Les klaxons des voitures résonnent dans ma tête...ON-SE-LEVE !

- Bonjour, bonjour...Fis-je mollement en me grattant la tête.

En voulant tirer le rideau, je trébuchai et allumai d'un coup de pied la radio.

- Bordel, Emily, tu veux pas baisser les stores, tu fais chier…Grogne Kehlani la tête dans son coussin.

- C’est à peine si je t’ai entendue, mon petit vampire ! Kehlani est ma meilleure amie. Elle peut parfois paraitre insupportable, mais c’est de loin la personne à être la plus désagréable - sauf les matins très ensoleillés -. Nous sommes colocs, et nous partageons un très beau petit appartement - assez grand pour deux amies déjantées - situé en plein centre de New York.

Je sais ce que tu vas dire : Encore ? On en a marre de New York, la « City des Movie Making ! ». Ouais, moi aussi j’en ai marre…c’est vrai ! Les stérétypes et les préjugés nous collent au cul à cause des films. Non seulement à cause des drapeaux partout qu’on hésiterait pas à planter même sur un cornet de glace, des gens sur les escaliers XXL des big buildings, des cafés Starbucks, que tout le monde ’’Hashtag’’ parce que c’est trop bon…

- T’as oublié qu’il y a des bouteilles d’alcool qui sont vendues dans des sachets ! Hurle Kehlani.

- Oui, merci !

Bref, je disais que New York est une ville bipolaire, parce qu’elle a des avantages incroyablement importants pour l’économie, le tourisme, les richesses des Etats-Unis et blablata mais aussi ses inconvénients, comme la surpopulation, et du coup quand tu veux aller vider ta vessie dans les lieux publics, c’est juste pas possible, ou encore, un SDF qui gagne presque autant que toi alors que tu sacrifies tes samedis soirs à servir dans des fast-food pour assurer ta vie étudiante. Je suis née à New York, et pour rien au monde, je ne quitterai cette ville qui hante chacun de mes souvenirs qu’ils soient bons ou mauvais.

- Emily, on va être en retard ! Dépêche-toi ! S’écrie Kehlani tandis que j’habille ma robe violette.

- J’arrive dans deux minutes !

Nous allons à l’église. Il n’est même pas huit heures du matin, il est très tôt, mais plus tard on vient, plus on a de chance de te trouver en face de la désagréable haleine du prêtre. Kehlani en est terrorisée.

Une fois mes petites ballerines enfilées, nous filons prendre un taxi direction l’église.

- Qu’est ce qu’on va se faire chier…Grogne Kehlani. Pourquoi on y va ?

- Un peu de responsabilité, et de maturité. C'est tout ce que je te demande pour une durée de deux heures. Ok ? Je lui souris. Je la considère encore comme une enfant, et c’est à moi de m’en occuper. J’ai l’impression que c’est comme ça des fois, souvent. Kehlani est un enfant de vingt-quatre ans.

Après que le prêtre nous aie fait son discours, avec un enchainement de quelques karaokés, la tradition veut qu’on aille prendre notre petit déjeuner au bar d’à côté.

- Un café noir sans sucre, ni lait s'il vous plait. Fis-je en lisant un bouquin que j’ai commencé il y a à peine trois jours.

- Et moi, je voudrais bien un Alpacchino. Merci. La serveuse repart, et Kehlani se penche en avant, ses sourcils froncés, les longs cheveux blonds dorés flottants sur la table : - Je ne pourrai jamais vous comprendre. Tu prends du café noir sans rien en supplément ? Non seulement c’est hyper fort, mais en plus c’est dégueulasse. Après un court moment de silence, Kehlani y songe une nouvelle fois. Dégueulasse.

- Chacun ses gouts Kehlani. J’ai besoin de caféine, avec tout ce stress… Je soupire en repensant aux examens que j’ai passés deux semaines auparavant, et je n’ai toujours pas les résultats.

Mon téléphone sonna. L’écran affiche « Ma Coke ». Non il ne s’agit pas d’une alarme pour prendre des médocs ou de la drogue, mais c’est bien le surnom de mon petit-copain.

- Halo ?

- Salut, Emily, tu vas bien ?

- Très bien et toi ? bien dormi ?

- Oui, merci.

- Qu’y a t-il ?

- Est ce qu’on pourrait parler ?

- Oui, ça concerne quoi ? Je bois une gorgée de mon café qui actuellement, est en train de brûler mes cordes vocales. Bon dieu…

- Est ce qu’on pourrait se voir plus tard, parce que là, c’est pas trop le moment…je suis occupé.

