Épilogue

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Quinze jours plus tard – Noël

Après le fiasco de Thanksgiving, Monica avait catégoriquement refusé d’accueillir le réveillon. Résultat : tout le petit monde s’était entassé dans l’appartement de Rachel – où Monica ne pouvait malgré tout pas s’empêcher d’orchestrer chaque mouvement – réflexe de Pavlov oblige.

- Les enfants au salon, et les adultes, à la cuisine ! Au salon, j’ai dit ! hurla-t-elle tandis qu’Erika et Jack zigzaguaient entre les jambes.

De son côté, Joey tirait une mine catastrophée tandis que Rachel entrait, les bras chargés de sacs en carton.

- Voilà de quoi nourrir toute la smala, annonça-t-elle. Joey, tu peux me dire pourquoi tu grognes comme un enfant qui vient d’apprendre que le père Noël n’existait pas ?

- Quoi ?! s’écria Jack. Maman, elle a dit quoi, tata Rachel ?

- Oui, elle a dit quoi ? répéta Erika, livide.

- Rien du tout. Absolument rien. N’est-ce pas Rachel ?

Monica lança un regard noir à Rachel, qui ne sembla pas s’en formaliser.

- Oui, non… enfin, si tu veux. Si ça te plaît de les laisser dans l’ignorance jusqu’à leurs vingt-cinq ans…

Les jumeaux poussèrent un cri indigné.

- Bon, Joey ? C’est quoi le problème.

- Je ne comprends pas pourquoi on ne respecte aucune tradition ici… Des plats à emporter… Pour Noël ! Quelle abnégation !

- Aberration, tu veux dire ?

- C’est pareil ! Le résultat est le même !

S’éloignant des cris, Chandler s’affala près de son ami.

- Je croyais que, pour toi, « la bouffe, c’est toujours de la bouffe » ?

- Ouais ben faut pas pousser… la bûche de Monica, c’est sacré !

Dans un soupir, Monica lâcha :

- Bon, ben tu seras content, j’ai quand même préparé un dessert.

Une phrase qui eut pour mérite de calmer instantanément les jumeaux… et Joey. Chandler redressa un sourcil en s’adressant à Monica :

- Donc… quand tu dis que tu ne fais rien pour Noël…

- C’est trois fois rien… juste trois bûches aux trois chocolats enrobées d’un coulis de framboise avec biscuits à la cannelle en accompagnement.

- Trois fois rien… répéta Chandler. Je me demande quand même comment tout ce petit monde survivra quand tu seras partie cinq semaines.

- Quoi ?!

Ross et Rachel avaient poussé un cri à l’unisson, tandis que Joey observait le plafond, tout occupé à rêver de la bûche de Monica.

Cette dernière se redressa en grommelant.

- Chandler, on avait dit qu’on attendait la fin de la journée pour l’annoncer…

- Annoncer quoi ? s’écria Rachel. Vous avez un de ces sens du drame !

- Parfait pour ma vidéo d’ailleurs, répliqua Emma qui était redevenue l'ado par excellence.

Chandler prit Monica dans ses bras et lui déposa un baiser sur le front.

- Monica et moi partons pour quelque temps faire le tour de l’Amérique du Sud. Loin de New York, des habitudes, des concours de cuisine et… de Janice, lâcha-t-il dans un clin d’œil.

Monica lui donna un coup de coude dans les côtes.

- Toujours trop tôt pour ce genre d'allusions, Chandler Bing !

Ross secoua la tête, incrédule.

- Attends, attends… Tu veux dire que toi, Chandler, qui te perds dès que tu quittes le quartier… et toi, Monica, qui veut que chaque journée soit organisée comme un planning de la NASA, vous allez partir… à l’aventure ? C’est une blague, hein ? Vous nous faites marcher ?

- Pas du tout. On a besoin de se retrouver et… la meilleure façon, c’est de le faire loin de nos habitudes.

Rachel appuya ses mains sur le rebord du fauteuil, le temps d’encaisser la nouvelle.

