Chapitre 9

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Ce jour-là, Asher fut le dernier à quitter la crèche. Après cette journée pleine d'émotions, la seule chose qu'il souhaitait était un bon dîner. Ce fut pour cela qu'il se pressa de rejoindre son appartement. Ses parents avaient l'habitude de préparer le repas assez tôt dans la soirée. Seulement, lorsqu’Asher ouvrit la porte d'entrée, aucun des deux n'étaient aux fourneaux. Ils étaient assis sur le canapé et parlaient à quelqu'un. Cette personne était bien familière au jeune homme.

— Ah, Ash' ! s'exclama Cécilia. Cette charmante femme t'attendait sur le palier. Tu comprends donc qu'on ait accueilli ta copine.

— M-ma copine ? répéta-t-il, le visage devenu aussi rouge qu'après une douche trop chaude.

— Eh bien, oui. Elle nous a dit qu'elle était une amie à toi. Ce n'est pas le cas ?

Elle se tourna vers Vénus, soudainement suspicieuse.

— Si ! Bien sûr.

— Nous allons vous laisser discuter tous les deux, dit Dallán en se levant, avant d'inciter sa compagne à faire de même. Il dût d’ailleurs insister.

Asher s'assit donc à côté de Vénus, sans réussir à masquer sa gêne.

— On va mettre en route la hotte, ça va faire du bruit, prévint la mère. Je vous conseille de vous réfugier dans la chambre pour être tranquilles. Les enfants sont sortis faire un tour.

Sans un mot, les deux jeunes gens suivirent son conseil et s'enfermèrent dans la chambre d‘Asher. Vénus y avait été invitée de nombreuses fois, mais le propriétaire de l'appartement ne put rester naturel. Il se mit alors à retirer son pull.

— Vraiment ? demanda-t-elle d'un air ahuri.

— Quoi ?

Elle lança un regard insistant.

— Non ! Pas du tout ! Tu n'y es pas du tout ! Non ! Enlève-toi ces idées de la tête !

— Inutile de t'affoler ainsi. Je trouve juste qu'il ne fait pas assez chaud pour se découvrir.

Asher ne rétorqua pas. Ce ne fut que quand elle sourit, qu'il comprit. Elle le taquinait.

— Personnellement, j'ai l'impression d'étouffer. Ce doit être à cause de mes parents.

— Cette excuse est vieille comme le monde, murmura-t-elle, mais assez fort pour que l'on puisse l'entendre.

Vénus dévoila un large sourire. Asher, lui, lâcha un rictus.

— Bon, tu es venue pour une raison particulière ?

— À vrai dire, j'aurais bien voulu t'inviter ce soir manger au restaurant, mais il y a ta famille, ce n'est pas très respectueux. Par conséquent, que dis-tu de demain ?

— Ça ne sera pas non plus possible. Je dois accompagner ma sœur au concert d'Alias Myo demain soir.

— Ah oui ? Je ne savais pas que tu aimais.

— Ce n'est pas le cas. Je n'ai simplement pas trop eu le choix d'accepter.

— Ah, je vois. Au-delà de la musique, il reste très sympathique.

— Tu le connais ? questionna Asher, sans toutefois paraître étonné.

— Bien sûr. Nous avons travaillé ensemble à plusieurs reprises. Nous communiquons régulièrement. D'ailleurs, je sais que ce spectacle va être grandiose. C'est ce qu'il m'a dit.

— Et tu sais où ça se déroulera ?

— Je ne dirai rien.

Soudain, la mère de Asher fit irruption.

— Vénus, vous mangez avec nous ?

Elle lorgna brièvement sur son fils.

— Tu as enlevé ton pull ? Tu as chaud ? De la fièvre ?

— Ne t'inquiète pas, maman. Je vais bien.

— Si tu le dis. Alors, Vénus ? Vous restez ? Cela nous ferait plaisir d'en apprendre encore plus sur vous et...

Elle la pointa, puis Asher et répéta ce mouvement.

— Maman, tu n'en loupes pas une... soupira-t-il.

— N'exagère pas. Et puis, c'est aussi ça le rôle d'une mère.

— Je serai ravie de rejoindre votre table, déclara finalement Vénus.

— Super ! On vous appelle quand ce sera prêt !

La petite dame referma la porte derrière elle. Ou du moins la laissa entre-ouverte. Ainsi, elle pouvait voir ce qu'il se passait dans la chambre.

— Maman !

— Je ne suis plus là ! Je suis partie !

Asher jeta un coup d'œil à Vénus qui en était plus amusée qu'autre chose.

***

— Ce repas était délicieux, complimenta Vénus. J'ai rarement aussi bien mangé.

— Ça nous fait très plaisir de vous l'entendre dire, répondit Cécilia.

