, mais sans toi c'est plus tout à fait la même et je me remémore les tonnes de remords des baffes que je ne t'ai jamais collées, des mains tendues mais pas assez, des non-dits peur d'te blesser. Et je me dis que j'aurais tellement préféré que tu sois toujours là pour me détester de ne pas t'avoir laissé éteindre le feu au fond de tes yeux.

Et si les meilleurs partent en premier tu étais le meilleur, le plus beau le plus grand, le best of the best de nous tous et nous tous, nous sommes bien les pires, à t'avoir laissé partir sans s'dire au revoir, sans dernier câlin. Comme j'aimerais, rien qu'une fois un dernier plus lucide que jamais, cœur contre cœur, sourire à pleines dents.

Allez, il est temps d'la souffler cette bougie, avant que le temps ne l'aie elle aussi complètement consumée. J'dois t'avouer un truc, j'me sens con à te dire que j'pense à toi, que tu m'manques, que je trinque à ton étoile, que je t'aime. A débiter toutes ces conneries que tu détesterais !

Tchao poto.

Annotations

Vous aimez lire Oreleï ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0