- Bien sûr, Grave. Je souris. Ce n’est rien de grave ?

- Heu…j’en sais rien, ça dépend…Hésite-il. Peut-être. Je vais raccrocher.

- Oh, attends ! Tu peux pas le dire maintenant ? Je m’appuie sur la table.

- Non, je suis occupé. Me coupe t-il net.

- Ok, ok. A plus Grave, je t’aime, tu me manques.

- Ouais. A plus.

Je repose mon téléphone, songeuse.

Ca va faire quatre mois seulement que nous sommes ensemble. Je l’ai rencontré en fac de sciences. Physiquement, il est grand, un peu maigrichon, aux cheveux bruns, des yeux marrons, et une petit barbe sur son menton. C’est pas son point fort, mais Grave est quelqu’un de très responsable, et autonome. Il aime prendre les choses en main. Comme moi.

- Il va bien ton Coke ? Demande Kehlani en me sortant des pensées. Parce qu’on aurait pas dit. Sa voix est sooo shitty today.

- C’est bizarre en effet, il est comme ça depuis une bonne semaine. Il est devenu plus distant, et je le vois plus trop souvent après les leçons. Je hausse les épaules et continue. Après, c’est peut-être à cause du boulot. C’est pas facile pour lui non plus.

- C’est bientôt votre anniversaire. Ca va faire cinq mois que vous êtes ensemble.

- T’inquiète, j’ai pas oublié ! Cette date est gravée comme celle de ma naissance. Je souris.

- Vous avez prévu quelque chose ? C’est dans une semaine, tu le sais ?

- Ouais, mercredi soir, on ira peut-être au restaurant. Balbutiais je.

- « Peut-être ? » Pffff…la vie de couple. Autant être célibataire ! S’exclame-elle. Tu vois la blonde en maths ? Eh bah elle veut que j’aille cet après-midi au shopping avec elle.

- C’est super ! Je termine mon café.

- Non, c’est pas cool du tout, on se connait à peine et elle est collante comme du chewing-gum à un basket !

- Sois pas si méchante, Kehl. Bon, je dois y aller, j’ai philo dans moins d’un quart d’heure.

- Bisous.

Je cours sur le trottoir, apercevant que je n’ai que dix minutes pour atteindre l’université. Mince, je vais être en retard… On se détend, on respire, self-contrôle. Mes petits pieds ne font pas un train, et je suis tellement mauvaise en sport. Pas de chance pour moi, je suis quelqu’un qui préfère marcher en sifflant aux oiseaux. Quand ça presse, je ne contrôle plus rien. J’essaie d’avoir l’air de courir en agitant mes bras pour gagner de la vitesse. Le sac ne faisant que de tomber de mon épaule, je ne regarde plus devant moi et percute un piéton.

- Oh mince, je suis désolée…Mon regard se lève sur le sien, et il est furax. Je déglutis nerveusement et m’apprête à poursuivre mon chemin, lorsqu’il s’adresse d’une voix grave :

- T’as un problème ?

- Pardon ? Fis-je essoufflée. Ah oui, je vais être en retard pour le…

- La prochaine fois tu pourrais peut-être être moins maladroite ! Le jeune homme doit avoir mon âge. Qu’est ce qu’il est charmant. Je parle de son corps, ses larges épaules, sa voix… Pour le caractère, c’est à revoir. Comme j’ai autre chose à faire que lui répondre aussi brutalement qu’il le fait, je décide de rapidement clore cette conversation.

- Je vous conseille fortement de canaliser toute votre énergie négative, monsieur. C’est pas bon pour vous ni pour moi ! Je reprends ma course.

- T’es thérapeute c'est ça ? S’écria-il en grognant derrière mon dos.

Oui, et non. Presque. Pas encore, mais très bientôt. J’espère.

J’arrive pile au moment où la porte se fermait. Aujourd’hui, on parle de sexualité dans les couples. Je déteste ce sujet, parce que ça rappelle mon couple. J’en sais trop rien, mais je n’ai pas encore passé le cap avec Grave, et…ce n’est juste pas encore le moment.

Tout d’abord, camarades, la sexologie est l'étude de la sexualité humaine et de ses manifestations. Elle étudie tous les aspects de la sexualité, à savoir le développement sexuel, les mécanismes des rapports érotiques, le comportement sexuel et les relations affectives, en incluant les aspects physiologiques, psychologiques, médicaux, sociaux et culturels. La sexologie n’est qu’une part de gâteau de la psychologie. Il est utile d’en savoir le minimum, lorsque vous ’’ferez face’’ à des cas comme des pathologies sexuelles, des dysfonctionnements, des violences, des obsessions voire des perversions sexuelles. Nous allons commencer le cours avec un aspect pathologique. Il ne sera pas facile d’aborder les sujets avec vos futurs-clients tels que le SIDA, ou l’avortement, ou un viol, alors on va aller doucement.

