Chapitre 42 Ma famille et moi

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Ma famille… Bon, je garde souvent tout sans rien dire et au bout d’un moment ça craque.

Contexte :

Je suis la SEULE et unique hypersensible dans la famille et dans les proches de ma famille.

En plus, mes parents ont été éduqués… Euh… Mon père par un handicap et des parents « avance ou crève et souris quand ça ne va pas » et ma mère par une mère dépressive, un père militaire… euh pas très stable non plus je pense, tout le contraire de ma grand-mère : la routine et les habitudes strictes.

Et là, babababababoum :

J’arrive. Je nais. Hop là, 4e enfant, deux sœurs, un frère, et dès le début… Mince alors, elle n’est pas comme les autres. Oui, zut.

Niveau santé, j’ai tout fait. Je tombais et tombe toujours malade très souvent : terrain allergique, eczéma, asthme.

Bref, et je suis bizarrement très susceptible, princesse au petit pois, je pleure et je ris pour trois fois rien. Je demande beaucoup plus d’attention.

Alors on m’apprend : "La susceptibilité, c’est de l’ego, il faut être plus humble. Demander tout le temps de l’attention et de l’affection, c’est pareil. Tu n’es pas le centre du monde."

Je grandis. Pas malheureuse, ce serait mentir.

Mes parents sont aimants et font de leur mieux pour élever leurs 8 enfants. Qui comprennent vite que pour avoir de l’attention, il va falloir compéter.

Alors : "Maman, machin il a fait ça ! Et moi regarde, je suis sage." Etc., etc.

Comportement normal pour des enfants qui se sentent délaissés par des parents submergés : mon père au chômage, ma mère fatiguée, les grossesses, puis le petit dernier handicapé. J’avais 8 ans.

Alors là… Tout change. Papa s’enferme, disparaît.

Et moi… Je remarque tout ça : que maman pleure plus souvent, que le petit frère est adorable et qu’un handicap, ça ne va pas m’empêcher de l’aimer.

Bref, je passe là-dessus. On continue et la grande sœur part en études. Les deux suivants… Bah, pleine crise d’ado : ils préfèrent passer du temps dehors, faire du vélo, partir tout seuls, etc., que faire les tâches ménagères. Et maman est épuisée.

Alors je prends le relais. Je rends service. Je me donne. C’est ce qu’on fait, non ? Mais ce n’est pas mon rôle. Donc je n’ai ni l’autorité ni la reconnaissance qui vont avec.

Ça veut dire… que je dois en faire plus, non ? C’est parce que je n’en fais pas assez.

Pas de reconnaissance.

À l’école : "Tu es intelligente, on t’a tout donné, c’est normal d’avoir de bonnes notes."

À la maison : "Bah… d’habitude tu donnes avec le sourire, qu’est-ce qui t’arrive ? Les filles méchantes à l’école ? Ce sont des gamines. Ton frère ? Du harcèlement ? Mais enfin tu sors ça d’où ?"

Bref… Je me renferme sur moi-même. Je sors, je vois des gens à la réputation plus que questionnable.

Parfois j’éclate, mais je finis toujours par conclure que c’est moi qui n’en ai pas fait assez.

Je prends toutes les critiques de tout le monde pour moi. Même quand elles sont adressées à d’autres. Parce que pour être aimée, vue, remerciée, il faut être parfaite tout le temps ?

Je grandis, je m’intéresse à la psychologie.

Je m’interroge et quand j’essaye d’en faire part… je suis folle, je me victimise… Je suis influençable, je suis trop sur les réseaux. (Téléphone à 17 ans seulement.)

Bref, autant de choses qui sont encore d’actualité.

Je brûle mon énergie à essayer d’être la fille et la sœur parfaite, je suis vidée, je tombe dans des périodes dépressives, honte, culpabilité et on recommence. Et c’est le cercle sans fin.

Sans compter que je ne vais jamais vraiment physiquement bien. Je n’ai pas de handicap, moi. Donc juste je me plains sans raisons valables.

Ah oui, ça fait chier les gens qui communiquent sans cesse leurs émotions quelles qu’elles soient et qui attendent d’être validés. Surtout quand c’est la seule fille de la famille à être… bizarre.

Bref, évidemment tu n’as que le négatif. Je pourrais te citer plein de belles choses sur ma famille, mais là n’est pas le sujet, n’est-ce pas ?

J’essaye toujours de faire de mon mieux et je suis toujours déçue de moi-même parce que ce n’est pas suffisant pour être aimée.

Syndrome de l’imposteur, de l’infirmière, s’attacher aux gens qui souffrent, tout ça…

Eh bah je fais partie de 22 % de la population, héhé.

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