Vois un psy, m'a-t-on dit.

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Que dire… Que dire quand on a tellement à dire et si peu de volonté à exprimer ? Je ne sais pas exactement de quoi j’ai envie de parler… Pour le moment parler c’est une souffrance. Tout à l’heure Mme (...) m’a reparlé à la sortie des cours, et c’était difficile. Sur le moment j’étais vide, et je ne savais plus ce que j’étais, et tout scénario qui avait pu tourner et retourner dans ma tête s’était enfui. Je l’admire réellement. A l’écoute, bienveillante, exigeante, mais aussi fragile. « Il faudrait que tu trouves quelqu’un à qui parler, pour moi ce n’est pas facile… ». Je comprends tout à fait ses motivations ; elle est professeure, d’ (...).

Voilà une chose qui me tracasse. Vois un psy, m’a-t-on dit. Mais est-ce si facile ? Tu ne perds rien, me dira-t-on. Mais y gagnerai-je quelque chose ? Et à quel prix ? Ne deviendra-ce pas un poids supplémentaire ? Une peur imparable à porter en plus ? Je ne veux pas d’une corvée écrasante face à laquelle je me dirai « ce n’est qu’une question de temps » et que redouterai chaque semaine. Voir un psy, c’est du temps, de l’argent, de la confrontation, des risques de prises de conscience…Parler de cela à ses parents ? Pourquoi ne comprend-on pas la douleur que cela pourrait représenter ? Je trouve que c’est de la confrontation, c’est faire face à ses pires souffrances et si celles-ci restent enfouis, n’y a-t-il pas une raison ? C’est pour ma part la peur de soi, la peur du refus, la peur de la peur elle-même par ailleurs… Et s’ils posaient de questions ? Et s’ils me disaient…Pourquoi ? Qu’est ce qui ne va pas ? Pourquoi n’en parle-tu pas ? … Et puis l’aborder c’est également risquer des réticences, des questionnements, des doutes… Alors voilà. Oui, j’ai peur, je suis faible, et je me cache. On me donne des occasions mais je suis incapable de les saisir. Mme Gaïda m’a donné une occasion de me confier, mais je ne pouvais juste pas. Je n’y arriverai juste pas. Je me suis dit, n’est-ce pas le moment ? Le moment d’avouer, de faire face, de me faire face. Mais je n’y ai pas accompli. Sur le moment, je me suis dit, vas-y. Fais-le. Parle. Elle m’a laissé la possibilité, le temps mais je n’ai pas su saisir l’offre que l’on me faisait. J’ai juste oublié mes vices, doutes et réalités, celles que je ressasse pourtant constamment dans les transports, en cours, dans mon lit… et pourtant celles-ci se sont enfouies. Je n’ai pas su briser ma carapace. Parce que je n’arrive jamais à la briser, cette enveloppe dans laquelle je me terre tant. Cette coquille dans laquelle je suis tant confortable, protégée. J’ai toujours été dans la gestion seule. Ma solitude est ma protection, mon rassurement…. Et je me suis constamment relevée seule. Je peux me gérer seule. Je l’ai toujours fait, et pourtant je suis tant dépendante. Dépendante des autres, de mon environnement, émotionnellement, factuellement. Toujours, je suis revenue à la surface par mes propres moyens ; si j’ose considérer Google comme ma propre volonté. Je dois être ridicule, avec des pensées paradoxales et une perception trop fataliste. Mais j’ai peur. On me dit, demande de l’aide, tu n’es pas obligée d’être seule. Mais est-ce que ça en vaut le détour, le temps, la considération ? Je ne veux pas partager mes craintes, les propager, et même si cette unique pensée peut paraître égoïste, absurde, je ne veux pas avoir à y faire face. Et si on me disait, t’es en dépression ? Je ne l’assumerais pas. Je crois que m’assumer fait partie de ma principale crainte. Je me relève toujours. Toujours j’y parviens… ou du moins je crois ? Et aujourd’hui cette épreuve me paraît plus qu’insurmontable. Pour la première fois, je me sens mal physiquement. Ce poids dans la poitrine et ce vide qui m’envahit s’estompe toujours avec le temps suite à des crises… Mais là, non. 3 jours, et je suis toujours mal, épuisée, consternée par les événements passés. Vais-je en sortir ? Ou resterai-je dans cet état de me morfondre sur qui je suis, ce que je fais, sans motivation ? Je ne sais pas si voir un psychologue m’aiderait, mais je sais que cette idée me terrifie.

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