Le professeur nous transmet ses connaissances pendant deux heures de suite, et je note au fur-et-à mesure. J’ai l’impression que ma main a tellement gonflée qu’elle va exploser. Je ne sais pas pour qui les heures sont plus longues. Pour celui et celle qui écrit sans s’arrêter, ou du professeur qui parle, parle et…parle en apnée. En tout cas, il doit être doué à la piscine. Après une courte pause, je repars pour deux autres heures de littérature anglaise. Ils proposent des horaires bonus pour ceux qui veulent prolonger le temps le nez dans les bouquins. J’ai beaucoup d’auteurs que j’aime ; celui qui porte la couronne, c’est Shakespeare. J’ai lu Roméo et Juliette au moins dix fois durant mon enfance. Ensuite, ce sont deux auteurs et écrivains français que j’admire : Baudelaire et Gustave Flaubert ainsi que Balzac. J’aurais appris pleins de choses aujourd’hui. La fatigue me gagne, mes yeux ont rétréci - j’ai une tête de panda dès le coucher de soleil - je vais rentrer à la maison, manger peut-être deux ou trois cannes à sucre. Je plaisante. Quoique, je sens l’hypoglycémie consumer mon être entier…

En traversant le palier, une forte odeur envahie mes narines.

- Mon dieu Kehlani ! M’écriai-je hystérique.

Elle afficha un sourire malicieux.

- Des pizzas ! Sérieux, tu sais à quand revient la dernière fois quand on en a mangé une ? Des centaines de millénaires. Je me précipite vers le salon, et saute sur le canapé, juste à coté de Kehlani.

- Ce soir y’a The Originals.

- Cool. Mon dieu que j’ai faim….J’ai rien avalé de la journée. Me plaignais-je.

- Alors tais-toi et mange. Elle me tend un verre de Coca Cola que je ne refuse pas, évidemment. Fuck the diet.

Nous regardons un des derniers épisodes de cette génialisme série télévisée. Je me concentre sur les dernières minutes. Quelque chose d’horrible est en train de se passer, mais je ne vais pas vous le dire, vous aurez peut-être envie de regarder The Originals.

- Oh mon dieu Kehlani ! Non, il a pas fait ça ! Il peut pas faire ça ! m’écriai-je, la boisson gazeuse à la main.

- Eh si, il l’a fait…Murmure t-elle entre les dents. Mais c’est rien par rapport à ce qui va se passer dans l’épisode prochain.

- Dis rien. L’interrompis-je d’un ton de supplice.

- Elijah et Klaus vont se tuer, entre frères ! Avec des poignards en plus ! Hurla Kehlani.

BAM ! NAAANNN !

- Je t’ai. dit. de. ne. rien. dire !

- Ils vont partir en poussière !

Il vous ai déjà arrivé d’avoir une énorme envie de pleurer jusqu’à en vouloir mourir ? parce que c’est le cas.

Ou option deux, vous voulez tuer la personne qui a collé son genoux contre votre peau nue.

Maintenant, l’excitation est partie. Je connais la fin, et je l’ai pitoyablement apprise. Vous aussi vous n’avez plus envie de regarder The Originals ?

- Je vais te tuer !!! M’énervai-je.

Le téléphone sonne. - Le téléphone sonne. Répète Kehlani.

Je grognai avant de m’éloigner.

- Oui Halo ? Hey, Scott, comment vas-tu ?

- Salut bébé… Fit-il d’une voix rauque.

- Heu….non, c’est Emily, Kehl est juste à côté. J’éclate de rire.

Scott est un des rares amis qui peut exister sur Terre. Nous nous connaissons depuis la crèche. Il était du genre à regarder les séries animées comme Harvey Beaks, Mes parrains sont magiques ou encore Ben 10 en mangeant des Tacos à l’âge de 17 ans.

Ma mère entretenait une relation très amicale avec ses parents, parce que le père de Scott était juge au tribunal. Scott et moi sommes inséparables avec Kehl. On est comme un triangle équilatéral, devenu isocèle quelque temps auparavant. Imaginez un triangle, et voyez l’équilibre de notre relation. Eh bien Scott l’a bouleversé en tombant fou amoureux de Kehl qui jusqu’à maintenant n’a rien remarqué.

- Mes potes et moi sortirons un peu le week-end prochain. Ca vous dirait de vous joindre à nous ? Je paie les boissons, mais pas l’entrée.

