Chapitre 2 : Au commencement

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A la confusion de la création et à l’affrontement succéda ainsi un événement nouveau. Avant l’avènement de Zeus, le Chaos se débrouillait, le Jour se faisait, le Ciel et la Terre s’unissaient. Les actions divines se manifestaient en tout lieu et en tout temps, mais la divinité restait dispersée dans le monde, sans aucune attache d’aucune sorte. Le successeur de Saturne décida d’y remédier, et de créer un ordre divin. Dès le commencement de son règne, mais non sans combats, les Titans, fils de Titée, avaient donc disparu. Zeus récompensa la chèvre Almathée, pour l’avoir nourri, en la transformant en constellation. Ainsi était né le signe du zodiaque du Capricorne. De sa corne qu’il avait arraché étant enfant, dans un geste maladroit, il en fit la corne d’abondance, trésor qui sera à jamais recherché par les Mortels pour les richesses de prospérité qu’elle promettait. L’aigle, qui avait été son compagnon depuis sa naissance, resta à jamais à ses côtés, devenant son animal favori, et un de ses emblèmes. Il partagea ensuite l’univers entre ses frères et lui, confiant les mers et les océans à Poséidon, les Enfers et le monde souterrain à Hadès. Il s’octroya le ciel. Au sein de cette voûte céleste, tantôt voilée de nuages et de noirceur, tantôt resplendissant d’azur, de feu et de lumière, il bâtit un palais mystérieux, entouré de plus petits, résidences de sa cour divine, et dont la voie lactée en était l’accès. Sous son spectre, il convoquait les autres dieux, et leur ordonnait. De cet espace invisible, le nouveau souverain présidait aux évolutions du monde, observait les peuples pourvoyant à leurs besoins, assistant à leurs rivalités et prenant part à leurs querelles, sans en être l’instigateur, ou la cause. Il poursuivait et punissait les coupables, autant qu’il veillait à la protection des innocents. Se rapprocher des Mortels, s’unir à eux et se jouer de leur soif d’obtenir leur bénédiction divine étaient les seuls commerces que Zeus autorisait aux autres divinités.

Ainsi, le dieu de la Foudre créa un certain équilibre, qui dura quelques siècles avant, qu’à la guerre des Titans, succéda la révolte des Géants. Résolus de détrôner le fils de Saturne, car assoiffés de pouvoirs, ils réussirent à transférer leur territoire Ossa sur le mont Olympe, et ainsi braver toutes les divinités. Ils leur furent ainsi plus faciles de lancer contre elles de monstrueux rochers, dont les uns, tombant dans la mer, devinrent des îles, et les autres, se fracassant à terre, formèrent des montagnes. L’assemblée des Dieux usèrent de tout leur pouvoir pour résister. Ils réussirent à repousser quelques uns, comme le géant Encelade. Athéna était parvenue à toucher ce dernier de sa lance, et à l’ensevelir sous un nombre incalculable de roches et de pierres, formant alors le volcan Etna. Malheureusement, aucun dieu ne parvint à défaire le plus terrible de leurs adversaires, le géant Typhon, fils de Gaïa et du Tartare, possédant un torse d’homme, des jambes de serpents et des doigts de dragon. Même Poséidon en fut victime, au point qu’il resta, de longues années, inconscient au fond de la mer. Quand la rumeur de sa défaite se répandit, les autres divinités prirent peur. Devant l’avancée de Typhon jusqu’au palais de Zeus sur l’Olympe, chacune d’entre elles, prenant exemple sur Héra qui se transforma en vache, se métamorphosa en animal, et se réfugia en Egypte auprès de leurs cousins, les Dieux Egyptiens. Les seuls qui restèrent pour défier Typhon furent Zeus et Athéna.

