Sunny

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Il est 4h.

Je manque de toi.

Je devrais pas mais tu manques à tous mes devoirs. Tu fais le tour de mes souvenirs sur ta bicyclette jaune. Tes cheveux s’envolent.

De même la musique. La notre, tu sais ? Comme on a dansé dessus ; comme j’ai pleuré dessus. Encore ce soir.

J’ai soif et la gorge essorée.

Il faisait beau. Et le soleil, et ton sourire. Ils m’éclablouissaient. Je chantais. Comme un rossignol aveugle, énucléé d’amour, qui ne sait plus ni les jours ni les nuits. Qui chante à cœur rompre.

Tout en l’air. L’hôtesse de ma vie ? C’était toi. Et les gestes ? En cas de dépression de l’appareil ? Où est mon masque, l’oxygène ?

J’ai volé au temps que j’ai pu avant de sombrer.

Je suis à court.

De courage, d’idées, de toi. Je ne veux plus.

Oublie toi ! Moi je n’y arrive pas.

J’ai un œil dans le rétro, la tête dans le guidon. Je voulais qu’on meure ensemble. Je voulais qu’on vive. Avant.

J’ai gardé les photos. Même les floues.

On s’était rien promis. On n’a rien tenu.

Tes paroles s’envolent. De même la musique. C’est comme une trace de refrain qui me reste. Comme la bande-son d'un arrêt d'urgence. Comme un éclat d’abus dans le cœur qui m’empeche de vivre.

Je n’en peux plus de te conjuguer au passé. Le temps n’aurait pas dû continuer. Je me serais réveillé à tes côtés, comme au premier jour, encore, encore, encore. Debout les campeurs et hauts les cœurs ! J’aurais tout abandonné, tout affronté pour ce jour sans fin avec toi.

Je tente de cramer mes doigts dans les cendres froides. Le feu est éteint et les illusions brûlent mal.

Je me viole à mon corps défendant, sans envie ni douceur. Abus de sucres gras et brûlures d’alcool, j’en suis rempli comme d’une vase où fleurit un bouquet de cirrhose. L’artère périph et le sang en road trip ; le cœur dans le coffre, cadavre.

J’aurais voulu, sur ce cuir, sur cette route. Voir. Jusqu’où l’horizon languit. Des vagues à l'âme sur la plage arrière. Dégoût de trop peu.

Et devant, le soleil qui rugit.

Dans le soir, l’oiseau souvenir s’envole. De même la musique. Exsangue de trop d’écoutes, vampirisée de tout son sens. Le silence reste, lourd comme toute une vie. Je n’en veux pas. Je veux une promesse périmée. Oubliée dans le musée du temps qui passe.

Qui ne passe plus.

Il est 4h.

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