Chapitre 46 Quand chanter devient respirer
J’ignore quand tout a vraiment commencé. Quand j’ai décidé que ma voix ne devait plus se perdre dans l’harmonie d’une chorale.
Catholique pratiquante, j’ai grandi bercée par la musique, et surtout par le chant : de la cérémonie de mon Baptême aux messes de mariage, en passant par les cours de chant grégorien et polyphonique à l’école.
Ma mère est une grande mélomane : opéra, classique, baroque, grégorien, musique du Moyen Âge… Mon père, lui, aime la variété et le rock, même s’il s’est peu à peu laissé séduire par les goûts plus classiques de maman.
De mes six à mes dix-huit ans, j’ai chanté en chorale, au sein de mon école privée dirigée par des religieuses dominicaines.
Je n’ai jamais été choisie pour des solos, et je ne me suis jamais proposée non plus. À l’époque, j’étais trop réservée — et je crois que ma voix n’était pas encore assez posée.
Au lycée, l’admiration que je portais à certains chanteurs m’a donné envie de chanter davantage.
À dix-sept ans, avec un téléphone, c’était plus simple : je me suis créée un compte sur Starmaker et j’y publiais des reprises.
Je le faisais discrètement, car ma voix n’était pas toujours appréciée chez moi.
Je reste reconnaissante envers tous ceux qui m’ont soutenue, de près ou de loin : mes amis, des clients de passage dans les gîtes, ou même les sourires d’inconnus.
C’est en arrivant à la fac que je me suis vraiment lancée, jusqu’à monter sur scène.
Aujourd’hui, chanter m’est aussi vital que respirer. Sans le chant, j’étouffe.
Je chante quand je suis triste, quand je pleure, ou quand je suis vraiment joyeuse. Mais aussi en marchant dans les rues, dans les lieux qui résonnent : les églises, les entrées vides, les passages voûtés…
Cette année, j’aimerais prendre des cours de chant. J’espère sincèrement pouvoir le faire. Ce serait une manière de justifier ma passion — auprès des autres, mais surtout auprès de moi-même — et d’atteindre un meilleur niveau amateur.

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