Une journée presque normale

6 minutes de lecture

Mon portable est rempli de photos de lui, d’eux et de moi, ailleurs. Je le consulte tel un doudou dans cette dur solitude qui m’enveloppe, voir m’étouffe. Même l’appartement est une prison.

Alex est si loin de moi, j’en suis tomber amoureuse et jalouse de voir les photos de lui sur Instagram. Il est retourné à Paris comme les autres. Moi à Tours, si proche en train, si loin dans notre routine.

Il m’a dit que j’étais sympas, jolie, mystérieuse…Je me suis planté alors lourdement sur lui, j’étais juste une fille pour lui, une de plus dans la case « Bons moments ». On a recouché que trois fois et même Damien, restait cool, après tout, on est adulte, sa surprotection est une blague et…

— Ondeline, je t’ai trouvé deux centres de formations pour la rentrée.

Ma mère, une mère poule envahissante que j’adore. Elle a beau être une avocate en droit pénal des mineurs avec son chignon, tailleur et talons, quand elle ne travaille pas, elle a une tout autre allure.

Cheveux démêlés, en chausson Bob l’Éponge, robe de chambre bleu nuit, il est neuf heure, son premier jour de congé, pas encore son café et déjà, elle me saute dessus sans que je n’ai le temps de lui dire bonjour.

— Bonjour maman, toi, tu as bien dormie non ?

— Ne te moques pas de ta vieille mère, cache ton sourire.

J’allais à peine poser mon tel sur le coussin qu’il vibre, curieuse, je découvre un simple message d’Axel « On se capte ? Trop de chose à te dire ma belle, tu me manques ». Mon cœur bondit, envie de vite répondre mais je le laisse à sa place pour lire les documents tout en captant ce que ma mère me dit :

— Tu sais maman, je veux partir à Paris. Spéos, Paris Photographic Institute avec un Bachelor en 3 ans de Photographie/Vidéo/3D.

Elle me fixe comme si j’avais annoncé devenir plombier. Bien qu’elle m’a toujours dit « Fait ce qu’il te plais », j’ai le sentiment que c’est plus :

— Ondeline, tu n’as jamais fait de photo ! Tu rougies, tu…Bertrand ?! Notre fille à un petit ami !

— Maman…on ne sort pas ensemble…

— Bertrand ?!

Je tente de l’a retenir, elle est déjà partit déranger mon père dans son bureau. Ses cours de coaching n’ont pas encore démarrer, une chance pour elle, un malheur pour moi.

— Tu es sérieux Catherine ?! Notre princesse ?! Elle est où que je l’embrasse de la voir si heureuse !

Avec mes un mètre quatre-vingts, difficile de me cacher sous le plaid ou coussins. Mon père s’est tellement dépêcher pour m’embrasser, que sa chemise blanche s’est défroissée.

— Hâte de le rencontrer ce garçon ! L’important, c’est qu’il te montre du respect, qu’il te rend heureuse et…

— Papa, on ne sort pas ensemble tu sais. Et c’est un copain de Damien.

— Ho, alors ça va ! Ton cousin à de bons amis, bon, mes reines, papa à du travail, au fait, je mange avec Éric puis je dois aller à Villandry, pour un client.

— Alors, file, tu nous embrasseras en partant.

Puis-je souffler ? Non, ma routine ne sera plus la même. Ma mère se masse les mains, me sourit étrangement avant de se rassoir en face de moi. C’est à moi, de la trouver encore plus bizarre, c’est une ados ou quoi ?

— Tu veux le rejoindre à Paris ? J’imagine que tu n’as pas choisi cette école au hasard.

— Bé, je…un peu des deux. En fait, je n’ai rien conclu pour la rentrée, une année sabbatique hors des cursus me ferait du bien. Je ne fais pas rien évidemment, j’irais peut-être faire du bénévolat, travailler un peu en gardant des gosses.

— Il s’appelle ? Son âge ?

Je sers par réflexe mes jambes contre moi avant de me lever d’un bon mal à l’aise. Elle était aussi curieuse pour Matthis que l’était mes anciennes poules qui me servaient de vie sociable illusoire.

