Chapitre 9 — Chez moi, entre rires, silences et souvenirs
Ce soir-là, la maison était bruyante, pleine de vie.
Ma mère avait refait sa vie avec Marc, un type gentil mais un peu maladroit parfois. Il essayait de jouer le rôle du beau-père parfait, mais c’était pas toujours simple.
Dans le salon, mes demi-sœurs, Clara et Emma, 12 et 10 ans, s’amusaient à se lancer des défis ridicules, tandis que mon petit frère Lucas, 5 ans, courait partout en riant.
— Lina, viens aider ta mère à mettre la table ! cria ma mère depuis la cuisine.
Je soupirai, mais je me levai. Malgré tout, c’était ma famille.
Assise autour de la table, on essayait de faire comme si tout allait bien, même si parfois je sentais que j’étais un peu en dehors de tout ça.
— Alors, raconte-nous, ta nouvelle classe, tes copains ? demanda Emma avec ses grands yeux curieux.
Je lançai un regard rapide à ma mère, qui me fit un signe discret.
— Ça va, répondis-je, un peu distraite.
Marc tenta de détendre l’atmosphère :
— Et ton demi-frère, il t’a appelée récemment ?
Je serrai la fourchette entre mes doigts. Mon demi-frère du côté de mon père, Thomas, avait le même âge que moi, mais on ne se parlait pas souvent.
— Pas vraiment, dis-je doucement.
Un flot de souvenirs me traversa alors l’esprit.
Je me revis, petite, courant dans le jardin avec Lucas, riant à en perdre haleine quand il tombait dans l’herbe.
Je me rappelai aussi des moments avec ma mère, les soirs où elle me lisait des histoires, même si elle semblait fatiguée parfois.
Et puis, les disputes, silencieuses ou éclatantes, entre Marc et elle, qui me faisaient me réfugier dans ma chambre.
Ces souvenirs se mêlaient à ceux avec Maëlle.
Les après-midis à parler pendant des heures sur le toit de la vieille grange, où on se confiait tout, sans peur ni jugement.
Les moments où sa présence suffisait à calmer mes peurs, à apaiser mes angoisses.
— Tu sais, Marc, parfois je me demande comment Lina vit tout ça… Tout ce changement, ces familles recomposées, les absences…
La voix de ma mère me ramena au présent.
— C’est compliqué, répondit-il. Elle est forte, mais je vois bien qu’elle se renferme parfois.
J’écoutais en silence, un poids se posant sur ma poitrine.
Ma mère posa une main sur la mienne, un geste tendre qui me fit du bien.
— Parfois, j’aimerais que tu puisses retrouver cette complicité, avec quelqu’un comme Maëlle. Ça aide à tenir.
Je hochai la tête, le cœur serré mais un peu plus léger.
Peu importe les changements autour de moi, les vrais liens restent gravés.
Et c’était peut-être ça, la force qu’il me fallait pour avancer.
Annotations
Versions