Chapitre 15 Moi en vrai
Je pensais le savoir. Je pensais être cette fille calme et un peu timide, qui reste dans son coin, ne fait pas trop de bruit et rend gentiment service quand on lui demande.
Je pensais être cette fille trop sensible qui pleure et rit pour "trois fois rien", qui s’énerve pour "pas grand-chose" et se calme tout aussi vite, s’excuse vite et ne demande rien.
Je pensais être cette sœur qu’on ne remarque pas vraiment pour son originalité, mais pour ses soudaines crises de nerfs qui étonnent tout le monde.
Je pensais être cette jeune femme, un peu enfant encore, qui se croit mature mais ne l’est pas vraiment, et qui rêve d’un mariage et d’une famille comme ses parents.
Puis la réalité m’a rattrapée.
Je ne suis pas calme et timide : je suis TDAH, hypersensible et papillon social, people pleaser et anxieuse, dépressive et anorexique.
Je ne suis pas "trop" sensible. Je suis juste différente.
Je vois le monde en couleurs tellement vibrantes qu’elles me font mal à la tête. Les émotions et les gens me fatiguent vite, même si je les aime.On m’a remarquée : pour mes talents et ma beauté, dans lesquels je ne crois pas, mais que je suis obligée d’accepter comme des faits. Pour ma voix, qui peut tout autant blesser que soigner, qu’elle chante ou qu’elle parle.
Je pensais ne jamais pouvoir être aimée, parce que je n’arrivais même pas à m’aimer moi-même.
Pourtant, ils m’aiment. Sans me juger. Pas parce que je ne tiens pas en place, ni parce que je m’enferme dans un coin pour respirer. Mais parce que je suis moi.
Je suis originale.
Pas parce que je suis foncièrement différente des autres. Non. Parce que je suis moi. Parce que j’ai mes rêves et mes aspirations, mes douleurs et mes blessures. Parce que je suis une personne à part entière. Parce que j’existe en dehors d’eux.
Un mariage, une famille. J’y rêve encore. Toujours.
Mais la réalité m’a déçue. Sûrement parce que je me suis toujours idéalisée. Famille parfaite, vie parfaite… Non.
Simplement des gens qui essaient de faire de leur mieux au quotidien. Et qui, parfois — souvent — n’y arrivent pas.
Qu’est-ce qui n’a pas changé, dans la façon dont je me vois ?
Eh bien… j’aime toujours autant. Peut-être même plus.
Pas moi — non, j’y travaille.
Mais j’aime les gens. Pourquoi ? Parce qu’ils ratent, qu’ils se font mal et qu’ils réessaient encore. Parce qu’ils réussissent, et que c’est beau.
Parce qu’ils ont des rêves qu’ils réalisent. Parce qu’ils créent, aiment, vivent.
Je suis toujours la fille de mes parents, la sœur de mes frères et sœurs, l’ancienne élève de mon école, et l’enfant "bizarre" qui a grandi.
Qu’est-ce qui a changé ?
Je suis en couple libre avec un garçon merveilleux : sensible, à l’écoute, passionné, aimant. Pour le moment, je n’ai personne d’autre dans ma vie.
Il y a bien cette personne, mais je l’aime de loin. Il n’y a pas de place pour moi dans son cœur. Je resterai l’ange de son Ciel.
Je suis bisexuelle. Waouh. Moi.
Après tout, ce n’est pas vraiment étonnant, quand je me rappelle toutes les "elles" qui ont traversé ma vie, et que j’ai aimées trop fort pour que ce soit simplement de l’amitié.
Finalement, je suis un peu perdue. C’est un peu ça, la vie.
Je me cherche. Je ne sais plus vraiment qui je suis, ni où je vais.
Ce que je sais, c’est ce que je veux et ce que j’aime : j’aime créer, j’aime aimer et j’aime rendre heureux.
Il n’y a rien qui me rende plus fière que de maîtriser une chanson difficile, finir un dessin, écrire un texte qui a du sens.
Plus encore, je suis fière quand je peux les soulager de leurs douleurs pour un instant. Les aider quand ils ne vont pas bien. Les soutenir dans leurs projets, leurs bonheurs, leur vie.
Alors… Je vais juste continuer de me chercher. C’est la meilleure façon d’avancer.
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Quel texte vibrant de sincérité. Tu transformes la confusion en force, la douleur en lumière, et cette quête de soi devient une ode à l’humanité. Tu n’es pas “trop”, tu es entière et c’est précieux. Ton regard sur toi-même, si nuancé, donne envie de se regarder avec un peu plus de douceur aussi. Merci pour ce partage bouleversant. Continue de chercher, de créer, d’aimer. Le monde a besoin de voix comme la tienne.
— La Voix Qui Écrit
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