Chapitre V : Traînée jusqu'en Enfer

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Charlotte se levait lentement de sa chaise dans sa chambre d'hôpital et sortait dans le couloir. Un sentiment d'inquiétude la guettait, mais elle avait tellement envie de sortir de cette chambre étouffante qu'elle se dirigea vers la porte. Une fois dans le couloir, elle remarqua à quel point c'était silencieux. L'hôpital psychiatrique ne manquait jamais d'un monde un peu bruyant, même la nuit. Mais aujourd'hui, les murs ne parlaient pas, et restaient dans un calme étrangement olympien.

Alors qu'elle se dirigeait lentement vers la salle commune, elle vit sa mère à l'autre bout du couloir. Elle semblait un peu floue à cause des médicaments, mais Charlotte était tellement contente de la voir qu'elle ne s'en soucia pas vraiment.

— Maman ! Qu'est-ce que tu fais ici ? s'exclama-t-elle.

Sa mère lui fit signe de la suivre et se dirigea vers un couloir interdit. La jeune femme n'était pas censée aller là-bas, mais Charlotte voulait tellement voir sa mère et peut-être même sortir de cet endroit, qu'elle décida de la suivre.

En entrant dans le couloir interdit, elle remarqua que les lumières clignotaient de manière erratique. Une sensation étrange se manifesta dans l'estomac de la jeune patiente. Elle regarda autour d'elle, remarquant que les murs se refermaient sur elle. Elle secoua la tête pour se débarrasser de cette pensée.

— Maman, où allons-nous ? demanda-t-elle.

Mais sa mère ne répondit pas et continua à marcher.

Alors qu'elles avançaient dans le couloir, Charlotte commença à entendre des murmures. Elle ne pouvait pas distinguer ce qu'ils disaient, mais ils parlaient d'elle. Une bouffée de paranoïa l'envahit, elle accéléra le pas pour rattraper sa mère.

— Hey Maman, attends-moi ! cria-t-elle. Sa mère ne se retourna pas et continua à avancer.

Charlotte commença à courir, sentant que quelque chose n'allait pas. Elle atteignit sa mère et lui attrapa le bras.

— Maman, qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, paniquée.

Sa mère se retourna enfin pour la regarder, mais ce n'était pas le visage de sa mère qu'elle vit. C'était un faciès déformé, aux yeux vides, au sourire maléfique. Charlotte poussa un cri et recula, réalisant qu'elle avait été attirée dans un piège.

— AU SECOURS ! À L'AIDE ! QUELQU'UN S'IL VOUS PLAÎT ! Hurle Charlotte en courant afin de semer le monstre qui se faisait passer pour sa mère.

La créature, dont le visage n'était qu'une horrible distorsion de la mère de Charlotte, lui attrapa la jambe avec une force surprenante. Charlotte poussa un cri de douleur et d'effroi alors qu'elle était traînée sur le sol froid et rugueux du couloir. Ses doigts griffaient le sol dans une tentative désespérée de s'accrocher à quelque chose, n'importe quoi, mais il n'y avait aucune prise.

Alors que la créature l'entraînait dans les escaliers qui menaient au sous-sol, Charlotte sentit chaque contusion, écorchure que son corps subissait en heurtant chaque marche. Elle essaya de crier à l'aide, mais la terreur qui la saisissait rendait sa voix faible et tremblante.

En arrivant au sous-sol, Charlotte fut accueillie par une scène d'horreur indescriptible. Le sous-sol était éclairé par une lumière tremblotante qui semblait émaner des murs eux-mêmes. Plusieurs créatures l'attendaient, chacune plus terrifiante et difforme que la précédente. Elles représentaient différents aspects de sa culpabilité refoulée, la matière sombre et tordue de son subconscient qui prenait forme physique.

Il y avait une créature qui ressemblait à une version grotesque de son père, son visage tordu en une expression de déception éternelle.

— Papa ?!

Une autre ressemblait à un enfant, son ancien ami d'enfance, mais avec des yeux creux et une bouche qui dégoulinait d'un liquide noirâtre. Chacune des créatures reflétait une partie d'elle-même qu'elle ne voulait pas, ou ne pouvait pas, affronter.

— Qu'est-ce que vous faites tous ici ?!

Alors qu'elles s'approchaient d'elle, Charlotte sentit un désespoir écrasant s'abattre sur elle. Elle ne pouvait pas échapper à ces monstres, car ils étaient faits de sa propre culpabilité, de ses propres regrets.

— Non, ne me touchez pas ! Ne m'approchez pas ! À L'AIDE !

Elle se replia sur elle-même, ses larmes se mélangeait à la poussière, à la saleté du sous-sol, alors qu'elle attendait que les créatures fassent ce qu'elles voulaient d'elle. Charlotte ferma les yeux, prête malgré elle à souffrir.

Mais quand Charlotte rouvrit ses yeux, son souffle erratique, sa peau couverte de sueur, Elle se rendit compte qu'elle était allongée sur le sol froid du couloir de l'hôpital, entourée de médecins et d'infirmiers au regard inquiet. Il n'y avait pas de monstres, pas de sous-sol, pas de créatures hideuses. Tout cela avait été dans sa tête.

— Où suis-je ? Êtes-vous réelles ?!

Le Docteur Marina Ocelot donna des instructions aux infirmiers d'un ton calme mais ferme.

— Ramenez-la tranquillement dans sa chambre, s'il vous plaît. Elle a besoin de repos.

Charlotte était tellement épuisée et secouée par l'expérience qu'elle ne résista pas lorsqu'ils l'aidèrent à se relever pour la conduire dans sa chambre. Elle se sentait engourdie, dissociée de tout ce qui l'entourait. Son esprit avait créé un cauchemar si réel et terrifiant qu'elle avait du mal à croire qu'il n'était pas réel.

Dans sa chambre, les infirmiers, sous les yeux observateurs de Marina, lui administrèrent un sédatif pour l'aider à se détendre et à dormir. Charlotte était allongée sur son lit, les yeux fixés au plafond. Alors que le médicament commençait à faire effet, elle sentit ses muscles se détendre et sa respiration devenir plus profonde.

— Essayez de vous reposer, Charlotte, dit doucement le Docteur Ocelot. Nous parlerons de tout cela demain.

Charlotte hocha la tête, trop épuisée pour parler. Alors que le sommeil l'emportait enfin, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si les monstres qu'elle avait vus étaient vraiment partis, ou s'ils attendaient simplement dans les recoins sombres de son esprit pour revenir la hanter une fois de plus.

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