Cependant, la déesse de la Bataille fut également mise à terre, laissant son père devenir le dernier rempart. Pour se donner une chance de vaincre, le dieu des Dieux s’arma de la faux de son père Saturne, la seule arme capable de tuer une divinité. Malheureusement, après une bataille longue et éprouvante, le vainqueur fut tout de même Typhon, s’appropriant alors le trône de l’Univers. Maintenant Zeus prisonnier entre ses griffes, le géant lui arracha les tendons de ses mains et de ses jambes, les gardant dans une boîte en or. Puis, il les amena dans son antre, au sein d’un mystérieux souterrain au pays des Arimes, en Cilicie, et les mit sous la garde de son épouse, Echidna. Mère de plusieurs monstres engendrés avec son époux, c’était une créature possédant la tête, les bras et le torse d’une femme, mais ayant une queue de serpent à la place des jambes, et des écailles aux couleurs changeantes en guise de peau. Après avoir embrassé Typhon avant son départ pour l’Olympe, son nouveau royaume, elle cloua Zeus au mur, et s’endormit, entourant la boîte contenant les tendons de son corps reptilien. Le début du règne du géant fut catastrophique, au point que les premiers représentants de l’espèce humaine furent anéantis.

Pour sauver ce qui pouvait encore l’être, une seule solution existait, le retour de Zeus sur le trône de l’Univers. Afin de sauver son père, Hermès se faufila dans le domaine d’Echidna, suivi par son propre fils Pan. Tous deux arrivèrent jusqu’à la pièce où elle reposait. Malheureusement, leur venue réveilla la maîtresse des souterrains qui voulut fondre sur eux. Usant de la puissance de ses cordes vocales, Pan émit des ultrasons qui la paralysèrent. Pendant ce temps, utilisant sa vitesse, le messager des Dieux se saisit de la boîte, et se précipita auprès de Zeus. Utilisant son savoir dans la médecine, il greffa les tendons à leur légitime propriétaire. Le dieu de la Foudre retrouva instantanément toutes ses prérogatives et sa puissance. Il fondit les cieux de son pouvoir, et enterra Echidna dans le sous sol d’Arcadie, avant de partir avec ses sauveurs. Il était dit qu’elle n’en sortira qu’une fois tuée par Argos, le berger aux cent yeux. Pour l’heure, afin de vaincre Typhon, le dieu des Dieux dût se résigner à suivre la prédiction d’un ancien oracle. Ce dernier lui aurait annoncé que les Géants seraient invincibles, à moins que les divinités fassent appel à un de ses fils semi-mortels pour les secourir. Ainsi, après avoir interdit à l’Aurore, à la Lune et au Soleil de prévenir Titée qui cherchait à protéger ses enfants, il prit conseil auprès de Pallas et d’Athéna sur le choix le plus judicieux.

Rentra donc en scène Héraclès, qui de concert avec son père, extermina les Géants Polybétès, Aleyonée, Prophyrion, les deux Aloïdes Ephialte et Otus, Eurytus, Clytius, Tityus, Pallas, Hippolytus, Agrius, et Thaon. Quand à Typhon, Zeus en fit son affaire. Ce fut un combat épique qui dura des jours et des jours, à la seule différence prêt que la situation n’avait rien à voir avec la précédente. En effet, désireux de gagner encore plus de puissance, Typhon était parti aux Enfers, rencontré les tisseuses de vie, les Moires, pour en quérir. Ces dernières avaient accepté sa demande, et lui avaient donné un fruit, promesse d’immortalité et d’invulnérabilité, qu’il avait dévoré en une seule bouchée. Toutefois, l’effet attendu n’était jamais venu, bien au contraire. Le trompant pour préserver l’équilibre de l’univers par ce stratagème, les Moires lui avaient privé de la moitié de ses pouvoirs. Ainsi, les deux forces qui s’affrontèrent sur l’Olympe furent égales. Au bout d’un combat acharné, Zeus prit le dessus, et avec l’aide d’Héraclès parvint à soumettre Typhon. Afin d’éviter que la même tragédie ne survienne à nouveau, la puissance de ce dernier fut diviser en trois. La première, représentant son souffle, fut transformée en vent destructeur, malveillant et irrégulier. La seconde, sa conscience, fut envoyée au fin fond du Tartare. Enfin, la dernière, son corps, rejoignit son frère sous l’Etna. Il était raconté qu’à partir de cet instant, l’haleine embrasée d’Encelade était condamnée à exhaler le feu, obscurcissant le ciel d’une épaisse fumée, pendant que les mouvements de Typhon faisaient trembler la terre de Sicile. Une partie des Géants connut le même sort. Ainsi, Polybétès se retrouva sous l’île de Lango, et Otus sous l’île de Candie. Quand aux autres, ils furent enfermés au Tartare, à l’exception de Japet.