- Mais… Vous allez faire comment avez les enfants ? Bien sûr, je ne veux bien gérer en partie, mais avec…

- Joey, l’interrompit Monica. Ça sera Joey qui s’en occupera. Il a déjà un studio chez nous, donc ça ne le changera pas.

Joey se redressa soudain. Dans sa tête, la bûche glacée venait de se transformer en deux petits monstres bien décidés à lui en faire voir de toutes les couleurs.

- Hein ?! Que… comment ? Moi ?

- Euh… Joey, on t’en a parlé il y a deux jours au Central Cats et tu as tout de suite accepté…

Pensif, Joey posa sa main sous son menton.

- Est-ce que vous m’avez annoncé ça au moment où cette nouvelle serveuse passait ? La petite brune avec de faux airs de Demi Moore ?

- Oui, peut-être, mais…

- Ne jamais, JAMAIS me poser une question quand je drague ! Ou quand je mange ! Mon cerveau est full occupé, dans ces cas-là ! C’est pas du jeu !

D’un ton calme, Monica tenta d’apaiser Joey avec un argument qu’elle savait imparable.

- Ce n’est pas toi qui nous as dit que « la paternité t’avait changé » ? « Que tu étais un autre homme » maintenant et que tu avais… comment tu as dit, au juste ? Ah oui, « le sens des responsabilités ».

- Oui, mais… ben…

Joey ne savait plus quoi répondre. Il regardait Nath du coin de l’œil… Un ado, c’était déjà compliqué, mais deux enfants, qui ne savaient même pas conduire un scooter qui plus est, c’était une autre paire de manches.

Monica et Chandler commençaient sérieusement à se demander si leur idée était bonne, quand Rachel les rassura, dans un clin d’œil.

- Ne vous inquiétez pas… On sera là pour « épauler » Joey. Enfin, autant que possible parce que je risque d’être fort prise avec mon nouveau poste chez… Chanel !

Emma se redressa soudain.

- Quoi ? Chez Chanel ? Tu rigoles hein, m’man ? C’est une blague ?

- Eh non… Mon expérience en France les a conquis… Je débute dès janvier.

La jeune fille ne parvenait pas à se remettre de ses émotions et parlait à toute vitesse.

- Tu crois qu’on aura des réductions ? Je pourrai venir faire un stage près de toi ? Dis oui, s’il te plaît ? Dis oui !

Puis, sans attendre la réponse.

- Oh là là ! Va falloir que je mette ça tout de suite sur mes réseaux… Les copines en France vont être vertes de jalousie. J’adore !

La porte de l’appartement s’ouvrit avec fracas, laissant passer Appel, Kiwi, Peach, Banjo et Jango – dans cet ordre ou un autre, nul ne le saurait jamais – qui firent une « ola » pour célébrer l’entrée de leur mère.

Phoebe apparut, en uniforme, suivie de Mike qui s’essayait à la trompette à son tour.

Chandler ne put s’empêcher de s’écrier :

- Eh ben voilà, aujourd’hui c’était déguisé et on ne me l’a pas dit !

Au milieu du vacarme ambiant, Rachel se plaqua les mains sur les oreilles en dévisageant Phoebe.

- Mais qu’est-ce que… pourquoi es-tu habillée de la sorte ?

Phoebe se redressa, telle une superhéroïne, avant d’annoncer fière comme si elle venait d’avoir son étoile sur le trottoir devant le Central Cats :

- Fini le taxi de grand-mère ! Maintenant, je vais conduire… le bus scolaire !

- Faut dire qu’on commençait à être à l’étroit dans le taxi… lâcha Mike. Ici, c’est coup double ! On transporte les enfants partout et en plus, Phoebe sera payée pour ça ! Elle est pas géniale, ma femme ?

En repensant à la façon dont Phoebe « pilotait » son taxi, Ross eut un frisson.

- Euh… tu es sûre que c’est une bonne idée ? Avec une simple voiture, tu te prends déjà pour une actrice de Fast and Furious alors… avec un bus…

- C’est ça qui est super, s’écria Phoebe, survoltée. Avec le bus, j’ai toutes les priorités !

