Chapitre IX :  Insaniam Interiorem

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Se réveiller dans sa chambre d'hôpital est la dernière chose à laquelle Charlotte s'attendait. Elle se rappelle avoir été dans une ambulance, en route vers un autre hôpital, après une nuit d'horreur. Comment était-ce possible qu'elle se retrouve de nouveau dans cette chambre sinistre qu'elle détestait tant ? La confusion se transforme rapidement en colère. Une colère noire qui monte en elle comme un raz-de-marée, submergeant tout sur son passage.

— J'en ai marre ! Laissez-moi sortir d'ici !

Sans réfléchir, elle porte ses mains à sa tête et commence à se tirer les cheveux avec une force insensée, jusqu'à ce qu'elle sente son cuir chevelu se déchirer. La douleur est atroce, saigne du crâne, mais elle n'en a cure. Charlotte est prise d'une rage incontrôlable, d'une folie destructrice. Elle hurle de toutes ses forces.

— Si vous ne me laissez pas partir, je vous tuerai tous ! Tout comme j'ai tuée toute ma famille !

Le Dr Marina Ocelot et plusieurs infirmiers accourent dans sa chambre, alarmés par ses cris. Ils tentent de la calmer, mais Charlotte est comme possédée.

— Elle ne va pas bien du tout. Donnez-lui un sédatif, vite !

Malheureusement, les sédatifs, qui autrefois la calmaient presque immédiatement, n'ont plus d'effet sur elle. Elle repousse violemment les infirmiers qui tentent de l'approcher, les malmène avec une force qu'elle ne soupçonnait pas.

C'est alors que le Dr Ocelot intervient. D'un ton ferme, elle crie le prénom de Charlotte, attirant son attention. Les yeux de Charlotte sont injectés de sang, son visage déformé par la colère. Mais lorsqu'elle croise le regard de Marina, quelque chose en elle semble vaciller. Comme si un fil invisible la reliait encore à la réalité.

— Ça suffit, Charlotte ! Nous sommes là pour vous aider ! Aucune personne ici est votre ennemi ! Si vous voulez que ça marche, mettez-y aussi du vôtre !

— Doc.. docteur... Ocelot...

Les larmes commencent à couler sur ses joues, mêlées au sang qui s'écoule de son crâne. Elle se laisse tomber sur les genoux de Marina, épuisée, vaincue. Ses hurlements se transforment en sanglots, alors qu'elle se laisse envelopper par les bras de sa psychiatre.

Marina la serre fort contre elle, lui murmurant des mots apaisants. Charlotte est au bord du gouffre, elle a besoin de toute l'aide qu'elle peut obtenir pour ne pas sombrer définitivement dans la folie. Le docteur ordonne aux infirmiers de quitter la chambre, puis elle s'adresse à Charlotte d'une voix douce mais ferme.

— Charlotte, vous devez vous battre. Je sais que c'est dur, vous avez l'impression que tout est contre vous, mais vous devez continuer de résister. Nous allons vous aider, je vous le promets. Faites-moi confiance.

Charlotte hoche la tête, les yeux encore embués de larmes.


***


Le lendemain, Charlotte se trouva dans la salle commune de l'hôpital psychiatrique, un livre à la main. Elle avait décidé de sortir de sa chambre et de tenter d'agir normalement, malgré la tempête qui sévissait dans son esprit. Elle avait choisi un roman de fiction, espérant que l'intrigue l'aiderait à s'évader de sa propre réalité, ne serait-ce que pour un moment.

Alors qu'elle était plongée dans son livre, elle fut soudainement frappée par de violents maux de tête. C'était comme si son crâne était en train d'exploser. Elle posa le livre, se massa les tempes pour chasser la douleur.

C'est alors qu'elle lève les yeux et vit ses parents assis en face d'elle. Elle cligne des yeux, incrédule. C'était impossible. Ses parents étaient morts. Elle les avait vus mourir. Et pourtant, ils étaient là, devant elle, aussi réels que jamais.

Paniquée, Charlotte se leva brusquement de sa chaise, renversant le livre au passage. Ses parents lui sourirent doucement et lui firent signe de se rasseoir.

— Charlotte, calme-toi, dit sa mère d'une voix douce. Nous devons te parler.

Charlotte hésita un moment, puis se rassit lentement, les yeux écarquillés d'incrédulité.

Mais... vous êtes morts, murmura-t-elle, les larmes aux yeux. Je vous ai vus mourir !

Son père secoua la tête.

— Ce n'est pas ce que tu crois, Charlotte. Nous sommes ici pour t'aider.

Charlotte secoua la tête, déconcertée.

— Je ne comprends pas. Comment pouvez-vous être ici ?

Sa mère prit sa main dans la sienne.

— Ce n'est pas important pour le moment. Ce qui est important, c'est que tu ne fasses pas confiance au Dr Marina Ocelot. Elle est la cause de tous tes maux.

Charlotte écarquilla les yeux, surprise.

— Quoi ? Mais... elle m'aide. Elle est la seule personne qui semble me comprendre dans cet hospice.

Son père secoua la tête.

— Ce n'est qu'une façade, Charlotte. Elle n'est pas ce qu'elle prétend être. Tu dois te méfier d'elle.

Charlotte voulait croire à ses parents, mais en même temps, elle avait du mal à accepter ce qu'ils lui disaient. Le Dr Ocelot avait été d'un grand soutien pour elle depuis son arrivée à l'hôpital. Elle ne voulait pas croire qu'elle lui voulait du mal.

— Je... Je ne sais pas quoi faire, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Sa mère lui caressa doucement la joue.

— Fais-nous confiance, Charlotte. Nous voulons ce qu'il y a de mieux pour toi.

Charlotte hocha la tête, déterminée.

— D'accord. Je vous fais confiance.

Ses parents lui sourirent, puis disparurent soudainement, laissant Charlotte seule et perplexe dans la salle commune.

Charlotte resta assise un moment après la disparition de ses parents, tentant de digérer ce qu'ils lui avaient dit. Elle était partagée entre la gratitude d'avoir revu ses parents, même si ce n'était qu'une hallucination, et la confusion causée par leurs avertissements sur le Dr Ocelot. Son esprit était sûrement en train de lui jouer des tours, créant des scénarios où ses parents étaient encore en vie et essayaient de la protéger. Après tout, elle était dans un hôpital psychiatrique pour une raison.

Finalement, elle décida de ne pas trop y penser pour l'instant. Si elle commençait à douter de chaque personne autour d'elle, y compris ceux qui étaient censés l'aider, elle ne s'en sortirait jamais. Elle prit une profonde inspiration, chassa les pensées négatives de son esprit et ramassa son livre.

En essayant de se concentrer à nouveau sur l'histoire, elle se rendit compte à quel point il était difficile de se replonger dans un monde de fiction alors que sa propre réalité était si chaotique. Chaque phrase qu'elle lisait semblait être entachée par le doute et la méfiance que ses parents avaient semés dans son esprit. Elle se demanda s'il était même possible de faire confiance à qui que ce soit, même à elle-même.

Malgré tout, elle se força à lire, déterminée à ne pas laisser ses hallucinations prendre le dessus sur sa vie. Elle savait qu'elle avait encore un long chemin à parcourir avant de retrouver une vie normale, mais elle était prête à faire tout ce qu'il fallait pour y parvenir. Et pour l'instant, cela signifiait se concentrer sur son livre et ne pas laisser ses pensées dériver vers des endroits sombres. 

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