Tombant sous son charme, l’Océanide Clymène, la Néréide Asia et Thémis avaient plaidé pour qu’il ne soit pas envoyé dans cette prison. Ensuite, elles se querellèrent toutes trois pour obtenir les faveurs de ce titan. Chacune charma à tour de rôle ce fils de Titée et d’Ouranos, qui se laissa séduire sans trop de résistance, aimant les trois sans distinction. Engendrant ainsi de la confusion, personne ne sut vraiment qui devint la mère de Prométhée. Après une enfance sans histoire, arrivé à l’âge mûr, ce dernier remarqua qu’il n’existait plus, sur Terre, un être capable de découvrir, d’étudier, d’utiliser les forces de la nature, de commander les autres créatures, de communiquer avec les Dieux et d’user de son intelligence pour comprendre les principes et l’essence de toutes choses. Résolu à y remédier, il prit du limon de Gaïa, et devint le créateur de l’homme et de la femme. Il la fit ainsi la mère d’une humanité primitive exempte de vices et de maux. Admirative de la beauté de son ouvrage, Athéna offrit à Prométhée tout ce qui pouvait contribuer à sa perfection. Reconnaissant, le fils de Japet fut tout de même embarrassé. En effet, afin de choisir ce qu’il conviendrait, il lui fallait voir de ses propres yeux les régions célestes. Convaincue par ses arguments, après plusieurs jours de discussion, la déesse de la Sagesse l’emmena donc au ciel, lui interdisant de toucher au brasier divin, flammes perpétuelles. Arrivé, Prométhée puisa et attribua toutes les joies, tous les plaisirs et toutes les perfections qu’il pouvait trouver sur le mont Olympe à sa création. Toutefois, désireux de lui offrir le meilleur, comme un père à ses enfants, il décida de désobéir à Athéna. Il réussit à se dérober à sa vision, et à se glisser jusqu’au char du Soleil. Il l’y déroba le feu, élément indispensable à l’industrie humaine, en le dissimulant dans la tige d’un bâton creux nommé férule. Revenu sur Terre, il offrit aux Hommes ce présent interdit, qui leur permettra de dominer le monde. Irrités d’un si audacieux attentat, les Dieux décidèrent de se venger.

A l’opposé, le plus heureux de cette création de Prométhée fut Saturne, toujours errant sans pouvoir divin sur Gaïa. En effet, ces êtres humains, à l’âme pure, rompirent sa solitude, et lui donna un sens à sa vie. Il les rassembla en un seul peuple, vivant maintenant en sa contrée terrestre. L’ancien dieu leur apporta des lois et la civilisation, les rendant paisibles. Il en devint même leur roi. A l’opposé de sa vie divine, il gouverna avec douceur. L’égalité des conditions fut ainsi établie. Aucun homme n’était au service de l’autre. Personne ne possédait rien en propre. Tout appartenait à la communauté, comme si tous partageaient un seul et même héritage. Les terres fertiles s’ouvraient d’elles-mêmes et offraient aux Hommes de quoi se nourrir et s’abreuver, sans aucun effort. Son règne devint pour l’humanité synonyme d’Age d’or, et tous espérèrent que le monde resterait ainsi. Malheureusement, c’était sans compter la vengeance des Dieux à l’encontre de Prométhée, coupable de leur avoir dérobé le feu sacré.

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