Chapitre 3 : la guerre de Troie

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Comment commence cette histoire ? Allons-nous, comme tous les contes de notre enfance, user de la formule consacrée, il était une fois… Nous le pourrions, mais ce récit est-il un conte de fée ? Ces évènements se sont peut-être réellement déroulés. Personne peut ni l’affirmer, ni le réfuter, car beaucoup de sites archéologiques ont apporté des preuves sur l’existence de nos plus antiques civilisations, et de ces personnages de légendes comme l’étaient certains souverains grecques et romains. Alors, à qu’elle d’entre elles allons-nous nous confronter ? A la Grèce antique, ou à l’Empire Romain ? Et si enfin de compte, c’était une seule et unique civilisation, qui serait née de l’assimilation d’une patrie par une autre et dont l’une aurait fait sienne les Dieux, et des récits héroïques sa glorieuse précédente. Ainsi, ses deux nations, ne seraient-elles pas les détenteurs de la mémoire d’un seul peuple, dont le point de départ serait la guerre de Troie, et l’exil d’Enée ? N’était-il pas raconté que ce prince grec devint le père fondateur de l’Empire Romain ? Mais qu’est-ce que Troie ? Une réalité ou un mythe ? Peut-être un peu des deux.

Ville située sur la côte de la mer Egée, au Nord Ouest de la Smyrne, sur les terres d’Hissarlik, elle était la capitale d’un royaume prospère, et régissait une dizaine de cités d’Anatolie. Tout le monde la disait imprenable grâce aux remparts gigantesques façonnés par les Dieux, et dont personne ne devait réussir à les abattre. Ainsi fortifiée, Troie resta la plus grande concurrente à la puissance d’Agamemnon, roi des patries mycéniennes, et des citées grecques comme Sparte, ou Athènes, leur faisant de l’ombre. Chacun enviait sa richesse et sa force, une puissance qui devait durer pour l’éternité, jusqu’à la fin du monde. Pourtant, le Destin en voulut autrement. Il fit d’elle et de sa destruction le théâtre du changement. Il lui fallut, pour accomplir son dessin, dénicher, en premier lieu, l’instigateur d’un tel bouleversement, celui qui allait en endosser toute la responsabilité. Il le trouva en la personne du prince Pâris au, cours du VIIᵉ siècle avant Jésus Christ.

Pâris était fils d’Hécube et de Priam, roi de Troie qui avait reconstruit la ville après le passage tonitruant et vengeur d’Héraclès. Alors qu’elle était enceinte, son épouse fit un rêve où elle se vit donner naissance à une torche qui embrasa la cité. Aesacos, fils que Priam eût d’une autre femme, Arisbé, interpréta ce songe de mauvais augure. Ainsi, il prédit que cet enfant à naître causerait la destruction de la ville que nul ne pourrait rebâtir. Afin de faire mentir la prédiction, son père ordonna à Agélaos, un de ses domestiques, de prendre le nouveau-né dès sa naissance, afin de le faire disparaître à tout jamais. Hécube, horrifiée par le sort attendant son bébé, prit alors les devants, et supplia Agélaos de l’épargner. Au jour fatidique, le bourreau désigné prit Pâris, à peine né, et l’emmena jusqu’au mont Ida. Tiraillé entre son désir d’obéir à son maître et le cri de son cœur d’exaucer le vœu d’une mère, il décida de laisser les Dieux choisir du sort de l’enfant. Il déposa ce dernier sur l’herbe, et s’éloigna. Au bout de quelques jours, il revint sur le mont Ida, et retrouva le petit prince toujours en vie, entrain de se nourrir à la mamelle d’une ourse, qui était venue le nourrir et le protéger. A la vue de l’homme, l’animal s’écarta, et partit pour ne jamais revenir. Y voyant un signe divin, Agélaos recueillit Pâris, et se fit berger. Il l’éleva ensuite au milieu des troupeaux de moutons, de taureaux et de vaches.

Au fil des ans, le petit garçon grandit pour devenir un jeune homme à la bonne mine, à l’esprit vif, et possédant une adresse sans égal au tir à l’arc. Il se montrait si vaillant dans la protection du bétail, et en mémoire de l’ourse, qu’il fut surnommé Alexandre, qui signifie « l’homme qui protège » ou « l’homme protégé ». Se faisant, par la suite, aimer de la nymphe Oenone, il l’épousa. Tout était en place pour que son existence soit la plus paisible du monde, loin des tourments, donnant tord à Aesacos. Malheureusement, c’était sans compter une arrivée des plus surprenantes dans sa vie, qui allait sceller son destin à jamais.