Les enfants avaient quitté la table depuis un moment et vaquaient à leurs occupations. Quant aux adultes, ils étaient restés à table et discutaient de tout et de rien. Ce n'est que lorsque Mavuto alla se coucher de lui-même que Dallán regarda l'heure sur sa montre.

— Oh purée ! Je ne pensais pas qu'il était aussi tard ! J'étais si captivé par nos conversations !

Sa femme se pencha afin de lire l'heure à son tour et écarquilla les yeux.

— Lynnette ! Jada ! Suivez l'exemple de votre frère ! On va se coucher tout de suite ! C’est parce que c’est les vacances que l’on peut se permettre de veiller.

Les deux adolescentes ne rouspétèrent pas une seconde et se dirigèrent vers la salle d'eau.

— Bon, Vénus, je ne veux pas vous mettre à la porte, mais nous n'allons pas tarder à nous coucher, nous aussi.

— Ne vous en faîtes pas. J'ai moi aussi un coup de barre tout à coup. Je vais rentrer chez moi.

Elle rassembla ses affaires et s'apprêtait à partir. Soudain, les parents d'Asher l'interpellèrent.

— Laissez notre fils vous raccompagner. Il fait nuit noire maintenant.

— Ah. Eh bien, si ça ne le dérange pas, ce serait avec plaisir.

Le principal concerné n'eut pas réellement son mot à dire que sa mère lui tendit son manteau et que son père lui murmura un « Ne te sens pas obligé de rentrer ce soir. ». Néanmoins, à l’intérieur, il jubilait, mais il ne devait pas montrer une telle émotion face à ses parents.

— Papa...

— Allez, les jeunes ! Ne traînez pas plus longtemps, lança Cécilia. Bonne nuit à vous deux ! Euh bonne nuit Vénus. À bientôt j'espère.

Asher roula des yeux et se saisit de ses clés avant d'ouvrir la porte. Les deux jeunes gens marchaient dans la rue d'un pas lent. Il faisait un peu frais et une brise chatouillait leurs oreilles. Seule la lumière des lampadaires éclairait la nuit. Ils ne croisèrent personne sur leur chemin, hormis quelques voitures avec à bord des personnes ivres qui beuglaient. Vénus et Asher n'avaient pas dit un mot depuis qu'ils avaient quitté l'appartement de ce dernier. De plus, le jeune homme affichait dorénavant un visage inhabituellement fermé. Alors qu'ils n'étaient plus très loin du logement de Vénus, il s'arrêta d'un coup.

— Vénus... J'aurais aimé te dire quelque chose. Ça me tracasse depuis un moment et...

— On ne peut pas parler de ça un peu plus tard, le coupa-t-elle.

— C'est ce que je me dis souvent, mais à un moment, il faut que ça sorte...

— Non, là c'est vraiment parce que l'on est sur un passage piéton, expliqua-t-elle un peu amusée. Si un fou furieux nous fonce dessus, je ne donne pas cher de notre peau.

— Ah, oui. Pardon.

Ils finirent donc leur traversée de la route et Asher reprit.

— C'est à propos de... toi. Et moi. Enfin, nous deux.

— J'avais compris, dit-elle avec un sourire triste, mais je suis fatiguée. Je ne me sens pas capable de tenir ce genre de discussion.

— Je comprends.

Vénus avança tandis qu'Asher se massa la nuque.

— Tu as raison. Ne nous prenons pas la tête avec ça maintenant, murmura-t-il.

Il trottina pour la rejoindre, alors qu'elle se trouvait devant la porte de son immeuble. Une fois ouverte, tous deux montèrent les escaliers. Une fois sur le palier de l'appartement de Vénus, celle-ci lui proposa d'entrer. Asher mit du temps avant de finalement répondre positivement en précisant qu'il dormirait sur le canapé. Il s'y installa aussitôt, tout habillé. Quant à la propriétaire des lieux, elle se coucha donc dans son lit. Ils ne s'échangèrent qu'un petit « Bonne nuit ».

Il faisait alors tout aussi sombre à l'intérieur qu'à l'extérieur et il y avait un silence des plus complets. En réalité, cela aurait été le cas si Asher n’alternait pas entre ronfler et chantonner. Il s'était vite endormi, contrairement à Vénus qui cherchait encore le sommeil. Toutefois, un bruit qui ressemblait ni à un ronflement, ni à un chant se fit entendre. La porte de la chambre s'ouvrit lentement et grinçait et une ombre apparut dans l'encadrement. Vénus s'assit subitement.

— Asher ? C'est toi ? Si c'est bien toi, sache que ce n'est pas drôle du tout !

L'ombre restait immobile.

— Asher ? Si c'est toi, je t'étrangle !

Toujours aucun mouvement. Vénus se décida alors de prendre sa lampe de chevet et de s'en servir comme moyen de défense, mais l'ombre se jeta sur elle.

— AAAAH !

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