Je cours vers la cuisine, et baisse le volume.

- Bonne idée, Scott. Kehlani adore sortir et toi aussi, enfin une opportunité de vous rapprocher. Plaisantai-je. J’aurais adoré pouvoir venir à votre fête mais…je ne peux pas. Grave et moi avons prévu, enfin je crois, deux jours à consacrer rien que pour nous, et…

- Il a qu’à venir avec nous. Propose Scott.

- Pas bête. Mais tu sais qu’il n’est pas du genre à sauter dans des boites. Il déteste les fêtes.

- Moi je dis qu’il faut que tu viennes, j’ai des cousins du Mississippi.

- Je ne peux pas…vraiment navrée. Mais je tiendrai Kehl au courant. Ok ? A plus.

Je l’entends grogner avant de raccrocher. Je n’aime pas refuser les invitations, mais notre anniversaire avec Grave compte énormément pour moi. Pour rien au monde je raterai cette soirée. Je suis dans les nuages rien qu’en y pensant…

Kehlani m’a proposé de sacrifier ma journée pour passer un peu de temps avec Grave, histoire que je me détende. Depuis la fin des examens, je n’arrête pas de penser aux échecs probables. Si j’échoue, je sais très bien comment ça va se passer : je déprimerai, boirai deux fois plus de café, et je ne voudrais plus du tout sortir. Ce n’est pas que je suis étudiante en psychologies que je suis parfaitement en équilibre avec moi-même. J’ai mes défauts moi aussi.

Je dois rejoindre Grave après son travail. Le Milkshake à la main, je le vois sortir avec sa cravate et son sac en cuir rouge.

- Grave ! Hurlai-je. Je lui fait coucou de l’autre main, et approche. Salut mon p’tit chocolat. Je t’ai apporté un Milkshake.

- Salut Emy, merci. Je passe ma tête sous son bars.

- Ca a été le boulot ? Tu es sûr de ne pas vouloir prendre un peu de repos, comme le week-end ? On pourra passer du temps ensemble, tu me manques un peu à vrai dire…

- Je suis désolé. J’essaierai. Il soupire.

Nous sourions, malgré la fatigue qui se dessine sur son visage.

Nous passons la soirée ensemble, comme un couple normal. Grave me raconte ses journées, et je lui demande ce qui a bien pu l’empêcher de me voir cette dernière semaine.

- J’avais énormément de travail, Emily. Je suis désolé. ok ?

Je comprends. Je le serre dans mes bras. Nous mangeons du pop corn. Le silence qui s’est installé entre lui et moi devient pesant. Je tente de me satisfaire du battement du coeur de mon petit copain. Je colle mes oreilles contre sa poitrine, et soupire. J’ai envie qu’il me touche les cheveux, que ses doigts jouent avec eux, et qu’ensuite sa main vienne caresser ma joue. J’embrasserai sa main chaude, et déposerai un doux baiser sur ses petites lèvres. En rouvrant les yeux, rien de tout ça ne s’est passé. Grave a les yeux rivés sur l’écran projetant un film ennuyant du jeudi soir. Une main tient le bout du canapé, l’autre la télécommande.

- Tu es fatigué ? Lui demandai-je.

- Un peu. Toi ?

- Non, je suis bien, ici. Grave ?

- Hm Hm.

- Tu peux tout me dire. Si quelque chose cloche…

- Tout va bien, ne t’en fais pas.

Je veux qu’il me regarde quand il me parle. Il a marqué trop de distance ces derniers temps. J’ai l’impression que je suis en train de devenir invisible à ses yeux.

- Je t’aime Grave, lui déclarai-je d’une voix petite. Une peur me traversa à ce moment. Grave mit du temps à répondre.

- Moi aussi, Emily…

Je me redresse sur les coudes, et arrivai presque à la hauteur des épaules de Grave. Il afficha un petit sourire. Il me parait triste. Bon, il ne veut pas dire quel est son problème, mais je ne le forcerai pas. Chaque chose en son temps. Je serai là pour l’écouter.

- Hey…Murmure t-il.

- Mmmmm. Je glousse et prends un pop corn à la fraise entre mes deux. Mes yeux fixent les siens, un peu fermés, certainement à cause de la fatigue. Mais il reste beau. Je me mets à califourchon sur lui, puis approche mon visage vers le sien. Ses yeux prunelles me font pétiller. Les lèvres de Grave approchent des miennes et volent mon pop corn sous un doux baiser.

- Je t’aime. Répétai-je en reposant ma tête contre son cou chaud.