Naé

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Je sais pas pourquoi j’écris ça.
Peut-être pour poser des mots sur ce qui flotte dans ma tête depuis un moment.
Peut-être pour ne pas devenir folle d’imaginer ce que tu penses quand tu me regardes.
Ou plutôt, quand tu évites de me regarder trop longtemps.

Je t’ai vu, tu sais.
Pas juste vu avec les yeux.
Je t’ai vu comme on sent une chanson qui reste dans la tête sans qu’on sache pourquoi.
Comme un refrain qu’on fredonne en cachette.

Tu ne dis rien, mais tu dis tout.
Et moi, je fais pareil.
C’est un drôle de jeu qu’on joue.
A celui qui regardera le plus sans se faire prendre.
À celle qui devinera sans jamais poser la question.

Je t’écoute aussi.
Je fais genre que je suis concentré·e sur mon écran, mais je retiens tout.
Le nom du parfum que tu trouves “bizarre mais cool”.
La manière dont tu dis “je vais bien” quand tu ne vas pas bien.
Les silences que tu coupes par une blague — j’ai appris à les entendre, ces silences-là.

Tu crois que je ne remarque pas, mais
je garde les messages où tu ne dis rien d’important, parce que toi y es dedans.
Je cherche ton prénom sans le taper, juste pour voir si tu passes dans ma tête tout seul.
(Spoiler : tu y es toujours.)

Parfois, je me dis que t’es un orage que j’ai pas vu venir.
Tu grondes doucement, tu laisses le ciel tout bizarre, et puis d’un coup tu tombes.
Pas violemment. Juste… intensément.
Et moi, je reste là, à tendre la main, en espérant toucher une goutte.

Tu fais semblant de ne rien ressentir.
Je fais semblant de rien comprendre.
Et pourtant, chaque mot que tu choisis, chaque geste un peu trop long, chaque regard qui dévie trop tard, ça me hurle des trucs que t’oses pas écrire.

T’as pas besoin de le dire.
Je le sens.
Comme une certitude floue.
Comme un frisson sur la peau quand il va pleuvoir.

Tu crois que t’as pas le droit ?
Que c’est pas le bon moment ?
Que c’est trop ou pas assez ?
Moi aussi.

Mais tu sais quoi ?
Je préfère mille silences avec toi,
qu’un mot vide avec quelqu’un d’autre.

Alors j’attends pas que tu parles.
J’attends pas que tu m’écrives.
J’attends juste le jour où tu comprendras qu’on était peut-être en train de dire la même chose.
Chacun à notre manière.

Et si ce jour n’arrive jamais ?
Je garde ça.
Toi.
Tel que tu m’habites, même sans t’en rendre compte.

Naé

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