- Euh, pas toutes quand même… tenta Mike.

- Une question de détail ! En attendant, tout le monde se pousse quand j’arrive… surtout depuis que j’ai installé une sirène !

- Tu es sûre que c’est légal ? lâcha Ross.

Phoebe le regarda du coin de l’œil en soupirant.

- Ce que tu peux être barbant, Ross ! Faut prendre des risques dans la vie ! Faut innover. Sinon, on serait encore des dinosaures !

- À vrai dire, nous n’avons jamais été des…

Rachel l’interrompit avant qu’il ne se lance dans un nouveau cours de paléontologie, ce genre de tirade qui avait un seul pouvoir : endormir n’importe qui plus vite qu’une histoire du soir. Testé et approuvé par toute la bande pour coucher les enfants, mais là, ce n’était vraiment pas le moment.

- Et si on passait à table ? Ross, chéri, tu veux bien aller chercher les bougies qui sont sur la commode.

Le silence se fit dans la pièce. Chacun observait Rachel, attendant quelques explications.

- Quoi ? J’ai dit quelque chose de mal ?

- « Chéri » précisa Monica. Tu viens d’appeler mon frère, « chéri ».

Rachel sentit ses joues s’empourprer.

- Juste un vieux réflexe. Pas de quoi en faire tout un fromage.

- Y a du fromage ? répliqua Joey, soudain intéressé.

Ross se racla la gorge, avant d’enchaîner.

- Histoire que vous soyez tous au courant… Rachel et moi avons décidé de… comment dire ? Bref, je vais venir vivre à l’appartement.

- Mais il n’y a rien entre nous ! glapit Rachel, paniquée. C’est juste que nous avons pensé que ce serait mieux pour Emma, après toutes nos dernières mésaventures.

- Ben voyons… lâcha Chandler.

D’un sourire entendu, chacun regardait Ross et Rachel, qui ne savaient plus où se mettre. Après un moment de flottement, Joey brisa le silence.

- Bon, c’est bien beau tout ça. Phoebe et Rachel ont un nouveau boulot. Je suis père. Monica et Chandler partent à l’aventure et Ross et Rachel se sont remis ensemble, mais…

- On ne s’est pas…

- Stop ! cria Joey. Est-ce que ça ne fait pas assez de raisons pour trinquer et surtout… pour manger ? J’ai faim, moi !

Mike observa l’assiette vide de Joey.

- Euh, tu sais que tu as déjà mangé ?

- Ouais, mais vous, pas. Comme ça, je peux me resservir !

Tout le monde éclata de rire et les discussions reprirent de plus belle dans une joyeuse cacophonie.

Dans le salon, les enfants et ados, qui n’avaient pas attendu leurs parents pour dévorer le contenu de leur assiette, observaient les adultes, intrigués.

Nath s’affala dans le canapé avant de s’adresser à Emma.

- Dans quelques années, on pourrait prendre un appart et vivre tous en coloc comme ils l’ont fait, non ?

- Ouais, en vrai, ça pourrait être sympa. Mais pas à côté d’un bar à chats chelou, par contre.

Apple se redressa vivement.

- Eh, il est pas chelou le bar de nos parents! Et puis, les chats, c’est trop bien pour faire des vidéos TokTok !

- TikTok… rétorqua Emma.

Puis, se retournant vers Nath :

- Je crois que j’ai une mauvaise influence sur eux. Ils ont beaucoup trop d’écrans ces gosses…

- Tant que tu ne leur apprends pas à fuguer… ça devrait aller.

Au même instant, Bouli bondit sur la table, renversant tout sur son passage et Erika s’écria d’une voix aiguë:

- Oh ! Mon ! Dieu !

Monica devint livide.

- Non, non, non ! On ne dit pas cette phrase dans cet appartement !

Le temps sembla se figer quelques secondes, puis tout le monde fut emporté dans un fou rire général où se mêlaient les enfants, les ados et les parents.

Seul Bouli, couvert de purée, resta là à maudire cette bande d’amis, bien trop joyeuse pour lui !

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