— Maman, il faut me laisser prendre mon envol. Je sais que rien ne fût facile pour vous de soutenir le deuil de Matthis, celui qui était mon meilleur frère depuis la maternelle. J’en veux toujours au chauffard. Après, partir à Amsterdam, m’a fait un bien fou. J’ai retrouvé la vie, me suis débarrasser de Zoé et Suzanne, elle ne sont pas de vrais pilier, je l’avais dit à Dami, si elles le voulaient, je serais partit avec elles Bref, je suis majeur, je veux enfin, j’ai décidé déjà de rappeler Axel, oui, Axel, dix-neuf ans. Il désire être photographe pour les mariages, il n’est pas encore inscrit, en attendant, il est bosse dans une petite boutique de quincaillerie avec deux autres amis. Des questions ?

Elle est déstabilisé et je regrette de m’être emportée. Je me penche pour la câliner.

— Pardonne moi ma mamounette, c’est que, je vous aime et je vous remercie de vous avoir près de moi. Mais, deux ans sont passés, je vais bien, très bien. Il n’y a aucun soucis pour que, s’il est ok, il vienne vous voir. En revanche, ne soyez pas déçue si finalement, on ne sort pas en couple, l’important, c’est que mon bonheur soit sincère, Damien a eu une superbe idée.

— Oui, oui. C’est que, ça nous fait tout bizarre, ce changement. Pour ton avenir, pas de problème si tu ne sais pas que faire, prend ton temps, tu restes nourrie et logée enfin, si tu veux vivre à Paris, ton Axel, il a un appart ?

— Il en a un. Allez, prend ton café, tu as besoin de reprendre des forces pour te reposer.

Elle rit après un dernier baiser sur sa joue. Je suis tellement dans les nuages, que je repars depuis ma chambre, dans le salon, récupérer mon tel. Une fois en lieu sûr, je téléphone.

«

Coucou toi.

— Salut toi. Tu voulais me parler ? Tu sais, je vais être honnête avec toi, voilà deux semaines qu’on s’est quitté, tu m’as donné rien comme nouvelle. Alors, j’ai pris peur, je ne suis pas une fille facile moi, on ne se débarrasse pas de moi, petit caneton.

Son rire est si communicatif.

— Tu as une bonne excuse au moins ?

— Je n’ai couché avec personne Madame l’agente ! Et puis, je n’ai pas repris le travail, c’est lundi prochain, aucun grands-parents morts deux fois et je ne me suis pas occupé de ton cousin en babysitting. La bonne excuse ? Je n’ai jamais cessé de penser à toi sauf que je n’ai jamais su comment rappeler une belle nana. On a passé de bons moments et j’ai envie de savoir si notre futur sera en commun ou on restera de bons amis. Deux semaines oui, c’est long mais je suis un garçon timide, un bon petit caneton qui cherche maintenant, à se coller dans les plumes brunes de sa caille.

Il va me faire fondre lui ! Matthis avait moins cette finesse, après, je m’en fichais, l’important c’était les actes. Mais là, je cherche la tendresse, les mots doux, le romantisme cliché…

— Sans le faire exprès, j’ai parlé de toi, Enfin, juste que tu étais un ami de Damien, ton envie de devenir photographe et ton âge. J’ai rajouté aussi ta boutique de bricolage et que tu avais un appart. Ho ! J’ai finalement terminé que je voulais te rejoindre, faire ma vie enfin. Vivre, rire, chuter et recommencer !

Son sourire se repère à des kilomètres !

— Quand tu viens me voir ?

— Dès le premier train, demain si tu veux !

— Alors, dès que tu as un billet, écris-moi. On se rappelle ? Je vais faire quelques courses.

— Tu parles, tu vas prendre une rose, du bon vin, des bougies, une pizza et le plus important, les préservatifs ?

— Tu verras bien. Bonne journée ma beauté »

Il a quitté, je n’ai pas su quoi répondre d’autre. J’ouvre mon ordi pour réservé avant de réfléchir comment occuper ma journée. Ma mère me propose les boutiques, j’accepte.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire La passeuse d'histoires ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0