Un jour, alors qu’il était entrain de garder ses troupeaux sur le mont Ida, Pâris eut l’incroyable visite de trois divinités. Héra, Athéna et Aphrodite firent leur apparition, amenées jusqu’à lui par Hermès, sur ordre de Zeus. Ces dernières lui apprirent qu’il avait été désigné comme juge dans la querelle qui les opposait. Devant elles, trônait une pomme d’or des Hespérides, où était écrit : « A la plus belle ». Les divinités attendaient de lui qu’il les départagea, en désignant la déesse qui supplantait toutes les autres, en termes de beauté. Afin de gagner le jugement de Pâris, chacune d’entre elles lui fit une proposition de récompenses. Héra lui promit la puissance sur plusieurs empires et les plus grandes richesses. D’Athéna, il reçut la promesse de victoire sur les champs de bataille, ainsi que la sagesse et l’intelligence sur toutes les créatures. Aphrodite, de son côté, préféra lui promettre de se faire aimer de la plus belle des mortelles sur Terre. Choisissant l’amour à tous les autres prix, Pâris désigna l’amante d’Arès, et lui attribua la pomme d’or. Héra et Athéna, furieuses, jurèrent de se venger, et de travailler de concert à la ruine des Troyens. Faisant fi de cette menace, le prince méconnu repartit à ses occupations pendant que le trio divin revint en Olympe.

Quelques temps plus tard, il eut la surprise de voir apparaître des serviteurs de Priam. Ces derniers étaient venus chercher un de ses taureaux, afin qu’il soit offert au gagnant des jeux funèbres, que le roi de Troie avait organisé en mémoire de son fils mort en bas âge. Pâris dût alors voir l’animal pour qui il ressentait la plus grande affection partir pour la capitale, une tristesse qui fut amplifiée par le décès d’Agélaos, survenu le soir même. L’homme qu’il prenait pour son père avait tout de même eu le temps de lui apprendre la vérité sur sa naissance et son ascendance royale. Pâris ne pût que le croire quand il trouva les langes et l’épée ornée de l’emblème de la famille royale, qu’Agéloas avait conservé. Autant désireux de reconquérir son taureau favori, que de reprendre sa véritable place, il partit pour Troie. Le fils de Priam prit alors part aux jeux et gagna toutes les épreuves, même contre ses propres frères. D’ailleurs, l’un d’eux, Déiphobe, ne supportant pas de perdre, tira l’épée et tenta de le tuer. Afin de sauver sa vie, Pâris courut se réfugier au sein du temple de Zeus, où officiait sa sœur, la prophétesse Cassandre. Cette dernière le reconnut à l’arme qu’il tendit pour se défendre et le désigna à Priam comme son fils disparu. Oubliant la prédiction, le souverain troyen le reçut avec joie, et lui rendit son véritable statut. Il lui confia ensuite la mission d’assister son frère, Hector, et un de ses cousins, Enée, pour recueillir la succession de leur tante Hésione, en Terre des Achéens, leurs plus grands rivaux grecs.

Hésione était la fille du précédent roi de Troie, Laomédon. Après qu’Apollon ait abattu la peste sur Troie, et que Poséidon ait détruit les digues de la ville, ce souverain avait consulté un oracle pour savoir comment conjuguer ces deux maux. Sa réponse ? Les Dieux seraient apaisés uniquement lorsque les Troyens auraient sacrifié à un monstre marin un de leurs enfants que le sort aurait désigné. Le Destin avait donc choisi Hésione. Tandis qu’elle avait été enchainée à un rocher devant la mer, Héraclès et les Argonautes avaient été amenés à passer devant elle. Descendant du navire, le fils de Zeus avait appris le funeste sort de cette princesse. N’écoutant que son cœur, le demi-dieu avait rompu les chaînes, et l’avait ramenée à ses parents. Par la suite, il avait promis de tuer le monstre. Quand son exploit fut accompli, Laomédon l’avait récompensé en lui offrant ses chevaux invincibles et si légers qu’ils courraient sur les eaux. S’adressant à sa fille, il lui avait proposé, soit de rester auprès de sa famille, soit de suivre son sauveur. La jeune princesse avait choisi la seconde proposition. Ne pouvant pas emmener ni la princesse, ni les coursiers durant son expédition avec les Argonautes, Héraclès avait demandé au roi de les garder le temps qu’il vint les réclamer. Après l’expédition, rentré chez lui, le héros avait chargé son ami Télamon d’aller chercher ses dus.

Fils d’Eaque, roi d’Egine, et de la nymphe Endéis, fille du centaure Chiron, ce dernier avait été condamné à l’exil après avoir tué son demi-frère Pelée par accident. Il avait rejoint les Argonautes, et intégré le groupe d’amis d’Héraclès, avec qui il partagea les aventures. Malheureusement, le roi troyen avait fait mine de ne pas se rappeler du marché, et avait emprisonné le messager. L’apprenant, le fils de Zeus et d’Alcmène avait assiégé à son tour la ville. Son père ayant participé à la construction des murailles de Troie, Télamon avait appris depuis longtemps à Héraclès leur point faible, un étroit passage creusé par dessous pour laisser passer les égoûts. Ainsi, était rentré le demi-dieu à la force extraordinaire dans la cité. Après l’avoir saccagée, libéré son compagnon, et tué Laomédon, il avait enlevé Hésiode qu’il avait donné en mariage à Télamon. De cette union, la princesse avait eu Teucros, archer émérite, et fondateur de la cité de Carthagène, en Espagne, ainsi que de la ville de Salamine en Eleusis, dont il avait épousé la princesse Euné. Ainsi, afin de resserrer les liens que le sang troyen d’Hésione avait créés entre les deux peuples, Priam avait chargé ses fils d’une mission diplomatique. Ce fut au cours de son séjour au sein de la cour du roi de Sparte, Ménélas, que Pâris rencontra la femme la plus belle du monde, Hélène.

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