Rendez-moi Nicolas

2 minutes de lecture

 Cher père Noël,

 C’est la requête la plus importante de ma vie. C’est la première, mais aussi la dernière.

 Malgré mon âge vénérable, c’est avec un immense respect que je vous écris aujourd’hui. En effet, vous auriez pu être mon fils. Je dois vous dire que j’ai une grande admiration pour votre travail. De voir que vous avez repris avec beaucoup de bonheur le métier de feu votre prédécesseur pour lequel je vouais une admiration sans failles, me fait chaud au cœur. Il faut dire qu’à l’époque, nous sous sommes côtoyés ayant habité dans le même quartier là-haut. Nous nous étions surtout fiancés. Nous aurions dû nous marier s’il n’y avait pas eu cette sale tempête dans le Sahara où il était allé porter ses présents une nuit de Noël. On a perdu sa trace à ce moment-là. Envolé corps et âme avec son chargement de jouets et les rennes. Je soupçonne d’ailleurs, qu’il a eu maille à partir avec les Arabes et que leurs vaisseaux du désert ayant eu raison de ses malheureux rennes, il n’a donc pu regagner le Nord.

 Nous devions donc nous marier et projetions déjà de faire un enfant que nous aurions aimé appeler Nicolas si c’était un garçon.

 Pour tout vous dire, j’ai passé ma vie à l’attendre, je ne me suis jamais mariée, et j’ai vécu dans l’austérité la plus totale, ayant fait vœu d’aider ceux qui en avaient besoin autour de moi. Aujourd’hui, je vis seule, avec ma vieille gouvernante à moitié sourde, dans une maison vide et abandonnée, sans flamme. Je vous l’ai dit plus haut, j’ai presque 102 ans, mais j’ai gardé mon âme d’enfant. Parfois, j’entends les rires d’un enfant résonner dans la maison, mais ma fidèle Claudette me dit que ce ne sont que des élucubrations de mon esprit tourmenté par la disparition brutale de mon amoureux d’autrefois.

 Aussi, je ne vais pas être plus longue, sachant combien votre temps est précieux en cette période de l’année. Maintenant que vous savez la raison de mon message, je vais aller droit au but et vous demander de ne pas oublier ma vieille pantoufle lors de votre passage. Je ne suis pas aussi exigeante que les enfants de l’époque actuelle qui réclament beaucoup de jouets avec lesquels ils ne joueront pas, je ne demande qu’une chose. S’il vous plaît, apportez-moi un poupon. J’ai tant d’amour encore à donner. Nicolas fera la joie des derniers jours de ma vie. Je vous remercie par avance et vous envoie mille baisers avec mes fleurs. Mon adresse derrière l’enveloppe.

 Bon Noël, père Noël !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Marylen Brice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0